Les grandes entreprises sont les moins impactées par les décisions de politique monétaire (Etude)

| Le 11/12/2019 à 15:24

Bank Al-Maghrib a publié un document de travail analysant la structure de financement des entreprises non financières au Maroc. Les auteurs de ce travail d’investigation ont également examiné l’impact des décisions de politique monétaire sur l’endettement des entreprises selon plusieurs variables. Voici les principales conclusions de cette étude.

Bank Al-Maghrib a publié un document de travail traitant le sujet de ‘’la transmission de la politique monétaire vers l’endettement des entreprises non financières au Maroc’’, réalisé par deux membres du département de la Recherche au sein de Bank Al-Maghrib et un membre du département de la Recherche économique à Narodowy Bank Polski.

Ce travail de recherche essaie d’apporter des éclairages aux interrogations suivantes :

- Les décisions de politique monétaire impactent-elles la structure de financement des entreprises non financières marocaines ?

- Est-ce que les spécificités des entreprises influencent la transmission de la politique monétaire ?

- Existe-il une substituabilité entre les prêts bancaires et les crédits commerciaux ?

Ci-après les principales conclusions tirées de cette étude :

> L’existence du canal bilan des entreprises

L’analyse montre que les décisions de politique monétaire impactent l’endettement financier des entreprises non financières : une hausse de 100 points de base (pbs) du taux interbancaire engendrerait probablement une baisse du ratio de la dette financière de l’ordre de 0.04 point de pourcentage. 

Par taille, l’impact de cette hausse est relativement plus important pour les PME et TPE comparativement aux grandes entreprises. Plus précisément, les ratios d’endettement financier des PME et TPE accuseraient des baisses respectives de l’ordre de 0.14 et 0.06 point de pourcentage suite à une hausse de 100 pbs du taux interbancaire. 

Aussi, il semblerait que les GE sont moins impactées par l’évolution des taux d’intérêt comparativement aux petites et moyennes entreprises.

> Les actions d’assouplissement des conditions de crédit sembleraient avoir consolidé l’accès des PME au financement bancaire

Le taux d’endettement des PME est resté plus ou moins stable en raison notamment de la politique monétaire accommodante adoptée par Bank Al-Maghrib durant la période étudiée (2010-2016). 

D’autres instruments d’intervention ont vraisemblablement contribué à l’amélioration des conditions d’octroi des crédits, tels que : l’élargissement du collatéral, la mise en place du fonds de soutien financier aux TPME, le mécanisme d’intervention en faveur de la TPME et l’amélioration du dispositif informationnel du secteur bancaire.

> Le comportement d’endettement est hétérogène en fonction des caractéristiques individuelles des entreprises

Le choix des différents modes de financement des entreprises (financement interne ou externe sous ses trois formes de crédit bancaire, crédit commercial et dette auprès des associés), dépend de plusieurs variables, à savoir : la taille, le collatéral, le profit et l’âge. 

- La taille : une hausse de 100 points de base de la taille des GE, mesurée par le chiffre d’affaires, entrainerait une augmentation du ratio d’endettement financier de l’ordre de 5.4 point de pourcentage, soit une hausse relativement plus importante comparativement aux PME (2.4 point de pourcentage).

- Le collatéral : Les TPE font généralement l’objet d’une grande asymétrie d’information en raison de l’opacité et de la qualité de leur bilan. Pour atténuer ce problème, ils ont besoin de détenir plus de garanties afin d’accéder au financement bancaire. 

En revanche, les estimations montrent que l’endettement des GE ne dépend pas forcément de la valeur du collatéral qu’elles détiennent dans leur bilan. Ce résultat indique que les GE bénéficient déjà d’une réputation reconnue et de relations plus étroites « lending relationship » avec le secteur bancaire. 

- Le profit : La dette financière des GE et des PME n’est pas positivement corrélée avec le profit. Les GE et les PME qui génèrent des profits plus élevés ont tendance à recourir moins à l’endettement financier. 

- L’âge : l’âge des entreprises est inversement corrélé avec l’endettement. Les PME et les TPE qui ont plusieurs années d’existence ont généralement moins accès au financement externe par rapport aux entreprises juniors. 

« Intuitivement, l'effet de l'âge sur l’endettement devrait être positif, vu que cet indicateur peut renseigner sur la réputation et le degré de maturité de l’entreprise. Néanmoins, nos résultats suggèrent une histoire différente », notent les chercheurs.

> L’endettement et le cycle économique

Le ratio d’endettement des PME est positivement corrélé avec le taux de croissance du PIB. En revanche, ce ratio ne semble pas être affecté par la position du cycle économique pour les GE et TPE.

> La réaction des entreprises aux décisions de politique monétaire est hétérogène en fonction du collatéral, du profit et de la taille

Les résultats montrent que suite à une politique monétaire restrictive, les entreprises les mieux collatéralisées réduisent moins leurs ratios d’endettement. 

De plus, les entreprises ayant généré plus de profit sont moins sensibles à une hausse des taux d’intérêt. En outre, la taille est un facteur d’interaction avec la politique monétaire pour les PME et les TPE. Plus la taille de ces entreprises augmente, moins elles sont affectées par une hausse du taux d’intérêt.

> Substituabilité entre les crédits bancaires et les crédits commerciaux

Les résultats montrent que les PME et les TPE tendent à substituer l’endettement bancaire par le crédit commercial et la dette auprès des associés, suite à une hausse du taux d’intérêt.

Bank Al-Maghrib note que les opinions exprimées dans ce document de travail sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement sa position. Ce travail est publié afin de susciter les débats et d’appeler commentaires et critiques.
 

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