Géoparc Jbel Bani. Géométrie du naturel entre héritage culturel et patrimoine vernaculaire

Le Géoparc s’étend à l’arrière-pays de trois grandes régions : Souss-Massa, sa façade atlantique et son climat tempéré, Guelmim-Oued Noun, son chapelet d’oasis et ses plaines désertiques et Drâa-Tafilalet, son bassin versant, ses ergs et ses steppes. Pour le président de l’Association Marocaine de développement du Géoparc Jbel Bani, Patrick Simon, cette position géographique particulière constitue « une force territoriale ».

Géoparc Jbel Bani-Photo AMDGJB

Géoparc Jbel Bani. Géométrie du naturel entre héritage culturel et patrimoine vernaculaire

Le 11 avril 2024 à 17h17

Modifié 11 avril 2024 à 17h17

Le Géoparc s’étend à l’arrière-pays de trois grandes régions : Souss-Massa, sa façade atlantique et son climat tempéré, Guelmim-Oued Noun, son chapelet d’oasis et ses plaines désertiques et Drâa-Tafilalet, son bassin versant, ses ergs et ses steppes. Pour le président de l’Association Marocaine de développement du Géoparc Jbel Bani, Patrick Simon, cette position géographique particulière constitue « une force territoriale ».

Les régions du Sud recèlent une grande richesse paysagère, offrant une multitude d’environnements singuliers selon que l’on aborde ce grand espace par la rive atlantique à l’ouest, ou au contraire en s’enfonçant dans les plaines désertiques à l’est en direction des contreforts des sommets de l’Anti-Atlas, à moins que l’on choisisse de faire cap vers le Sud et le Sahara. Imaginons un instant que cette diversité paysagère soit réunie dans un seul et même espace : c’est l’exploit qu’ont réussi les fondateurs du Géoparc de Jbel Bani. « Nous avons pensé et conçu le grand espace soutenable du Géoparc Jbel Bani comme un territoire interrégional », assure d’emblée Patrick Simon, premier vice-président du CRT de Guelmim, également président de l’Association Marocaine de développement du Géoparc Jbel Bani (AMDGJB).

Ce territoire interrégional est en réalité une véritable terre d’accueil qui répond de manière opportune aux tendances actuelles de durabilité mondiale

Patrick Simon, président de l’Association Marocaine de développement du Géoparc Jbel Bani (AMDGJB)-CP Médias24

 

Des palmeraies, des oasis nées sur le lit d’un oued à l’embouchure de plusieurs cluses, ces parties de vallées creusées par l’eau au creux d’une montagne qu’on désigne au Maroc par le terme « foum » ; des étendues désertiques immenses, vierges de toute vie végétale qui constituent un « paradis » pour les géologues, lesquels peuvent y lire toute l’histoire de la région à même le sol comme dans un grand livre ouvert ; des reliefs montagneux, certainement les plus arides du Maroc, entaillés de gorges et de canyons, formant une bordure rocheuse face au désert ; des falaises aussi, grandes et majestueuses, parsemées de roches et de touffes végétales cachant à certains de ses flancs des greniers collectifs qui, à eux seuls, recèlent une grande partie de l’histoire et de la culture ancestrales des lieux ; des sites archéologiques, datant de l’ère paléolithique, laissant de temps à autre, au gré de fouilles scientifiques ou même du hasard, apparaître quelques raretés et trésors rupestres, matériels, retraçant la vie humaine qui a façonné son environnement durant des millénaires.

Cascades d’Attiq dans l'oasis de Tissint qui est à mi-chemin entre Tata et Foum Zguig-CRT Souss-Massa

 

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« Développer en priorité l’expérience touristique »

Ce grand espace couvre, en effet, plus de 560 km de longueur, de Tan Tan sur la côte atlantique au sud-ouest de Guelmim, chef-lieu de la région, à Zagora, à l’autre bout de la région, au nord-est de Guelmim, sur la face méridional de l’Anti-Atlas. Le Géoparc s’étend ainsi à l’arrière-pays de trois grandes régions à la fois : Souss-Massa, sa façade atlantique et son climat tempéré, Guelmim-Oued Noun, son chapelet d’oasis et ses plaines désertiques et Drâa-Tafilalet, son bassin versant, ses ergs et ses steppes.

Dans une oasis au Géoparc de Jbel Bani-Photo AMDGJB

 

Pour Patrick Simon, cette position géographique particulière constitue « une force territoriale ». Il explique : « Étant chargé d’éléments culturels, patrimoniaux, historiques, pluriconfessionnels, ce territoire interrégional, enclavé, s’étalant de Tinghir à Ouarzazate et de Tan Tan à Zagora, est en réalité une véritable terre d’accueil qui répond de manière opportune aux tendances actuelles de durabilité mondiale, confortées par les stratégies déclarées de l’OMT (UNWTO, Organisation mondiale du tourisme, ndlr) valorisant à la fois les réelles nouvelles demandes mondiales pour les années 2023-2030 d’un ‘‘tourisme rural et tourisme nature-culture ’’ pour développer en priorité l’expérience touristique ».

L’oasis Targa N'Touchka se situe au milieu du triangle Ait-Baha, Tafraout, et Tiznit, en plein Anti-Atlas-CRT Souss-Massa

 

Pour le président de l’association de développement de Jbel Bani, le Géoparc est la concrétisation d’une vision « géo-agro-éco-touristique » durable du Sud marocain. C’est-à-dire la tentative d’identifier des formes de développement qui garantissent un juste équilibre entre une géographie qui varie entre vallée, montagne, désert, oasis et dunes, une ruralité en symbiose avec les traditions ancestrales et les contraintes hydriques actuelles, un écosystème riche et fragile à la fois (faune, flore, terroir…) à préserver, et un patrimoine matériel et immatériel à valoriser.

