Réforme de la Santé : combien touche un médecin du public actuellement ?

La réforme comporte un important volet relatif à la valorisation des professionnels de santé pour les motiver et les retenir dans le secteur public. Qu'en est-il de la situation actuelle des médecins au Maroc ? Quels sont les niveaux de salaire, les différents grades, et les améliorations prévues par les lois élaborées par le ministère de la Santé ?

Réforme de la Santé : combien touche un médecin du public actuellement ?

Le 26 octobre 2023 à 19h31

Modifié 26 octobre 2023 à 19h33

La réforme comporte un important volet relatif à la valorisation des professionnels de santé pour les motiver et les retenir dans le secteur public. Qu'en est-il de la situation actuelle des médecins au Maroc ? Quels sont les niveaux de salaire, les différents grades, et les améliorations prévues par les lois élaborées par le ministère de la Santé ?

Ni la réforme de la santé ni la généralisation de la Protection sociale ne peuvent réussir sans des ressources humaines suffisantes en nombre et en qualité. Pour ce qui concerne les médecins, l'attractivité de la Ville crée des déserts médicaux; et l'attractivité du privé et/ou de l'étranger dépeuple les hôpitaux publics. L'attractivité passe entre autres par la rémunération. Alors quid de celle-ci?

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Un médecin généraliste du secteur public touche actuellement un salaire mensuel de près de 12.800 DH.

Le salaire passe à près de 22.400 DH pour un médecin généraliste hors grade, et à près de 26.000 DH pour un médecin spécialiste hors grade. Des niveaux de salaire qui restent inchangés jusqu'à la fin de leur carrière.

Certes, le salaire des médecins a augmenté depuis le 1er janvier 2023, après l'autorisation par ministère de la Santé de l’indice 509, mais ce dernier devrait s’améliorer davantage après l’entrée en vigueur de la loi relative aux garanties essentielles accordées aux ressources humaines des métiers de la santé, qui prévoit, entre autres, l’introduction d’un nouveau système de recrutement par contrat, d’un nouveau système de rémunération, mais aussi l’élaboration d’un régime permettant à certains professionnels de santé d’exercer certaines fonctions dans le privé, dans le cadre d’un partenariat public-privé.

Quatre voies principales

Contactées par Médias24, différentes sources du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) et de la Commission nationale des étudiants en médecine (CNEM), nous ont détaillé le parcours actuel d’un étudiant en médecine.

Ce cursus, durant lequel différents circuits peuvent être empruntés, dure 7 ans pour la médecine générale, et 12 ans en cas de spécialité. À la fin de son parcours, soit 7 années d'études, un médecin généraliste peut opter pour l'un des quatre principaux choix :

- passer un concours d’intégration avec l’Etat, en tant que médecin généraliste ;

- conclure des contrats à durée déterminée (CDD) dans différentes villes, avec différentes entités, selon les annoncées publiées ;

- quitter le secteur public pour ouvrir son cabinet, ou encore quitter le Maroc pour exercer à l’étranger ;

- poursuivre des études de spécialité.

Un salaire maximum de près de 22.400 DH par mois pour les généralistes...

S’il opte pour le premier choix, le médecin généraliste intègre l’un des hôpitaux publics du pays, avec un salaire de près de 12.800 DH. Rappelons-le : ce niveau de salaire a été atteint le 1er janvier 2023, après que le ministère de la Santé eut autorisé l’indice 509 à la suite d’une très longue bataille avec les médecins du public. Cet indice permet aux titulaires d’un doctorat en médecine de bénéficier d’un salaire similaire à celui d’un doctorant dans d’autres filières, remplaçant ainsi l’indice 336 qui était adopté auparavant.

Ensuite, après chaque période de quatre années d’exercice, des examens d’aptitude professionnelle peuvent être passés pour obtenir  :

- le grade principal, avec un salaire de près de 16.255 DH ;

- le grade d’excellence, avec un salaire de près de 18.873 DH ;

- le hors grade, avec un salaire de près de 22.400 DH.

Dans le cas où le médecin opte pour un contrat CDD, lancé par différentes entités publiques, en collaboration avec les délégations régionales de Santé, "le salaire obtenu est généralement inférieur à l’indice 509", expliquent nos interlocuteurs. Ces derniers regrettent ainsi l’absence de motivation, les incitant à pratiquer dans les endroits reculés, ce qui entraîne le désert médical dont souffre le pays actuellement. La durée de ces contrats, qui sont renouvelables, "varie entre une et deux années", d'après nos sources.

