Laghchiwat. Exploration d’un site historique méconnu aux confins du désert

C’est en plein cœur du Sud du Maroc, et en plein air, que l’on peut admirer ce spectacle grandiose sur le site exceptionnel de Laghchiwat : des gravures rupestres d’une importance majeure aux dires des chercheurs eux-mêmes, qui intriguent aux premiers abords avant de nous plonger dans la grande Histoire, celle de l’Humanité, à travers les petites histoires illustrées graphiquement, sur le sol et le marbre gris-bleu.

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Laghchiwat. Exploration d’un site historique méconnu aux confins du désert

Le 15 juin 2024 à 10h47

Modifié 15 juin 2024 à 7h49

C’est en plein cœur du Sud du Maroc, et en plein air, que l’on peut admirer ce spectacle grandiose sur le site exceptionnel de Laghchiwat : des gravures rupestres d’une importance majeure aux dires des chercheurs eux-mêmes, qui intriguent aux premiers abords avant de nous plonger dans la grande Histoire, celle de l’Humanité, à travers les petites histoires illustrées graphiquement, sur le sol et le marbre gris-bleu.

À 125 km au Sud-Ouest de la ville de Smara, dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, sur un territoire long de 14 km de long sur 4 km de large. Un véritable musée à ciel ouvert : le site Laghchiwat. À même le sol, au milieu de l’immensité désertique. Vu du ciel, c’est une belle mosaïque, une sorte de constellation de points bleus sur fond ocre qui illumine les yeux. Parfois, le bleu vire au gris selon l’heure de la journée et l’intensité de la lumière du jour. D’ailleurs, même vu du sol, et pour mieux apprécier à l’œil nu les traces graphiques incrustées, il est conseillé de s’y prendre en début de matinée ou en fin de journée, avant le coucher du soleil quand la lumière du soleil, encore douce et hésitante, rase le sol.

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Gravé dans le marbre

Quand on y regarde de plus près, on peut d’abord admirer les différentes représentations de la faune sauvage, des animaux qu’on a l’habitude de voir dans la savane africaine, comme des rhinocéros, des autruches, des éléphants et des girafes… et des hippopotames, faisant de ce site archéologique le seul au Maroc à comporter des gravures de cet imposant mammifère semi-aquatique. Ce qui renseigne d’ailleurs sur les conditions climatiques et environnementales plus clémentes et hospitalières qui prévalaient à cette époque antérieure au Néolithique, c’est-à-dire il y a plus de 10.000 ans.

Apparaissent ensuite des illustrations d’animaux domestiques, comme des bovins par exemple, laissant entrevoir le passage du nomadisme à la sédentarisation de la présence humaine sur ce territoire. En plus de cette grande diversité du bestiaire illustré, on peut aisément apprécier toutes les gravures rupestres représentant des hommes, ou plus exactement des cavaliers munis de boucliers et arborant des lances ou des javelots dans ce qui semble être des scènes de combat.

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Puis vient un ensemble de représentations graphiques, certaines anthropomorphes, d’autres des symboles inédits non encore déchiffrés, mais également des inscriptions Amazigh et des gravures tifinaghs, et même en arabe, prolongeant la chronologie millénaire de ce site archéologique qui n’a pas encore révélé tous ses secrets.

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C’est cette grande diversité des sujets illustrés et la variété du bestiaire représenté dans le marbre de Laghchiwat qui fait l’originalité de ce site hors norme. Et ce n’est pas sa seule particularité. Toutes ces gravures ont été réalisées, contrairement à ce qui a été découvert dans d’autres sites d’art rupestre au Maroc, sur des dalles horizontales, en marbre. Autre spécificité : dès les premières recherches sur ce site, plus d’un millier de gravures ont été répertoriées, en plus de tous les objets et pièces archéologiques trouvés à même le sol, comme des outils en silex ou des tumulus.

Reconnaissance archéologique et valorisation touristique

Le site a été découvert par l’association Mirane pour la protection des sites archéologiques de Smara en 2009. Alertée par des actions de pillage et de destruction, elle a lancé une visite du site qui a débouché sur cette merveilleuse trouvaille de gravures illustrant des représentations humaines et animales.

L’annonce officielle de cette découverte en 2010 a donné le coup d’envoi d’un long et salutaire travail de conservation pour préserver ce site d’intérêt scientifique, à fort potentiel touristique, contre les risques de pillage et de destruction, mais également d’érosion naturelle.

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Cette prise en charge a permis d’organiser en amont l’attrait touristique pour ce site dont les gravures ne sont pas protégées par les parois d’une grotte, mais étalées au sol, en plein air, ce qui en augmente la fragilité. Un travail de préservation qui s’est prolongé vers la valorisation scientifique de cette richesse certes archéologique, mais dont la valeur est aussi culturelle, historique, patrimoniale, écologique et même sociale, puisqu’elle s’intègre à une dynamique plus globale de développement local. C’est d’ailleurs en vertu d’une convention signée entre l’association Mirane et le département de la Culture, en partenariat avec la province de Smara, qu’un tel chantier de protection archéologique a pu être lancée. Depuis, plusieurs missions de recherche, mêlant chercheurs, archéologues, géologues, topographes et paléoanthropologues, marocains, africains et étrangers, se succèdent régulièrement pour révéler tous les mystères encore non élucidés du site de Laghchiwat, à ce jour le plus grand site de gravures rupestres du Maroc.

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La découverte de ce site exceptionnel, puis tout le travail de conservation qui a suivi, ont permis de valoriser, au fil des ans, les richesses naturelles et culturelles de Laghchiwat, semant les bases d’un éco-tourisme prometteur, dont les prémices ont d’abord été l’inscription du site au registre du patrimoine national, le partenariat scellé ensuite avec la société civile locale pour la protection archéologique du site de Laghchiwat et, enfin, la création plus tard d’une réserve pour relancer l’intégration d’espèces sauvages sur ce territoire. Autant de réalisations qui ont posé les bases d’un tourisme alternatif à fort potentiel patrimoniale et historique.

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