Fatima Ezzahra El Mansouri : “Ma lecture de l’action gouvernementale à mi-mandat” (Première partie)

Dans cette première partie de l'interview accordée à Médias24 à l'occasion du mi-mandat du gouvernement, et donc de sa mission de ministre et de maire de Marrakech, Fatima Zahra El Mansouri revient sur les réalisations de l'exécutif, sur la contribution de son parti et sur les chantiers à mener avant les élections de 2026, où le PAM espère arriver en tête pour diriger le futur gouvernement.

Fatima Ezzahra El Mansouri : “Ma lecture de l’action gouvernementale à mi-mandat” (Première partie)

Le 21 mai 2024 à 16h50

Modifié 21 mai 2024 à 18h14

Dans cette première partie de l'interview accordée à Médias24 à l'occasion du mi-mandat du gouvernement, et donc de sa mission de ministre et de maire de Marrakech, Fatima Zahra El Mansouri revient sur les réalisations de l'exécutif, sur la contribution de son parti et sur les chantiers à mener avant les élections de 2026, où le PAM espère arriver en tête pour diriger le futur gouvernement.

Ministre et maire depuis plus de 30 mois. Outre ces deux casquettes, Fatima Zahra El Mansouri en assume une troisième : celle de cheffe de parti. Trois missions et pas des moindres.

Comment se passent ses journées et comment arrive-t-elle à concilier ses différents mandats ? C'est l'une des premières questions qu'on lui a posées ce lundi 20 mai lors de notre entretien, avant de parler bilan et réalisations. "La tâche n'est pas simple, car il s’agit de deux fonctions qui nécessitent un engagement à plein temps. Mais on y arrive avec beaucoup de passion et de détermination", nous répond-elle.

"Quand je suis à Rabat, je fais une mise au point avec mes équipes de la mairie tôt le matin et en fin de journée", explique la ministre. "De la même manière, quand je suis à Marrakech, je fais la même chose avec le ministère. Le reste du temps, j'essaie de m'acquitter de mes fonctions partisanes qui se font généralement le soir et le week-end", poursuit-elle.

Ce qui l'aide, c'est que très jeune, elle s'est toujours levée à 5 heures du matin. "Cette discipline m'aide énormément, parce qu'une bonne partie de ma réflexion, de mon travail, se fait entre 5 et 8 heures du matin. Par contre, comme il faut tenir le coup physiquement, je me couche très tôt", confie-t-elle.

Même si ses fonctions sont souvent incompatibles avec l'exercice politique qui se fait le soir, elle maintient le rythme et concilie ses différentes responsabilités. Pour Fatima Zahra El Mansouri, il est plus facile de concilier sa mission entre le ministère de l'habitat et la mairie qu'avec un autre département, car il ya une forte connexion avec la gestion des territoires et de la ville.

 

Les premiers mois de son mandat, elle les a consacrés à la définition de sa feuille de route. "C'est là où l'exercice a été le plus difficile", confie-t-elle. Le conseil de la ville a adopté son plan d'action communal (PAC) en l'espace d'une année, dans les délais réglementaires. Idem au niveau du ministère, où un dialogue concerté avec les professionnels, la société civile et les services extérieurs a été mis en place en vue de définir la feuille de route ministérielle. "Nous sommes arrivés aujourd'hui à la phase de mise en œuvre et de déclinaison de plusieurs projets d'envergure".

Les feuilles de routes définies, où en est leur exécution ? Mais au-delà, quelle est son appréciation du travail gouvernemental ? De la coalition de la majorité ? Quid de la problématique de l'emploi, du chômage... ? Entretien.

- Après deux ans et demi de mandat, quelle est votre appréciation de l’action de la coalition dont le PAM fait partie?

- Très sincèrement, je considère que c’est un bilan satisfaisant.

Certes, il est encore perfectible mais je ne pense pas qu'il y ait un gouvernement au monde qui puisse se targuer d'avoir un bilan parfait.

