Les médecins internes et résidents joignent leurs voix à celle des étudiants

Après les protestations des étudiants en médecine, en boycott ouvert depuis plusieurs semaines, c'est au tour des médecins internes et résidents de faire entendre leurs propres revendications. N'ayant reçu aucun retour de la part des ministères de tutelle, la Commission nationale des médecins internes et résidents demande aujourd'hui à être impliquée dans le dialogue.

Les médecins internes et résidents joignent leurs voix à celle des étudiants

Le 28 février 2024 à 18h34

Modifié 28 février 2024 à 18h51

Après les protestations des étudiants en médecine, en boycott ouvert depuis plusieurs semaines, c'est au tour des médecins internes et résidents de faire entendre leurs propres revendications. N'ayant reçu aucun retour de la part des ministères de tutelle, la Commission nationale des médecins internes et résidents demande aujourd'hui à être impliquée dans le dialogue.

Le cursus médical est terrassé par un effet boule de neige. Après le boycott ouvert décrété par les étudiants en médecine depuis décembre dernier, à la suite duquel les ministères de la Santé et de l'Enseignement ont décidé de hausser le ton en renvoyant les étudiants boycottant les examens au rattrapage, voilà que les médecins internes et résidents élèvent, à leur tour, leur voix.

Dans une transmission vidéo en direct, diffusée le lundi 26 janvier sur sa page Facebook, la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNIR) a levé le voile sur son propre dossier revendicatif.

"Nous considérons que les médecins internes et résidents, acteurs principaux dans les CHU, sont des parties prenantes indispensables à toute tentative de réforme. Malheureusement, ceux-ci ont été exclus de certaines discussions et n'ont pas été considérés durant plusieurs stations du dialogue", a déclaré le Dr Ali Farissi, coordinateur de la CNIR, à cette occasion.

"Nous cherchons à préserver nos acquis, mais également à défendre nos doléances. Nos revendications concernent toutes les filières (médecine, médecine dentaire et pharmacie) et tous les statuts (les résidents bénévoles et contractuels et les internes). En effet, la réforme de la Santé ne peut se faire sans l'amélioration de la situation des ressources humaines qui gèrent les hôpitaux ; les internes qui gèrent les urgences et les résidents qui s'occupent des services. Le dossier revendicatif est légitime et intégral", a-t-il précisé.

Les doléances des médecins internes et résidents

L'internat et le résidanat sont les deux voies d'accès à la spécialité au Maroc, pour les médecins généralistes souhaitant poursuivre des études de spécialité. Le circuit de l'internat peut être emprunté à partir de la 5e année d'études. Ainsi, les étudiants ayant validé tous leurs stages durant cette année peuvent passer un concours d’internat, dont les places sont limitées.

La voie de résidanat est empruntée après 7 ans d’études médicales. Dans le concours de résidanat, deux types de poste sont ouverts : les postes par contrat et les postes bénévoles.

Aujourd'hui, les médecins internes et résidents revendiquent, d'abord, une implication dans les discussions concernant les textes d'application de la loi 08.22 relative à la création des groupements sanitaires territoriaux. Ces premiers appellent également à être impliqués dans la réforme du 3e cycle des études médicales (spécialité).

Leur deuxième revendication concerne les indemnités. Ils demandent ainsi à ce qu'une indemnité de 12.000 dirhams soit accordée aux résidents non contractuels (bénévoles), et que l'indemnité octroyée aux médecins internes augmente à 10.000 dirhams. "Il est inadmissible, qu'en 2024, les bénévoles et les internes touchent encore pas moins de 3.500 DH", a rappelé dans la même lignée le Dr Ali Farissi.

Troisième volet : la formation. Les médecins internes et résidents appellent en effet à réformer l'évaluation de l'examen de spécialité, à travers l'augmentation du coefficient des notes des stages et de la formation continue, en réduisant la valeur de l'examen final de spécialité et en autorisant une session de rattrapage ; à améliorer la formation du résidanat à travers un cahier des charges pédagogiques pour les spécialités médicale, pharmaceutique et dentaire, incluant des indicateurs clairs pour les aspects théoriques et pratiques ; à la gratuité des diplômes universitaires et formations à l'intérieur de l'université, relevant du programme de formation des résidents et financés par les moyens de l'université publique.

