Le Maroc obtient des victoires contre la cochenille du cactus

Expérimentée ces derniers mois en vue d’éradiquer la cochenille qui dévaste les cactus du pays, la coccinelle trident a réussi à s’adapter à des conditions climatiques difficiles et fait preuve d’une prédation satisfaisante. Médias24 fait le point avec le Dr Rachid Bouharroud, chercheur et expert en entomologie et lutte intégrée des cultures.

Le Maroc obtient des victoires contre la cochenille du cactus

Le 4 mars 2024 à 18h02

Modifié 4 mars 2024 à 18h02

Expérimentée ces derniers mois en vue d’éradiquer la cochenille qui dévaste les cactus du pays, la coccinelle trident a réussi à s’adapter à des conditions climatiques difficiles et fait preuve d’une prédation satisfaisante. Médias24 fait le point avec le Dr Rachid Bouharroud, chercheur et expert en entomologie et lutte intégrée des cultures.

En plus du Plan d’action du ministère de l’Agriculture pour relancer la filière du cactus à travers la plantation de variétés résistantes à la cochenille, l’opération consistant à lâcher des coccinelles tridents contre cette même cochenille affiche des résultats positifs en termes de prédation et d’adaptation climatiques.  

Une bonne nouvelle, car la coccinelle trident est en mesure de participer à la survie des cactus du Royaume, dont la superficie a chuté drastiquement ces dix dernières années. Bien que le cactus soit une plante qui tolère la sécheresse, elle est sans défense face à la cochenille (Ddactylopius opuntia) dont les attaques rapides et répétées sont dévastatrices, occasionnant un important manque à gagner financier pour plusieurs familles. 

Avant l’apparition de la cochenille au Maroc en 2014, les 150.000 hectares de cactus produisaient entre 1,2 et 3,5 millions de tonnes de figues de Barbarie, avec un rendement compris entre 8 et 25 tonnes/hectare, pour un revenu situé entre 20.000 et 40.000 DH par hectare. Mais depuis quelques années, la pénurie de figues de Barbarie s’est accentuée dans le pays, augmentant de facto leur prix qui était compris entre 2 et 4 DH l’unité en juillet 2023.

Afin de stopper la prolifération de la cochenille, la coccinelle Trident, Hyperaspis trifurcata de son nom scientifique, représente le meilleur espoir car elle s’en nourrit exclusivement. Cette espèce a été découverte lors d’une mission d’exploration effectuée en 2017 au Mexique, menée par une délégation de scientifiques marocains, dont des chercheurs de l’Institut national de recherche agronomique (INRA). Quelques années plus tard, une expérience grandeur nature a confirmé tout le bien que ces derniers pensaient de la coccinelle. 

Un impact satisfaisant en termes de prédation

Il y a deux ans, dans le cadre du projet d’expérimentations écologiques de lutte biologique intégrée contre la cochenille, initié par la Fondation Dar Si Hmad, avec l’appui du Programme de microfinancements du Fonds pour l’environnement mondial, un lâcher de 1.000 individus de coccinelle Trident, livrés par la firme SAOAS dans la localité d’Aït Baâmrane (Guelmim-Oued Noun), avait démontré une efficacité et une adaptation satisfaisantes.

Lâcher de coccinelles trident dans la province de Chefchaouen

L’expérience avait été étendue en juin 2023 aux communes de Bni Smih et Bni Gmil, relevant respectivement des provinces de Chefchaouen et d’Al Hoceima. "La coccinelle trident y est toujours présente", assure à Médias24 le Dr Rachid Bouharroud, chercheur et expert en entomologie et lutte intégrée des cultures. 

"Nous avions des craintes quant aux capacités d’adaptation des coccinelles tridents aux conditions climatiques hivernales qui sont difficiles dans le nord du pays, ainsi que les températures records qui ont été enregistrées dans le sud, notamment dans la région de Sidi Ifni. Mais il s’avère qu’après une enquête sur le terrain, elle a réussi à survivre", poursuit notre interlocuteur.  

L’impact de la coccinelle trident en termes de prédation est également satisfaisant dans la zone de Sidi Ifni. "L’avantage de cette insecte est qu’elle n’a qu’une seule proie, en l’occurrence la cochenille. Donc, elle est toujours à la recherche de cette dernière et par conséquent, elle s’étend à plusieurs périmètres", affirme l’expert, membre de l’équipe de recherche à l’origine de la découverte de huit variétés résistantes à la cochenille. 

L’impact des coccinelles trident n’est quant à lui pas encore aussi visible dans les communes de Bni Smih et de Bni Gmil. Et pour cause, "la cochenille y est encore beaucoup trop répandue. Nous n’avons pas encore atteint un équilibre car le nombre d’individus de coccinelle trident que nous avons lâché n’était pas très important. Mais l’expérience est positive, même si les résultats ne sont pas encore visibles", ajoute-t-il. 

En projet, une fédération pour organiser la filière

L’expérience gagnerait à être étendue à d’autres régions du pays, au vu des ravages causés par la cochenille sur les cactus. A ce titre, une fédération pour organiser la filière est en discussion. La création d’un tel organisme est indispensable pour mener à bien cette lutte, notamment sur le plan financier.  

Par la suite, il sera nécessaire de déterminer plusieurs spots stratégiques à partir desquels la coccinelle trident va s’étendre à d’autres zones en quête de cochenille. "Mais auparavant, une étude devra être réalisée au niveau national pour estimer le nombre d’individus de coccinelle trident nécessaires afin de couvrir l’ensemble du territoire", souligne le Dr Rachid Bouharroud. 

En attendant, la stratégie nationale est principalement axée sur les variétés résistantes. En parallèle, les principales zones de production de figues de barbaries sont localisées dans la région de Marrakech, mais aussi "à Sidi Ifni, notamment grâce aux agriculteurs qui maîtrisent davantage les méthodes de lutte", affirme notre interlocuteur. 

En effet, le temps où le cactus était spontané et naturel est révolu. De nos jours, les cactus sont des vergers, entretenus comme n’importe plante fruitière. Raison pour laquelle le rétablissement des cactus dans la région de Marrakech est en bonne voie. C’est dû à l’entretien et l’inspection des champs pour lutter contre la cochenille dès son apparition. Concrètement, il existe deux traitements contre la cochenille.

L’un à base de produits phytosanitaires homologués par l’ONSSA et l’autre d’ordre biologique. "Il y a plusieurs agriculteurs dans la région du Souss, qui ont réussi à éradiquer la cochenille et à cultiver le cactus sans traitement chimique, mais plutôt grâce à des moyens de lutte biologique, dont la lutte physique et la lutte par la taille du cactus pour éviter que la cochenille s’y accroche", complète le Dr Rachid Bouharoud. 

"Il est également possible de la traiter uniquement avec de l’eau sous pression. La fréquence de traitement par contact doit être mensuelle en été et bimensuelle en hiver, car la pression de la cochenille baisse quand les températures sont peu élevées", conclut-il. 

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