Et si ce n'est pas le cas, c’est pour la simple raison que les attentes de nos citoyens sont nombreuses.

Je me dois de rappeler que les conjonctures complexes et oppressantes des guerres et de la période post-Covid ont impacté toutes les économies de la planète, et il n'y a donc pas de raison que le Maroc échappe aux conséquences de ces événements indépendants de notre volonté.

Cela dit, nous nous en sortons plutôt bien grâce à l’unité qui caractérise notre coalition.

Cela s’explique par la cohérence, le respect et l’harmonie dans la prise de décision entre nos trois partis sous la présidence de Aziz Akhannouch, qui a toujours su accorder l'espace qu'il fallait à la discussion, la réflexion et à la prise de décision.

Cet équilibre et cette bonne entente contribuent énormément à notre bilan, et le fait d'avoir une stabilité politique au sein de notre gouvernement permet de déclencher des dynamiques importantes dont on peut aujourd'hui attester le succès par des chiffres.

Nous avions annoncé une amélioration de la croissance, et si nous n'avons pas encore atteint l'objectif prévu, c’est pour la bonne raison que nous ne sommes pas encore arrivés à la fin du mandat.

Nous sommes cependant parvenus à un taux de croissance de 3,2% contre -7% en 2020.

- Un taux négatif qui s’expliquait par la pandémie et la paralysie de l’économie mondiale ?

- C'est vrai que c'était une conjoncture particulière, mais quand on compare la moyenne de croissance actuelle, il est indéniable que la dynamique de la relance est là.

Pour ce qui est du déficit budgétaire, nous avions fixé comme objectif 3% en 2026, et nous sommes arrivés à 4,4% en comparaison à l'année précédente, où nous étions à 5,5%.

De plus, nous sommes en train d’installer un État social pour respecter  la volonté royale qui est partagée par nos trois partis, en développant les infrastructures nécessaires pour y arriver rapidement.

Si le Maroc a réussi à faire aboutir un grand nombre de chantiers, une approche sociale pour renforcer l'humain s'imposait, afin de le stabiliser et lui offrir des opportunités et des leviers économiques pour pouvoir s'intégrer dans notre société.

Quand on sait que 3,5 millions de ménages bénéficient aujourd'hui d'une subvention sociale directe, c'est l'équivalent de presque 12 millions de Marocains concernés.

De plus, 22 millions de Marocains bénéficient de l'AMO et d'une couverture sociale, les ressources humaines ont été revalorisées avec une augmentation des salaires, 16.500 nouveaux postes ont été créés au ministère de la Santé, et un effort important a été consenti en termes d’infrastructures avec la création de plusieurs dispensaires de proximité qui ont permis une nette amélioration des prestations médicales.

Mais nous ne sommes qu'au début du processus, car quand vous déclenchez une action politique et que vous exprimez une volonté politique forte de construire un Etat social, il y a le moment de la mise en place et celui du bénéfice qui n'est pas immédiat.

Alors oui, aujourd'hui nous sommes conscients que les Marocains qui vont à l'hôpital ne bénéficient pas encore de 100% des services auxquels ils doivent avoir droit, mais la dynamique est enclenchée.

Les moyens réservés à cet effet par notre gouvernement ont augmenté de plus de 35% par rapport à l'ancien gouvernement.

- Certains analystes estiment que la lutte contre le chômage est un échec…

- Nous sommes conscients du fait que les chiffres actuels du chômage ne sont pas rassurants, mais il ne faut pas les analyser par rapport à un pourcentage ou à une évolution d'une année sur l'autre, mais plutôt en termes de création de postes ou d'absence de création d'emplois.

L'emploi dans le secteur non agricole a en effet augmenté, avec un chiffre record de 621.000 emplois, alors que les emplois perdus le sont essentiellement dans le secteur agricole à cause de la sécheresse.

