Paiement mobile: Nicolas Levi livre les ambitions d'Inwi Money (Entretien)

Sara El Hanafi | Le 1/2/2020 à 16:07

Inwi Money affiche des ambitions allant du transfert à l'international jusqu'à la distribution de microcrédits. Nicolas Levi, patron de la filiale de l'opérateur télécom spécialisée dans le paiement mobile, se targue de la longueur d'avance prise par l'entreprise sur le marché du paiement mobile et livre ses perspectives.

Cela fait plus de quatre mois qu'Inwi s'est officiellement lancée dans l'aventure du paiement mobile, à travers Inwi Money. A l'aube du lancement de sa solution auprès du large réseau d'hypermarchés et de supermarchés Marjane, ce qui boostera indéniablement les paiements via wallets, Nicolas Levi, le CEO d'Inwi Money, nous livre les réalisations et les perspectives très prometteuses de la boîte qu'il gère.

- LeBoursier: Quatre mois après son lancement, que pèse Inwi Money aujourd'hui?

Nicolas Levi: Inwi Money, c'est aujourd'hui 140.000 wallets, sur un total de 380.000 wallets créés dans l'ensemble du pays selon les dernières données livrées par le Wali de Bank Al-Maghrib, et qui représente le seul chiffre véritablement connu sur le sujet.

Je peux donc dire que nous avons capté une bonne part de marché, bien que ce marché demeure encore difficilement mesurable en l'absence de publications officielles. Mais nous pouvons prétendre à être au moins un des deux plus grands acteurs du paiement mobile sur ces quatre derniers mois.

Pour les comptes de paiement sur lesquels sont adossés nos wallets, nous sommes approximativement sur une répartition de 70-30% respectivement entre les comptes de paiement de type 1 (plafonnés à 200 dirhams), et les comptes de paiement de type 2 (plafonnés à 5.000 dirhams).

Cela étant, nous avons constaté que plusieurs clients reviennent après en boutique pour passer du compte de type 1 au compte de type 2, parce qu'ils sont plus intéressés par les usages offerts et préfèrent donc avoir plus d'argent dans leurs wallets pour effectuer diverses opérations. La ventilation des types de comptes de paiement va donc changer au fur et à mesure que nous allons rajouter des usages.

Les comptes de paiement de type 3 sont plus minoritaires. Avec un plafond de 20.000 dirhams, je pense que leur utilisation sera plus prisée pour les grands transferts et surtout les transferts internationaux. Mais pour cela il faudra lancer des offres adaptées et élargir le réseau de distribution.

- Quelle est la répartition géographique des clients d'Inwi Money?

Il faut dire que nous avons été très surpris, car nous pensions que les clients seraient concentrés dans les zones urbaines. C'est le cas en grande partie mais la solution est quand même très inclusive car elle compte des clients de plus de 500 localités au Maroc, depuis l'extrême Nord jusqu'à l'extrême Sud.

Nous avons vu cela surtout sur les transferts avec des émetteurs plutôt urbains mais des receveurs plutôt ruraux. La logique d'inclusion derrière la solution de paiement mobile fonctionne donc finalement bien.

- Vous avez annoncé un volume de transactions de 7 millions de dirhams. Que représentent ces transactions exactement?

Par ordre d’usage, c’est d’abord du paiement de factures, et notamment des factures téléphoniques ou internet d'Inwi. Ensuite c'est de la recharge téléphonique, qui s’approche du paiement de factures.

Le deuxième gros usage est le transfert et le troisième est le paiement marchand, qui reste limité pour le moment. Ces paiements ont lieu durant des événements en interne ou même externes organisés par Inwi, mais aussi dans des cantines d'entreprises.

Le paiement marchand a été donc limité à des opérations ponctuelles, mais nous avons déjà constaté que ça marche très bien. Maintenant avec le passage à une plus grande envergure du paiement marchand grâce au partenariat conclu avec le réseau des magasins Marjane, nous espérons multiplier largement les usages de paiement marchand.

- Où en est justement ce partenariat?

D'ici la fin de la semaine prochaine, ce sont tous les magasins Marjane et Marjane Market dans toutes les villes du Maroc qui pourront accepter le paiement mobile.

