Aides financières directes : un impact haussier attendu sur le cash en circulation

Les versements sur comptes des aides sociales directes ont débuté fin décembre 2023. Dans une forte proportion, un retrait quasi immédiat est effectué en cash auprès des banques et établissements de paiement. Cette fin de semaine, la troisième opération de versement des ASD sera effectuée. Trois millions de personnes sont attendues pour récupérer leurs aides.

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Aides financières directes : un impact haussier attendu sur le cash en circulation

Le 28 février 2024 à 18h22

Modifié 4 mars 2024 à 9h46

Les versements sur comptes des aides sociales directes ont débuté fin décembre 2023. Dans une forte proportion, un retrait quasi immédiat est effectué en cash auprès des banques et établissements de paiement. Cette fin de semaine, la troisième opération de versement des ASD sera effectuée. Trois millions de personnes sont attendues pour récupérer leurs aides.

Fin décembre 2023, les premières aides sociales directes ont été versées aux ménages les plus vulnérables. La cible de cette initiative concerne 60% des familles qui ne sont actuellement pas couvertes par des régimes de couvertures sociales. Il s’agit d’une initiative utile et nécessaire pour aider les populations les plus vulnérables du pays, particulièrement dans des temps de crise et après deux années marquées par une forte inflation.

D’après les présentations du chef du gouvernement, un total de 25 MMDH sera versé cette année, pour ensuite atteindre 29 MMDH par an à partir de 2026. Pour rappel, le gouvernement et la Banque centrale ont exigé que ces aides soient acheminées exclusivement via des comptes de paiement ou des comptes bancaires, et non par cash.

Une précision qui a son importance lorsque l’on sait l’impact, sur le cash en circulation, des aides directes versées aux ménages en 2020 durant le Covid. Alors que d’année en année, le cash en circulation progressait de 6% à 8%, il avait connu une envolée de près de 19% à 301 MMDH. D’autres facteurs ont participé à cette forte hausse, notamment la peur et l’incertitude induites par la crise sanitaire.

 

Un cash out total sur les aides versées depuis fin décembre

Mais malgré le changement de modus operandi concernant la délivrance de ces aides sociales directes par rapport à celles de la crise Covid, un impact sur le cash en circulation pourrait bien être enregistré.

Ces aides sociales, rappelons-le, sont versées sur des comptes et non remises en cash directement aux populations cibles. Cependant, elles pourraient avoir une incidence sur le cash en circulation dans le pays. Malgré le fait que cet argent quitte les caisses de l’État pour atterrir sur un compte, l’impact sur la monnaie fiduciaire est là.

Comme nous l’explique Hazim Sebbata, président de l'Association Professionnelle des Etablissements de Paiement (APEP), il y a fondamentalement peu ou pas de différence avec les aides attribuées durant la période Covid. "Elles étaient distribuées en cash directement. Aujourd’hui, elles passent via des virements, qui sont cependant immédiatement retirés sous forme de cash. On en revient donc exactement à la même chose, dans le sens où c’est comme s’il s’agissait d’une mise à disposition, mais cela transite par un compte", explique-t-il.

Depuis le début de l’opération de versement des aides, fin décembre 2023, Hazim Sebbata nous explique que la notion même de détention de compte ne semble pas pleinement appréhendée par les bénéficiaires. "Les gens qui se présentent, souvent, ne savent pas qu’ils détiennent un compte. Ils viennent dans un établissement pour y retirer l’aide sociale directe, et non pour effectuer un retrait depuis leur compte. Ils ne connaissent pas la notion de solde restant sur le compte. La personne arrive avec sa CIN et son téléphone. Elle ne présente pas un numéro de compte ou un RIB pour retirer un montant spécifique. Elle vient clairement pour retirer son argent d’aide directe et de fait, le solde retombe à zéro immédiatement", poursuit-il.

La troisième distribution d’aides interviendra à la fin de cette semaine. "L’opération a commencé fin décembre. On parlait alors d’un million de personnes venues chercher leurs aides. Il y en avait le double fin janvier, et là on table sur 3 millions de personnes globalement dans les jours à venir. Je suppose qu’il va y avoir exactement le même comportement de retrait immédiat", explique le DG.

Cet argent est donc massivement retiré sous forme de cash va aggraver l'indicateur de la circulation fiduciaire pour être ensuite injecté dans l’économie réelle. Quels impacts potentiels cela pourrait-il avoir ?

Un premier pas timide vers la bancarisation mais une hausse des coûts de traitement

Ces aides versées aux populations ciblées vont aller principalement, si ce n’est exclusivement, à la consommation. Elles seront donc surtout injectées chez les petits commerçants.

Contacté par Médias24, Adil Douiri, banquier et économiste, nous explique : "Cet argent-là sera dépensé chez l’épicier, le pharmacien, le médecin... Il sera dépensé dans tous les cas. Le fait qu’il soit dépensé en cash plutôt qu’en virement électronique permet au commerçant qui le reçoit de ne pas payer la TVA par exemple, sachant que la TVA ne s’applique qu’aux commerces qui enregistrent plus de 2 MDH de chiffre d’affaires. Le tout petit épicier est donc hors champs de TVA ; il n’y a de ce fait aucun impact".

Cependant, des structures de tailles légèrement intermédiaires pourraient être susceptibles de ne pas déclarer cet argent du fait de son encaissement en cash. In fine, "cela pourrait avoir un impact, à la marge, sur les recettes fiscales de la catégorie de petits commerçants. Là où les gens dépensent en somme", poursuit-il.

La hausse de la circulation fiduciaire que ces aides pourrait entraîner impactera également les coûts de traitement du cash de Bank Al-Maghrib, ainsi qu’un potentiel léger manque à gagner pour l’administration fiscale.

Mais pour Adil Douiri, ce premier pas dans une démarche d’inclusion financière est un bon signal. "La hausse du cash en circulation a une répercussion sur le coût du traitement du cash pour la Banque centrale et une conséquence probable pour les impôts. Plus il y a de cash en circulation, moins il y a de gens qui paient leurs impôts. Après, le fait d’avoir permis d’ouvrir des comptes à ces personnes est déjà un premier pas.

Elles ont un compte bancaire ou un compte de paiement. Espérons qu’elles utilisent progressivement ces dispositifs. Pour le moment, ça n’a pas l’air d’être le cas, mais il faut patienter, les aides sociales ne sont versées que depuis deux mois", conclut notre interlocuteur.

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