- Des centaines de milliers d’emplois ont été détruits dans la ruralité…

- Oui, malheureusement, mais je me dois de préciser que la sécheresse est un phénomène qui est aujourd'hui universel.

C’est la raison pour laquelle le ministre de l'Agriculture et le chef du gouvernement réfléchissent à une nouvelle approche du monde agricole.

Du côté du ministère de l'Aménagement du territoire, nous menons une réflexion sur les territoires pour pouvoir créer de nouvelles dynamiques d'emplois et offrir de nouvelles opportunités au monde rural.

L'idée étant de trouver des solutions pour ne pas vider nos campagnes et voir l’exode rural se poursuivre.

Pour garder ces populations là où elles ont toujours vécu et où elles rêvent de faire grandir leurs enfants, il faut leur offrir des alternatives et des opportunités comme l'industrie agroalimentaire qui se met en place ; créer des opportunités dans les territoires agricoles en développant des pôles et des centres émergents pour qu'il y ait une attractivité économique qui puisse créer de l'emploi dans le monde rural.

Sur la deuxième partie de notre mandat, il faudra parvenir à un consensus entre les trois partis pour trouver des solutions concrètes.

Ainsi, dès le début de notre mandat, nous avons adopté une Charte de l'investissement qui est entrée en vigueur et contribue énormément à l'attractivité des investisseurs étrangers ou marocains.

On en a fait un challenge et, croyez-moi, il a été compliqué de créer un consensus autour de cette charte qui implique plusieurs départements dont chacun a sa propre vision des choses.

Une convergence était par conséquent nécessaire et, aujourd’hui, le gouvernement a relevé ce défi qui génère des milliards de dirhams d’investissements.

- Vous vous félicitez d’un taux de croissance de 3,2% qui n’est cependant pas suffisant pour faire décoller le pays, alors que d'autres pays africains arrivent à 7%. 

- Le Maroc est quand même à un stade assez avancé de son développement, alors que des pays européens sont sur des taux de croissance de 1% à 2%.

Si je préfère ne pas nous comparer à ces pays, cela ne veut pas dire que le Maroc ne peut pas atteindre un taux de croissance de 6% ou 7%.

Il finira par les atteindre et, sans vouloir me cacher derrière la conjoncture internationale, je pense qu'avec tout ce qui a été mis en place dans ce gouvernement, si nous n'avions pas subi les effets du Covid ainsi que les effets de la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui a eu un impact lourd, nous y serions déjà arrivés.

Pour vous donner un exemple, le secteur dont j'ai la charge a subi un impact terrible de l'inflation sur les intrants.

Une inflation qu'on n'avait pas connue depuis des décennies, et qu’il a fallu gérer sans lâcher les Marocains sur leur pouvoir d'achat.

Tout cela pour dire qu’il y avait nos promesses, mais qu’il y avait aussi des aléas conjoncturels qu'on ne pouvait pas anticiper qui ont nécessité des dépenses supplémentaires comme sur le transport.

En effet, avec la flambée des prix des carburants, l’Etat a déboursé 8 milliards de DH.

De plus, pour minimiser l'impact des dépenses d'électricité sur le pouvoir d'achat de nos concitoyens, 20 milliards de DH ont été injectés.

Lors de la première année de notre mandat, nous avons dépensé 40 milliards de DH pour la compensation, alors qu’aujourd'hui nous sommes redescendus à 16 milliards de DH grâce à notre politique de lutte contre l’inflation.

C'est le résultat d'une politique macroéconomique portée par une volonté du gouvernement.

S'il n'y avait pas cette cohérence et volonté politique de déclencher de nouvelles dynamiques économiques et sociales, il faut se poser la question de savoir si avec un autre gouvernement, on aurait pu relever les défis comme nous les relevons aujourd'hui.

De plus, nous n’avons pas rompu le dialogue social, qui était en dormance, alors que les partenaires sociaux sont essentiels pour le bon fonctionnement d'un Etat.