« Ce sont tous ces aspects vernaculaires territoriaux constitutifs de l’attractivité culturelle et patrimoniale des lieux, mariant la population à la géographie et à la nature des lieux, qui ont défini notre choix pour ce territoire, que nous appelons la voie royale des oasis », affirme Patrick Simon.

Targa n’Touchka est la seule oasis de la Province de Chtouka Aït Baha-CRT Souss-Massa

 

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Triptyque territorial

Géologie, archéologie et spéléologie, culture, histoire et patrimoine, oasis, désert et montagne… Toutes ces formes de développement offertes par la richesse paysagère de ce grand espace constituent autant de niches touristiques que le Géoparc s’efforce de valoriser et organiser de manière intégrée et inclusive. Depuis sa création il y a plus de 10 ans, le Géoparc de Jbel Bani a connu des développements encourageants.

« Grâce aux moyens financiers qu’elle s’est donnée en créant les projets pilotes géo-agro-éco-touristiques de Dar Infiane Tata et ses annexes de Tissint, avec campement et maison, notre association de développement du Géoparc de Jbel Bani a pu financer des emplois pérennes et structurer l’ensemble en infrastructures réelles, avec des comités techniques », défend Patrick Simon. « Ce choix territorial avec les trois arrière-pays – Guelmim Oued-Noun, Sous Massa et Drâa-Tafilalet – se justifient également par des infrastructures existantes, comme les cinq aéroports internationaux et les deux aérodromes. Ce sont des investissements déjà réalisés et non à faire », explique le premier vice-président du CRT de Guelmim-Oued Noun.

Jbel Bani offre une diversité d’expériences humaines, culturelles, sportives inoubliables

 

Aujourd’hui, après une décennie de développements et de structuration, Jbel Bani offre une diversité d’expériences humaines, culturelles, sportives inoubliables. Son offre d’excursions variées (à dos d’âne ou de dromadaire ou en 4x4, d’une journée ou plus, solitaire ou guidée), la richesse de son catalogue qui compte quelques 75 circuits touristiques mis en ligne, au départ des cinq aéroports qui desservent le Géoparc, l’abondance des sites géologiques et archéologiques, la splendeur de ses trésors culturels et patrimoniaux (kasbahs, musées, greniers collectifs, moussems…), tous ces atouts réunis créent une destination particulière au Sud du Maroc.

Vue sur une oasis dans le Géoparc de Jbel Bani-Photo AMDGJB

 

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Dans ce vaste environnement, la mise en place des différents circuits pour les excursions touristiques a ainsi permis « par leurs juxtapositions, de définir ces nœuds de passages dans ces immensités territoriales où les distances inter-villes se mesurent en escales de 200 à 300 km », éclaire Patrick Simon. Elle a également favorisé « le développement de métiers connexes, de médiation, d’accompagnement et de transport touristique, et la structuration d’un réseau de tourisme durable et rural autour des établissements touristiques et hôteliers du territoire du Géoparc ».

Nous proposons pour ces zones partagées entre océan, désert et montagne, une grande diversité de lieux, de faunes, de flores, de géologies, pour ainsi répondre aux besoins croissants d’un tourisme en quête d’expériences privilégiant le partage, l’authenticité, l’interculturalité

Dans un Igoudar au Géoparc de Jbel Bani-Photo AMDGJB

 

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Cette dynamique est aujourd’hui à un moment charnière. Comme la crise de la Covid-19 l’a démontré, le président de l’AMDGJB estime que « la fragilité d’une offre unique crée la nécessité de diversifier, créer et innover, grâce au design, l’ingénierie, le marketing territorial et le branding. Ce sont ces besoins d’image qui permettent de définir ces réalités d’attraction territoriale vernaculaire basée sur l’inclusion, l’intégration et la durabilité, appelée à devenir les véritables moteurs du tourisme durable marocain de demain ».

C’est ce qui pousse les gestionnaires du Géoparc de prospecter de nouvelles voies de développement, « dans le respect des 17 Objectifs de développement durable, en projetant des réalisations de nouvelles structures culturelles, de startups, de clubs de jeunes, d’éco-musées, mais également d’hébergements adaptés aux familles marocaines ». Ils entendent également capitaliser sur le développement des énergies renouvelables et du potentiel de développement de la biomasse dans les régions du Sud, des productions agricoles adaptées à ces milieux arides où l’eau tend à manquer (plantes aromatiques et médicinales mellifères, apiculture…) et des productions minérales  à base de « terres rares ».

Au Géoparc Jbel Bani, des sites archéologiques, datant de l’ère paléolithique, laissent apparaître quelques raretés et trésors rupestres, matériels, retraçant la vie humaine qui a façonné son environnement durant des millénaires-Photo AMDGJB

 

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« Dans sa globalité, notre choix territorial se justifie par la volonté de prendre en compte des vecteurs qui reflètent la réalité de cette voie royale des oasis. Des vecteurs qui nous permettent de proposer pour ces zones partagées entre océan, désert et montagne, une grande diversité de lieux, de faunes, de flores, de géologies, pour ainsi répondre aux besoins croissants d’un tourisme en quête d’expériences privilégiant le partage, l’authenticité, l’interculturalité, sur fond de perceptions vulgarisées des sciences de la terre qui définissent géologiquement ces lieux », conclut le premier vice-président du CRT de Guelmim.

Le Géoparc Jbel Bani est réputé comme étant "Le paradis des géologues"-Photo AMDGJB

 

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