Nous avons fait un test dans un magasin à Mohammedia pendant un certain temps afin d'étudier comment les clients appréhendaient la solution, comment les caissiers l’utilisaient ... pour roder un peu le système.  

Il faut aussi dire qu'au début le paiement mobile ne sera pas disponible sur toutes les caisses des magasins dès le départ mais uniquement sur deux caisses par magasin.

- Comment se fera justement ce paiement? Est-ce que les caisses concernées seront dotées de terminaux?

Le paiement se fera principalement à travers le scan d'un QR Code. Donc le client choisit l'option du paiement marchand sur son application, il renseigne le montant à payer et procède au scan du QR Code affiché auprès des caisses.

Exemple de commerce acceptant le paiement mobile via wallet d'Inwi Money, dans une cantine au siège de la compagnie.

Les clients ne disposant pas de smartphones pourront renseigner le numéro de téléphone affiché auprès du QR Code.

- Quid de l'interopérabilité ? Votre wallet est-il à présent interopérable avec les wallets d'autres opérateurs?

Aujourd'hui nous sommes encore en phase de tests sur ce volet là, nous vérifions que nous remplissons toutes les exigences techniques. Dans quelques semaines nous serons interopérables.

Il faut savoir toutefois qu'il n'y a pas encore assez de wallets interopérables sur le marché. Cela étant, l'interopérabilité est une demande et un besoin auquel l'ensemble des opérateurs devrait répondre de façon imminente. 

- Après Marjane, comptez-vous élargir prochainement le paiement marchand à d'autres grands et petits commerçants?

Je ne citerai pas de noms, mais nous sommes actuellement en discussions avec de nombreuses grandes enseignes de commerce. Nous sommes également en discussions avec de petits commerçants, mais ce volet là est plutôt du ressort de nos distributeurs et nos agents qui sont sur le terrain et qui vont donc à la rencontre de cette cible.

Ces petits commerçants sont toutefois assez réticents et il faut les rassurer sur plusieurs aspects; surtout qu'il y a une complexité particulière au niveau des éléments demandés par la Banque Centrale pour pouvoir enrôler ces marchands à n'importe quelle solution de paiement mobile; à savoir une pièce d'identité, la patente et aussi le relevé fiscal... une pièce que bon nombre de commerçants ne donnent pas facilement.

Mais il faut dire que l'appétence des commerçants pour la solution se cultivera surtout grâce aux exigences du client final, qui exigera justement de payer par le mobile chez les petits commerces tout comme il le fait chez Marjane ou à l'étranger. Il faudra donc expliquer aux petits commerces que le paiement mobile va améliorer leur business.

- Pensez-vous donc que Bank Al-Maghrib doit alléger ses exigences en termes de recrutement des commerçants?

A mon avis, oui bien sûr. Mais Bank Al-Maghrib est maîtresse de ses décisions et des règlements qu'elle impose ; et je pense qu'il ne faut pas faire du n'importe quoi non plus afin de garder des données fiables sur le réseau des commerçants recrutés. Peut-être qu'il faudra se contenter des pièces d'identité et du numéro de patente uniquement pour que les commerçants ne craignent pas la traçabilité.

- Quelles sont donc les prochaines étapes pour Inwi Money?

Il y en a plusieurs. Tout d'abord, nous voulons élargir le paiement de factures via wallet à tous les fournisseurs de services, et cela se fera dans les semaines qui viennent.

Nous étudions également la possibiltié des transferts à l'international, l'extension du réseau de distribution, la possibilité de recharger le wallet par des cartes ou via des comptes bancaires... qui sont des activités assez classiques du paiement mobile, et qui sont véritablement génératrices de flux.

Après il y a d'autres aspirations plus long-termistes que l'on pourra mettre en œuvre lorsqu'on aura une base de clientèle suffisante. Nous pensons justement à nouer des partenariats avec des établissements de crédits pour jouer le rôle de distributeur de leurs microcrédits, d'autant plus que le paiement mobile supprimera les coûts de distribution.

>> Lire aussi: Tout savoir sur le paiement mobile au Maroc

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