Nous avons eu le courage dans la conjoncture actuelle de maintenir ce dialogue et d'oser revaloriser le SMIC et le SMAG.

Sans compter les fonctionnaires qui n'avaient pas été augmentés depuis longtemps, et la bonne gestion de la crise de l'Education.

Nous sommes ouverts à la critique constructive, car nous savons que notre bilan n'est pas parfait.

Il ne le sera pas parce qu'un bilan d'un gouvernement ne cesse d’évoluer par rapport aux attentes légitimes des citoyennes et des citoyens.

- Le chef du gouvernement avait promis un million d'emplois supplémentaires au terme de son mandat en 2026 ; cette promesse est-elle toujours d’actualité alors que des centaines de milliers d'emplois ont été détruits dans le monde rural ?

- Cela n'engage que moi, mais je suis très optimiste car le programme de l'aide au logement peut créer de nombreux emplois.

Quand j'ai été nommée à la tête du ministère, le secteur immobilier était fragile et essoufflé vu qu'il subissait la fin d'un programme social depuis décembre 2020.

Le marché de l'immobilier nécessite en effet de la confiance, car il faut que les promoteurs et les potentiels acquéreurs sentent que l'Etat est engagé.

Or ce n’était pas le cas puisque le gouvernement précédent n'était plus engagé depuis décembre 2020.

 - Pour quelle raison ?

- Car l’ancien programme social arrivait à terme, et s'il a généré un impact positif en réduisant le déficit en logement, il y a eu ensuite deux années où il n'y avait plus la visibilité dont les promoteurs immobiliers avaient besoin.

La conjoncture a impacté les intrants avec une flambée des prix, qui a fait que le secteur a commencé à perdre de l'emploi avec une baisse importante des mises en chantier.

Six mois après le lancement de notre programme d’aide directe au logement, la tendance s'est complètement inversée, avec une augmentation de la production du ciment de plus de 21% par rapport à l'année dernière.

Les crédits habitat ont également cru de 1,4%, et les crédits bancaires accordés aux promoteurs immobiliers sont en hausse de plus de 4,4%.

Idem pour les mises en chantier qui ont augmenté de 52% par rapport à 2023.

Tout cela va créer de l'investissement et de l'emploi ; ce qui, en plus d'avoir un impact social positif, permettra de réduire notre déficit et de générer une relance économique.

Sachant que le bâtiment emploie plus de 1,2 million de personnes, j'ai bon espoir que nous allons bientôt commencer à voir les premiers impacts.

Nous sommes conscient de la difficulté des challenges, d'autant plus que si nous avons une autre année de sécheresse, les choses seront compliquées.

Mais je pense qu'on ne peut juger réellement un gouvernement sur ses engagements de départ qu'à la fin de son mandat.

Il nous reste donc encore deux ans et demi.

- La lutte contre le chômage semble pourtant mal engagée...

- Si nous prenons les chiffres sans tenir compte du contexte conjoncturel, oui.

Mais on ne peut pas interpréter un chiffre sans tenir compte du contexte, sinon cela n'a pas de sens.

- Et si les aléas climatiques devaient se poursuivre jusqu'en 2026 ?

- Des solutions existent.

Ainsi grâce à la volonté de Sa Majesté, le gouvernement a réussi à dégager une aide de 20 milliards de DH pour les agriculteurs que nous n’abandonnerons pas à leur sort.

Si le monde agricole continue à souffrir des aléas climatiques, le gouvernement prendra ses responsabilités en accompagnant davantage les agriculteurs.

Que ce soit pour le Maroc, ou le monde entier qui est soumis au réchauffement climatique, la réflexion prioritaire est au monde rural.

- Donc la solution consiste à creuser l'endettement public ?

- Si un jour, je devenais ministre de l'Agriculture, je pourrais répondre, mais aujourd’hui nous avons un ministre qui fait un excellent travail et un chef du gouvernement qui est très concerné par ce département pour l’avoir dirigé pendant des années.

