Si le deuxième match d’une semaine internationale est souvent le moins intéressant, celui que s'apprête à jouer le Maroc, ce mardi 26 mars à 22 h au stade Adrar à Agadir, fait exception. Après avoir défait l’Angola (1-0), l’équipe nationale affronte une seconde nation ayant fait sensation lors de la Coupe d’Afrique des nations 2023, la Mauritanie.   

Sortis en huitième de finale de la dernière CAN, les Mourabitounes s’avancent vers ce rendez-vous avec des certitudes. "C’est une équipe qui ne cesse de grandir et de s’améliorer depuis plus de cinq ans. Elle se défend très bien et nous avons besoin de rencontrer ce genre de nations", a souligné Walid Regragui, lors de la conférence de presse d’avant-match, le lundi 25 mars. 

Conscient de la qualité des adversaires, le sélectionneur national n’a toutefois pas en tête d’aligner son onze type. Bien que la stabilité lui tienne à cœur, le technicien marocain entend exploiter ce rendez-vous afin d’offrir du temps de jeu aux internationaux qui n'ont eu que peu ou pas d’occasions de s’illustrer jusqu’à présent. 

"C’est le moment de donner une chance de se montrer à certains joueurs, car lors du rassemblement de juin, nous aurons des matchs officiels pour lesquels le résultat sera important, où il faudra aligner l’équipe type", a précisé Walid Regragui. "Est-ce que les changements seront en défense, au milieu de terrain ou en attaque ? Vous aurez la réponse demain (ce soir)". 

La probabilité que le sélectionneur apporte des changements dans les trois compartiments est plus que probable. Une occasion inestimable pour certains joueurs de passer de l'ombre à la lumière. Et même s’il n’est pas facile pour les doublures de s’illustrer dans un cadre collectif moins solide, il leur faudra montrer qu'elles sont des options à court, moyen ou long terme. 

Un arrière gauche d’avenir  

Titulaire inamovible dans l’esprit de Walid Regragui, Yassine Bounou n’est pas concerné par les intentions du sélectionneur. "Pour moi Yassine est le numéro un. Il est important qu’il joue tous les matchs et qu’il ressente la confiance de son entraîneur. Je n’ai aucune raison d’opérer un changement à ce poste, d’autant que je connais bien Munir El Kajoui et Mehdi Benabid, que j’avais lancé au FUS de Rabat lorsqu’il avait à peine 18 ans". 

Un statu quo également bénéfique en termes de stabilité, "car quand on fait beaucoup de changements dans le onze de départ, il est toujours important de garder une certaine continuité en défense", a-t-il poursuivi. Justement, l’arrière garde, notamment côté gauche, n’offre pas une assurance tout risque. D'où l'importance d'opérer des essais. 

D’abord parce que le titulaire du poste Noussair Mazraoui est un droitier, ce qui limite son expression offensive en matière de relance et de centre. Défensivement, le Munichois, blessé et absent lors de ce rassemblement, éprouve également quelques soucis au niveau de l’orientation de son corps. 

Yahya Attiat Allah, dont le centre a été à l’origine du but de la victoire face à l’Angola, ne démérite pas à chaque fois que le sélectionneur fait appel à lui, malgré quelques sauts de concentration et des difficultés à répondre au défi imposé par des attaquants physiques. Alors, le sélectionneur, dont la vision n’est pas court-termiste, aura à cœur de lancer un autre joueur à ce poste.

Âgé de 18 ans et sans aucune référence au plus haut niveau, Youssef Lekhedim, dit "Yusi" est hautement valorisé par son sélectionneur. Une marque de confiance pour le jeune Marocain, même si en l’état, il ne représente pas encore une solution immédiate à ce poste, mais ses qualités donnent envie de le voir. 

Oussama El Azzouzi en attendant Neil El Aynaoui

Au milieu de terrain, l’absence d’alternative à Sofyan Amrabat a longtemps été l’une des préoccupations majeures du sélectionneur national. Mais depuis l’avènement de Oussama El Azzouzi avec le FC Bologne, Walid Regragui semble avoir trouvé une parfaite doublure au Mancunien. 

Il est pour l’instant difficile de statuer sur la pertinence de cette comparaison, mais les chiffres attestent d’une similitude entre les profils des deux internationaux. Entré en fin de match face à l’Angola, Oussama El Azzouzi n’a pas eu suffisamment de temps pour montrer toute l’étendue de son talent. Le match contre la Mauritanie représente l’occasion idoine. 

Surtout qu’au poste de milieu de terrain défensif, la concurrence ne fait pas rage. Amir Richardson traverse une période délicate avec son club (une titularisation lors des six derniers matchs avec le stade de Reims), et Neil El Aynaoui, la pépite du RC Lens, privilégie sa carrière en club pour l’instant.

"Neil El Aynaoui est un joueur qui m’intéresse, et on a envie qu’il nous rejoigne", a assuré Walid Regragui. "C’est un milieu de terrain d’avenir, mais qui est actuellement dans la réflexion. Il devait faire partie du groupe qui a disputé la CAN 2023 et lors de ce rassemblement. Mais il a demandé du temps pour gagner sa place et grandir au RC Lens". 

"Sauf qu’à un moment donné, il va falloir qu’il se décide, sinon c’est moi qui vais prendre la décision. On ne va pas attendre longtemps. Car aujourd’hui, le problème ne vient pas de nous, il vient du joueur. Si vous avez des questions, il faut les lui poser", a évacué le sélectionneur.    

Retrouver une efficacité perdue

Offensivement, il faut aussi s’attendre à quelques changements. Outre Amine Adli et Ilias Akhomach, Soufiane Rahimi aura également des minutes afin de surfer sur son excellente forme du moment. Youssef En-Nesyri doit aussi reprendre sa place de numéro 9, en espérant qu'il retrouve son sens du but et qu'il incarne de nouveau l'efficacité de l’équipe nationale.  

"Nous avons perdu l’efficacité que nous avions lors de la Coupe du monde, où l’on pouvait marquer en se créant une ou deux occasions par match. C’est peut-être dû à un manque de concentration face à des défenses en bloc bas. Ou bien à cause des choix des joueurs titularisés sur certains matchs", a indiqué Walid Regragui.  

"C’est un axe de travail, mais je ne m’inquiète pas, car le plus difficile est de se créer des occasions, et c'est le cas", a-t-il nuancé. En effet, lors des deux dernières rencontres, le Maroc a tiré à 28 reprises pour seulement 5 tentatives cadrées et un seul but marqué, l'œuvre d’un joueur adverse contre son camp. 

Cette absence de réalisme est-elle le symbole d’une forme de régression des avants-centres en qui le sélectionneur place sa confiance ? Une hypothèse écartée par ce dernier. "J’ai beaucoup d’estime pour Youssef En-Nesyri et Ayoub El Kaabi", a assuré Walid Regragui.  

"Ce sont des avants-centres qui marquent régulièrement avec leurs clubs respectifs", reprend-il. "Peut être que leur manque d’efficacité en équipe nationale est de ma responsabilité. Il est aussi probable qu’ils ressentent plus de pression sur leurs épaules en portant le maillot de leur pays". 

"Pour des joueurs qui sont nés et qui ont vécu au Maroc, ils ont plus de pression que d’autres. Donc, je crois qu’il faut que je réussisse à les aider à évacuer cette pression. Il y a aussi la possibilité d’essayer d’autres joueurs pour amener un peu plus de concurrence", a conclu Walid Regragui, confirmant que ce Maroc-Mauritanie est tout sauf un match qui ne compte pour rien.