Après les infirmiers, les médecins résidents et internes montent au créneau

Après les infirmiers et techniciens de santé, les médecins résidents et internes décrètent une grève nationale de 24 heures le 13 mars prochain, en raison de l'absence de réponse du ministère à leurs demandes d’audience. Contacté par Médias24, le ministère de la Santé n’a pas donné suite à notre sollicitation.

Après les infirmiers, les médecins résidents et internes montent au créneau

Le 7 mars 2024 à 17h58

Modifié 8 mars 2024 à 6h45

Après les infirmiers et techniciens de santé, les médecins résidents et internes décrètent une grève nationale de 24 heures le 13 mars prochain, en raison de l'absence de réponse du ministère à leurs demandes d’audience. Contacté par Médias24, le ministère de la Santé n’a pas donné suite à notre sollicitation.

Parmi leurs principales revendications, figurent la hausse des indemnisations de 3.500 DH à 12.000 DH par mois pour les médecins résidents bénévoles, et à 10.000 DH par mois pour les médecins internes, ainsi que la baisse de la durée du contrat qui les lie à l’Etat, de huit à deux ans.

L’autre principale revendication de ces médecins est relative à la protection sociale, dont ils ne bénéficient pas.

Les résidents et internes, grands absents des réunions de concertation autour de la réforme

Le secteur de la santé est en pleine réforme. Parmi les principaux axes de celle-ci, on retient la création des Groupements territoriaux de santé, mais aussi la réforme du troisième cycle. Sur ces volets, le ministère de la Santé enchaîne depuis quelque temps les réunions de concertation avec les différents syndicats, desquelles la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNIR) se dit exclue.

Celle-ci déplore ainsi "le mépris du ministère de la Santé quant à cette catégorie de médecins, qui joue un rôle majeur dans les Centres hospitaliers universitaires", nous confie le Dr Ali Farissi, son coordinateur.

"Nous avons déposé deux demandes d’audience récemment, l’une auprès du ministère de la Santé et l’autre auprès du ministère de l’Enseignement supérieur, jointes à notre dossier revendicatif, qui sont restées sans réponse", regrette notre interlocuteur. "C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase."

"Dans un CHU, plus de 95% des consultations sont effectuées par les résidents, tandis que les urgences sont tenues par les internes. L’essentiel de l’activité médicale de l’hôpital universitaire est donc réalisé par le résident et l’interne. Cette catégorie, qui est ainsi très importante en nombre et en qualité, n’est malheureusement pas incluse dans les discussions tenues par le ministère de tutelle avec les syndicats" sur des sujets qui la concernent de près.

Approche participative et hausse des salaires

La première revendication de la CNIR, qui a annoncé une grève nationale de 24 heures le mercredi 13 mars prochain, est un appel au ministère de la Santé à adopter une approche participative dans la discussion des textes d’application de la loi 08.22 relative à la création des Groupements sanitaires territoriaux. Ces médecins souhaitent également participer aux discussions de la réforme du troisième cycle des études de médecine.

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La seconde est relative aux indemnisations, "qui restent très faibles pour un médecin titulaire d’un bac +8. Les résidents bénévoles touchent à peine 3.500 DH et travaillent à un rythme très soutenu", explique le Dr Farissi.

La Commission revendique ainsi la hausse des indemnisations des résidents non contractuels à 12.000 DH par mois, parce qu’ils effectuent les mêmes services que leurs collègues contractuels et qu’ils disposent du même diplôme, et à 10.000 DH par mois pour les internes, pour l’importance des services qu’ils présentent au niveau des CHU et des urgences. Pour la Commission, cette hausse des indemnisations est un point essentiel.

Le parcours d’un étudiant en médecine peut être différent selon le circuit que ce dernier empreinte. Ce cursus dure généralement 7 ans pour la médecine générale et 12 ans en cas de spécialités. A la fin de son parcours, soit 7 années d’études, un médecin généraliste peut opter pour l’un des quatre choix suivants :

  • passer un concours d’intégration avec l’Etat, en tant que médecin généraliste ;
  • conclure des contrats à durée déterminée (CDD) dans différentes villes, avec différentes entités, selon les annoncées publiées ;
  • quitter le secteur public pour ouvrir son cabinet, ou encore quitter le Maroc pour exercer à l’étranger ;
  • poursuivre des études de spécialité.

Pour ce choix, un médecin généraliste peut emprunter deux circuits. Le premier démarre à partir de la cinquième année d’études. Ainsi, ceux ayant validé tous leurs stages durant cette année peuvent passer un concours d’internat, dont les places sont généralement limitées. Les internes doivent alors valider leurs deux années au CHU, à l’issue desquelles ils sont nommés résidents sur titre. Ils sont donc prioritaires dans le choix de leur spécialité.

L’autre voie est le concours de résidanat, après sept ans d’études de médecine générale. Dans ce concours, deux types de postes sont ouverts : les postes par contrat (contractuels) et les postes bénévoles.

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Pour les postes par contrat, les médecins qui réussissent le concours sont nommés résidents sur concours et démarrent leur spécialité avec un salaire de près de 12.800 DH, similaire à celui des médecins généralistes. Toutefois, ils sont liés à l’Etat par un contrat de huit ans. Le choix de la spécialité dépend de leur classement au concours.

En ce qui concerne les postes bénévoles, le salaire est de l’ordre de 3.500 DH. En contrepartie, les médecins spécialistes bénévoles peuvent quitter le secteur public dès la fin de leur spécialité.

Contrat et couverture médicale

Outre les deux premières revendications, la Commission appelle également à la réduction du nombre d’années du contrat qui lie les médecins à l’Etat, de huit à deux ans, et à l’annulation des amendes à payer par les médecins en cas de démission. Elle souhaite par ailleurs maintenir les circuits actuels dans les études de spécialité explicités ci-haut.

"Les salaires touchés par les médecins se font en contrepartie d’un travail. Il est donc aberrant de leur demander de restituer tout ce qu’ils ont touché durant l’exercice de leurs fonctions à leur démission", a souligné un autre membre de la Commission.

Toujours en ce qui concerne la formation, la Commission appelle à augmenter le coefficient de la formation continue et à baisser celui de l’examen final de spécialité dans l’évaluation de la spécialité en médecine. "En ratant cet examen, certaines personnes peuvent aller jusqu’au suicide. L’évaluation doit alors être faite tout au long du parcours du médecin."

"L’autre aberration", selon notre interlocuteur, "est le fait de ne pas bénéficier de la couverture médicale. Par exemple, un radiologue qui passe en revue les scanners toute la journée ne peut passer un examen pour lui-même que de manière frauduleuse, ou payer pour ce service. C’est inadmissible."

Augmentation des indemnisations sur la garde et l’astreinte

D’autres points ont été relevés par la Commission, notamment :

  • L’augmentation de l’indemnisation sur la garde de 186 DH à 500 DH net dans un délai n’excédant pas trois mois ;
  • L’instauration d’un repos obligatoire après une garde du soir ;
  • Faire profiter également les médecins internes des indemnisations sur la garde ;
  • Augmenter à 200 DH l’indemnisation sur l’astreinte ;
  • L’organisation d’un examen national d’équivalence de spécialité pour les marocains diplômés à l’étranger, de manière à garantir l’équité des chances et la qualité des services de santé ;
  • Préserver les acquis des contractuels.

De nombreuses grèves se poursuivent dans le secteur, notamment celles des infirmiers et des techniciens de santé, ou encore celles des étudiants en médecine.

Contacté par Médias24, le ministère de la Santé n’avait pas encore donné suite à notre sollicitation, au moment de la publication.

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