Nous ne sommes pas dans l'expectative ou dans l’improvisation, car nous travaillons également avec le ministère de l'Equipement et de l'eau qui fait un travail formidable pour trouver des solutions au stress hydrique, grâce à la multiplication des centrales de dessalement qui vont permettre de rattraper le retard injustifié au regard des besoins actuels et à venir.

- Quid du stress hydrique dans votre ville qui est la locomotive touristique du Maroc ?

- Dieu merci, le ministre en charge de ce lourd secteur m'a rassurée par rapport à cette année, mais une ville touristique comme Marrakech ne peut pas se contenter d’être rassurée à court terme.

Ensuite, il y a OCP qui lance son projet de dessalement, et nous aurons, dans les années à venir, des solutions comme la future autoroute de l'eau qui va impacter positivement le monde agricole.

Au-delà du tourisme, on ne peut pas imaginer qu'il n'y ait plus de fruits et légumes sur les étalages marocains.

Sachant que notre politique agricole n'a pas démarré avec ce gouvernement ni avec le précédent, je pense qu'il y a plutôt de l'espoir que du pessimisme.

- Vous excluez toute coupure d'eau à Marrakech dans l'immédiat ?

- Je ne pense pas qu'on arrivera à cette extrémité.

Marrakech gère au mieux l'irrigation de ses espaces verts, et nous avons lancé il y a un mois une politique de réutilisation des eaux usées afin que la palmeraie, les espaces verts et les golfs de la ville ne soient plus irrigués par l'eau potable.

Nous réfléchissons aussi à donner aux hôtels et aux propriétaires privés l'accès à ces eaux usées, moyennant une cotisation de telle sorte qu'on puisse réduire cette charge de consommation.

- Et pour la Coupe du monde de 2030 ?

- N’étant pas voyante, je ne l'espère pas, mais les stations de dessalement ont bien avancé.

Grâce au rythme effréné avec lequel le ministre a rattrapé le retard, l'espoir est d'actualité.

En bonne Marrakchie, je ne m'inquiète pas outre mesure pour le Maroc qui a toujours su réussir les défis qui se posaient à lui.

- Avez-vous des informations sur le programme spécial d'emploi pour le monde rural ?

- Non, car l’usage veut qu’il soit d’abord présenté aux membres du gouvernement.

Comme cela n’a pas encore été le cas, je n'ai pas d'écho sur ce dossier.

Mais le gouvernement travaille là-dessus, et nous avons tenu une réunion avec le chef du gouvernement sur l'exigence de création d'emplois de tous les secteurs, y compris agricole.

Quoi qu’il en soit, je vous affirme que les chiffres du secteur dont j'ai la charge sont extrêmement rassurants grâce à cette visibilité que nous avons pu donner et qui a rétabli la confiance.

Ainsi, si vous voyez les chiffres des agences urbaines, vous verriez à quel point aujourd'hui il y a une dynamique de mise en chantier qu'on ne voyait plus.

C'est un véritable exploit, car 258 documents d'urbanisme ont été adoptés en l'espace de deux ans et demi. Nous avons abouti à ce chiffre pour mettre en place de la visibilité pour le propriétaire.

- Vous voulez dire que rien n'avait été fait auparavant ?

- Pas du tout, j'ai commencé mon propos en disant que le Maroc a accumulé des acquis en termes de chantiers extrêmement lourds, d'infrastructures, de projets et de programmes stratégiques.

Je ne suis pas du genre à accabler mes prédécesseurs, car ceux qui sont dans cette logique sont des gens qui n'ont rien produit, et ce n'est pas mon cas.

Mais, aujourd'hui, j'ai un bilan positif que je défends.

Ma prédécesseure a malheureusement manqué de chance en arrivant dans la conjoncture terrible du Covid, mais malgré cela, elle a réussi un certain nombre de choses.