"Généralement, les médecins qui optent pour ce type de contrat, le font dans l'attente de régler leur dossier pour quitter le Maroc, en préparation de leur cabinet, ou encore pour cumuler de l’expérience, avant de passer le concours de résidanat."

... et de près de 26.000 DH pour les spécialistes du public

Il existe par ailleurs divers circuits pour les médecins généralistes souhaitant poursuivre des études de spécialité. Le premier peut être emprunté à partir de la cinquième année des études de médecine générale. Ainsi, ceux ayant validé tous leurs stages durant cette année peuvent passer un concours d’internat, dont les places sont généralement limitées. Les internes doivent alors valider leurs deux années au CHU, à l’issue desquelles ils sont nommés résidents sur titre. Ils sont donc prioritaires dans le choix de leur spécialité.

L’autre voie est le concours de résidanat, après sept ans d’études de médecine générale. Dans ce concours, deux types de postes sont ouverts : les postes par contrat et les postes bénévoles.

Pour les postes par contrat, les médecins qui réussissent le concours sont nommés résidents sur concours, et démarrent leur spécialité avec un salaire de près de 12.800 DH, similaire à celui des médecins généralistes. Le choix de la spécialité dépend de leur classement dans ledit concours.

La spécialisation s'effectue en :

- 3 ans pour la médecine du sport ;

- 4 ans pour les spécialités médicales et la biologie ;

- 5 ans pour les spécialités chirurgicales et la médecine interne.

À la fin de leur cursus, ces médecins touchent une prime de spécialité de l’ordre de 3.500 DH, mais sont liés au ministère pour une durée de huit années. Il s’agit de l’autre problématique relevée par nos sources, dans la mesure où le "ministère de la Santé refuse de libérer ces médecins, même après avoir liquidé leurs années, comme stipulé par le contrat signé au début de leur résidanat. Le ministère explique cette situation par le besoin actuel en termes de ressources humaines, mais cette situation ne fait que pousser les médecins à abandonner leurs postes, à être plus nombreux à opter pour les postes bénévoles, ou encore à quitter carrément le pays pour la France, la Belgique et surtout l’Allemagne, pays le plus accessible".

Par ailleurs, au bout de la quatrième année de résidanat, ces médecins peuvent passer un examen d’aptitude professionnelle pour décrocher le grade principal, puis le grade exceptionnel, et le hors grade, après tous les quatre ans d'exercice. Ces différents grades leur permettent d’améliorer leur situation financière. Leur salaire augmente alors de 3.000 à 3.800 DH, selon le grade, pour atteindre près de 26.000 DH à la fin de leur carrière.

Une situation qui pourrait être améliorée par la mise en place d'une rémunération variable

Une situation dénoncée par nos sources, qui expliquent "que le ministère tente de résoudre cette problématique à travers la mise en place des dispositions de la nouvelle loi relative à la revalorisation des ressources humaines du secteur".

"En médecine, il n’existe aucun sous-grade après le hors grade, ce qui bloque l’évolution des médecins, notamment d’un point de vue financier. À titre d’exemple, un médecin qui atteint le hors grade à 42 ans gardera le même salaire jusqu’à sa retraite s’il ne quitte pas le secteur public", déplorent-elles.

"Nous demandons alors la création de sous-grades après le hors grades, tandis que le ministère prévoit d’instaurer un salaire hydride, constitué d’une part fixe et d’une part variable, selon le rendement. Cette formule permettra d’un côté aux médecins d’améliorer leurs revenus et, de l'autre, au secteur public d’améliorer son rendement. Ainsi, un salaire d’un médecin ayant effectué 30 opérations par mois ne sera pas le même que celui d'un médecin n’en ayant effectué que 10."

En effet, la rémunération des professionnels de santé est l’une des principales nouveautés du texte de loi relatif à la revalorisation du personnel de santé, qui prévoit l’adoption d’un système efficient de rémunération, comportant une partie fixe qui englobe la rémunération et les indemnités selon les statuts particuliers, et une partie variable relative aux travaux et actes professionnels réalisés, dont les modalités seront fixées par un texte d’application.

Ce texte évoque par ailleurs la création d’un régime permettant à certains professionnels de santé d’exercer certaines fonctions dans le privé, selon un partenariat public-privé, dont les modalités d’application seront fixées par un texte d’application.

Ce texte prévoit également une évaluation régulière des ressources humaines, dont les résultats seront pris en considération dans les incitations notamment.

Enfin, en ce qui concerne les postes bénévoles, le salaire reste très bas : de l’ordre de 3.500 DH. En contrepartie, les médecins spécialistes bénévoles peuvent quitter le secteur public dès la fin de leur spécialité.

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