Rejet de la carte sanitaire 

La CNIR insiste par ailleurs sur le maintien de la situation réglementaire actuelle pour les internes et les résidents, avec une augmentation de l'attractivité, mettant l'accent sur les points suivants :

- refus de la formule de transfert automatique des médecins contractuels vers les groupements sanitaires territoriaux – à l'instar des autres employés du ministère de la Santé –, en offrant le choix et en préservant les acquis du statut de la fonction publique lors de la mise en œuvre du statut fondamental relatif aux fonctionnaires de la Santé ;

- réduction de la durée des contrats pour les résidents contractuels de 8 ans à 2 ans, et suppression de l'amende dont le médecin doit s'acquitter en cas de démission ;

- maintien du résidanat dans sa forme actuelle ;

- maintien de l'internat et refus de faire de celle-ci une voie d'accès à l'assistanat ;

- rejet de toute tentative d'imposer un service obligatoire pour les médecins, dentistes et pharmaciens spécialistes ;

- octroi de bourses mensuelles aux médecins internes.

La CNIR annonce en outre rejeter la carte sanitaire, estimant qu'elle va à l'encontre du principe d'égalité des chances. Au sujet de l'assurance santé et des soins dans les zones relevant des groupements sanitaires territoriaux, la Commission revendique d'intégrer les médecins internes et les résidents bénévoles dans le système d'assurance maladie obligatoire, en tant qu'étudiants en modifiant et annulant la limite d'âge, et de garantir la gratuité des services fournis dans les centres hospitaliers universitaires pour les internes et les résidents, ainsi que leurs proches au premier degré.

La septième revendication est liée quant à elle aux gardes et au service obligatoire. La CNIR appelle à une augmentation des indemnités de garde de 186 dirhams nets à 500 dirhams, versées dans un délai ne dépassant pas trois mois, et de l'élargir aux médecins internes. Elle insiste également sur l'adoption du repos obligatoire après la garde de nuit, et l'augmentation de l'indemnité pour obligation à 200 dirhams.

L'équivalence des diplômes étrangers est l'autre point relevé par les médecins internes et résidents qui appellent à organiser un examen national d'équivalence pour les Marocains titulaires de diplômes étrangers, équivalent à l'examen final de spécialité.

S'agissant du transfert de la formation des hôpitaux universitaires, la Commission affirme refuser le transfert de la formation depuis les CHU vers les hôpitaux régionaux ou locaux, sauf en cas d'accord avec le représentant des résidents et des internes. La CNIR appelle in fine au maintien des acquis des contractuels avec les CHU et à leur affectation au sein de ceux-ci.

Aucun retour de la part des ministères de tutelle

"L'Association des médecins résidents et internes de Rabat a été convoquée par le ministère de la Santé à la suite de la grève menée par l'Association des médecins résidents et internes de Marrakech. L'accent a été mis sur la nécessité de mener le dialogue avec la Commission nationale et non pas avec une seule association", expliquait le Dr Ali Farissi.

"Une journée d'étude autour des groupements sanitaires territoriaux a été consacrée par la suite au profit de la CNIR. Cette première n'a pourtant pas permis de répondre aux questions que se posent les médecins internes et les médecins résidents", a-t-il noté.

"Le 26 janvier, nous avons adressé une demande au ministre de la Santé pour tenir une réunion afin de présenter notre dossier revendicatif. Nous avons également sollicité le ministère de l'Enseignement supérieur, le 19 février, au sujet de la préparation du 3e cycle. Nous n'avons reçu aucun retour depuis. Cela signifie que les deux ministères excluent la CNIR des discussions. Nous les appelons à cette occasion à nous ouvrir la porte du dialogue".

La CNIR a également exprimé son rejet du dernier communiqué conjoint des ministères de tutelle, par le biais duquel ces derniers avaient annoncé, en ce qui concerne les résidents et les internes :

- le maintien de l'internat et du résidanat ;

- l'unification des statuts juridiques des résidents, tout en œuvrant à préserver les acquis et à la réduction de la durée de l'engagement de 8 à 3 ans pour la promotion 2025 et au-delà. Chaque résident, après la fin de la période d'engagement de 3 ans, pourra continuer à travailler à sa demande ;

- les résidents bénéficieront d'un salaire mensuel équivalent à l'indice 509, ainsi que des indemnités spécifiées dans la loi relative aux métiers de la santé.

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