Maintenant, force est de constater que sur l'aide au logement, peut-être que la conjoncture ne le permettait pas, mais je pense que l'approche consistant à savoir valoriser son bilan ne remet pas en question le travail de ceux qui m'ont précédés.

C'est juste que je pense que sur ces deux années et demi, ce département a de quoi se targuer d'un bilan positif.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se référer aux chiffres du programme "Ville sans bidonville" qui a commencé en 2004.

- Quelles sont les réussites de votre gouvernement ?

- En premier lieu, ce qui nous manquait était d'avoir un gouvernement où les gens ne se tapent pas dessus, car je pense qu'une cohérence politique est vitale.

D'abord, cela dégage une image rassurante sur ce qu'est la politique dans notre pays, et les Marocains ont besoin de se réconcilier avec la politique.

Nous sommes tous effrayés par l’abstention, et le seul moyen d'y remédier est de montrer une image rassurante, avec un personnel politique cohérent et respectueux malgré ses divergences partisanes.

Je ne suis pas en train de vous dire que nous sommes des "Bisounours", mais pendant les dix années qui ont précédé ce gouvernement, la cohérence était loin d'être une priorité.

C'est un constat que beaucoup de gens ont fait publiquement, y compris des membres du gouvernement.

Ce n'était un secret pour personne et, aujourd’hui, la cohérence politique est une réalité dont on ne peut que se féliciter.

Le respect des prérogatives des uns et des autres aide beaucoup.

Cette première réussite nous a d'ailleurs permis de faire face à plusieurs crises, comme celle du pouvoir d'achat liée à l'inflation, ou celle des enseignants où il fallait une solidarité et un sens de l'écoute.

Elle nous a permis d'avancer sur des chantiers importants.

- À votre crédit, vous avez réussi à faire baisser l'inflation, alors que des pays voisins ou européens n’y sont toujours pas arrivés.

- C'est une réussite liée à l'excellente gestion de la ministre des Finances et du ministre du Budget, qui nous a permis d'augmenter nos recettes de plusieurs milliards de dirhams.

C’est d'ailleurs l’augmentation des recettes qui nous a permis de maintenir l'équilibre social du pouvoir d'achat par toutes les compensations sur les produits de première nécessité, pour le transport et les agriculteurs.

Elle nous a aussi permis de dégager des moyens supplémentaires pour déclencher de nouvelles dynamiques.

Parmi les grands succès, il y a l'Etat social qui est un concept essentiel pour réduire les disparités insupportables entre les Marocains.

Et on ne peut que se féliciter du fait que notre gouvernement ait réussi, sous l'impulsion de Sa Majesté, à débloquer sur la première partie de son mandat de nombreuses subventions qui connaîtront encore quelques réajustements.

Ainsi, le Registre social unifié (RSU) est un outil efficace qui a permis de libérer un certain nombre d'aides directes.

Idem pour l'amélioration du secteur de la santé, car les êtres humains que nous sommes traversent tous des moments de fragilité qui nécessitent une prise en charge de qualité.

- Pour l'instant, la qualité de l'offre médicale publique n'est pas au niveau. Les gens qui ont de l'argent ne vont pas dans les hôpitaux, mais dans des cliniques, et les défavorisées sont obligés de s’endetter ou de se contenter de soins médiocres, faute d’infrastructures ou de personnel motivé ?

- C'est la raison pour laquelle une couverture sociale généralisée a été mise en place.

En attendant que l'État puisse former suffisamment de médecins et d'améliorer leurs conditions de travail, et de multiplier les infrastructures de qualité.

- Une partie des médecins choisit de s’exiler à l’étranger pour avoir de meilleures conditions de travail ?

- C’est vrai, mais pourtant Dieu sait que notre pays a tellement plus d'opportunités à offrir que d'autres qui se disent plus développés.

