Médicaments : voici ce que l'on sait des ruptures de stock, de plus en plus fréquentes

De nombreux médicaments sont actuellement en rupture au niveau des officines. Cette situation est expliquée de différentes manières par les acteurs du secteur pharmaceutique. Certains pointent une problématique de matières premières, et donc une dépendance envers des fournisseurs étrangers, tandis que d'autres mettent en cause la récente suppression de la TVA sur les médicaments. Le point.

Médicaments : voici ce que l'on sait des ruptures de stock, de plus en plus fréquentes

Le 8 avril 2024 à 19h36

Modifié 8 avril 2024 à 19h36

De nombreux médicaments sont actuellement en rupture au niveau des officines. Cette situation est expliquée de différentes manières par les acteurs du secteur pharmaceutique. Certains pointent une problématique de matières premières, et donc une dépendance envers des fournisseurs étrangers, tandis que d'autres mettent en cause la récente suppression de la TVA sur les médicaments. Le point.

La problématique de rupture des stocks de médicaments devient récurrente ces dernières années. Des professionnels et des médias estiment que la situation a été exacerbée par l’entrée en vigueur de la loi de finances 2024, qui exonère de TVA tous les médicaments précédemment soumis à un taux de 7%. L'entrée en vigueur a imposé un changement d'étiquetage des stocks existants.

Contactées par Médias24, différentes sources dans le secteur pharmaceutique affirment que ces ruptures ne sont pas propres au Maroc. Elles sont générales et dues à des problèmes de matières premières et de technologie. La suppression de la TVA sur les médicaments n'est donc, selon elles, pas à l'origine de ces ruptures. D'autres acteurs du secteur estiment pour leur part que cette mesure pourrait entraîner la disparition de certains médicaments, dont les prix étaient déjà faibles.

Des ruptures momentanées, qui ne sont pas propres au Maroc

Coquelusedal, levothyrox, méthotrexate ou autres, toutes les classes de médicaments sont concernées. Les citoyens y font face de plus en plus souvent, notamment dans les grandes villes telles que Casablanca, ce qui les contraint à faire le tour de plusieurs pharmacies pour trouver éventuellement les médicaments qu’ils cherchent.

La situation peut être grave dans certains cas, notamment pour les patients souffrant de pathologies lourdes qui nécessitent des traitements de longue durée, qui ne sont disponibles qu’en petite quantité dans les officines, voire pas du tout. De ce fait, les gardes peuvent s'avérer parfois difficiles pour les pharmaciens.

Contacté par Médias24, Hamza Guedira, actuel président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, estime que "ce sont des ruptures normales".

"Elles sont généralement dues à des problèmes liés à la matière première, et à la technologie. Ce sont des ruptures qui existent un peu partout dans le monde. Elles ne sont donc pas propres au Maroc", nous explique notre source.

"En France par exemple, des ruptures sont signalées notamment sur le paracétamol", mais aussi sur l’azithromycine et le cefpodoxime pédiatrique, ajoute-t-il, soulignant qu’au Maroc, "les ruptures sont momentanées, et ne sont globalement pas si catastrophiques. En général, nous avons de quoi gérer".

Il faut savoir que la dépendance de l’industrie pharmaceutique internationale envers l’Inde et la Chine est forte. Ces deux pays fabriquent près de 95% des matières premières destinées à la production de médicaments.

À l’instar de nombreux pays étrangers, le Maroc importe plusieurs produits qui sont actuellement en rupture, tels que le levothyrox , importé auprès d’un seul fournisseur. Un effort supplémentaire est donc nécessaire pour la diversification des fournisseurs, mais aussi pour la réduction de la dépendance à l'égard de l'étranger.

Notons que, sur ce médicament, il y a également une problématique de marge de distribution. Il coûte à peine 6 DH, ce qui ne rapporte pratiquement rien aux laboratoires qui l’importent.

"La TVA n'a strictement rien à voir avec ces ruptures"

Ces ruptures ont par ailleurs été expliquées ces derniers mois sur d'autres médias par la récente mesure de la loi de Finances, exonérant de TVA tous les médicaments qui étaient taxés à 7%.

Certes, l’application de cette mesure sur le terrain a nécessité du temps après son entrée en vigueur, mais selon certains de nos interlocuteurs, "elle n’est pas à l’origine de ces ruptures". 

La suppression de la TVA sur les médicaments est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Mais son application a nécessité un délai de transition pour que les industriels puissent avoir le temps de revoir l’étiquetage des millions de boîtes de médicaments qu’ils stockaient, mais aussi ceux qui se trouvaient chez les grossistes et les pharmaciens.

Interpellé sur ce point, le Dr Guedira s’est montré catégorique : "La TVA n’a strictement rien à voir avec ces ruptures".

"Ces ruptures n’ont rien à voir avec la suppression de TVA", confirment également d’autres sources du secteur, jointes par nos soins. "Nous ne disposons pas que d’une seule imprimerie au Maroc. La modification des étiquettes ne peut donc pas bloquer le marché. C’est un faux débat", estiment-elles.

"Les pharmaciens sont tenus de disposer d'un stock allant de trois à six mois dans leurs officines. Ce qui fait qu’après l’entrée en vigueur de la mesure sur la suppression de TVA, plusieurs pharmacies détenaient encore des stocks des différents médicaments, excepté pour ceux en rupture", nous expliquent-elles.

"Ceux qui ne disposent pas dans leurs stocks actuels de médicaments exonérés de TVA barrent tout simplement l’ancien PPV (prix public de vente) pour placer une étiquette au-dessus avec le nouveau prix sans TVA. Mettre une nouvelle étiquette n’est donc pas ce qui pourrait bloquer le marché".

D'autres sources du secteur, contactées par Médias24, soulignent toutefois que la suppression de la TVA peut induire une réduction des prix de nombreux médicaments, dont les prix initiaux étaient déjà faibles.

"Cette situation pourrait alors entraîner leur disparition, puisqu'ils ne rapportent plus grand-chose aux fabricants", concluent nos interlocuteurs.

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