C'est tout le challenge que gèrent aujourd'hui le ministre de la Santé et le ministre de l'Enseignement supérieur, à savoir faire comprendre aux étudiants en médecine que quand un État vous forme, il est normal de le servir pour résorber le déficit actuel.

- D’ici 2026, pensez-vous que la construction en cours de plusieurs CHU permettra d’améliorer la qualité de l’offre médicale et de mettre fin à la médecine à deux vitesses pour les riches et les pauvres ?

- Oui, il y en a déjà trois, dont celui de Tanger qui a été inauguré par Sa Majesté, et ceux de Rabat et Marrakech.

- Quand les Marocains pourront-ils bénéficier d'une offre médicale à la hauteur de celle qui est dispensée dans les cliniques, mais qui reste très onéreuse ?

- Je pense qu'au-delà de mes espérances, tout est mis en place pour arriver à d'excellents résultats d'ici 2026.

Nous ne pourrons pas former suffisamment de médecins en deux ans et demi, mais l’important, c'est d'avoir un cap et le courage qu'il faut pour pouvoir mettre en œuvre cette réforme qui n'est pas facile.

Cela nécessitera des années, mais on voit déjà que sur l'infrastructure, il y a eu un grand effort de fait.

Un énorme programme de plus de 400 centres de santé de proximité. Et, croyez-le, moi qui travaille dans la proximité à Marrakech, le centre de proximité, c'est le premier point des patients.

Maintenant, s'il est vrai qu'un système de santé ne se construit pas en cinq ans, les bases sont lancées grâce à une volonté politique forte.

- Après le tremblement de terre, on a constaté qu'il y avait plusieurs déserts médicaux...

- Dans les montagnes, il n'y a en effet pas toujours d'endroit où se soigner, car les populations sont très dispersées.

S’il y a une fierté à tirer de ce drame humain terrible, c'est que le Maroc n'a eu besoin d'aucun médecin étranger, car les praticiens marocains étaient largement suffisants.

Lors de mes visites dans la région sinistrée par le séisme, le ministre de la Santé m’a certifié que nos ressources humaines régionales sanitaires avaient été capables de gérer la crise sans aucun renfort médical étranger.

C'est considérable, parce que ce n'est pas un événement anodin dans des territoires difficiles d’accès qu’on ne peut pas comparer aux territoires des plaines.

- Quelle serait la solution ? des unités médicales mobiles ?

- Il y a les unités mobiles, mais il y a aussi des centres ruraux où vous retrouvez tous les équipements nécessaires pour soigner les populations.

On ne peut pas dire que ces gens ne sont pas soignés, car il y a eu un effort colossal e,t encore une fois, nos ressources humaines ont pu gérer cette crise.

- Le lundi 20 mai a démarré la décompensation partielle du gaz, dont le prix de la bouteille va augmenter de 10 dirhams (de 40 à 50 DH). Cela va faire beaucoup de mécontents parmi les couches défavorisées ?

- Evidemment, car personne n'est heureux d'accueillir une augmentation tarifaire, d'autant plus à la veille de Aïd el Kébir qui engendre aussi un débat autour du prix des moutons.

Ce que je peux dire, c'est que le gouvernement a fait en sorte que cette hausse nécessaire soit partielle et évolutive pour qu'il n'y ait pas d'impact brutal.

Il ne faut pas oublier qu'elle s'est faite après que le gouvernement a mis en place les aides directes.

Si le prix du gaz va effectivement augmenter, les dépenses des citoyens ont été allégées grâce a l'implication de l'État qui a débloqué plusieurs aides financières.

- Votre parti a-t-il soutenu cette augmentation ?

- Est-ce que vous pensez qu'on l'a fait de gaieté de cœur, et que c'était une décision facile ?

Quand on est un acteur politique responsable, il y a des décisions difficiles qu’il faut prendre.

Cela dit, au risque de me répéter, nous avons mis en place des mécanismes pour accompagner au mieux les populations défavorisées.

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