Textile : après une année compliquée en 2023, début timide pour 2024

L’année 2024 démarre mal pour le secteur du textile au niveau local. Malgré les soldes lancés par de nombreuses enseignes, les achats restent timides à ce jour. Contacté par nos soins, un acteur du secteur s’attend à ce que le démarrage de la nouvelle saison se fasse vers la deuxième semaine de février.

Textile : après une année compliquée en 2023, début timide pour 2024

Le 19 janvier 2024 à 10h47

Modifié 19 janvier 2024 à 11h06

L’année 2024 démarre mal pour le secteur du textile au niveau local. Malgré les soldes lancés par de nombreuses enseignes, les achats restent timides à ce jour. Contacté par nos soins, un acteur du secteur s’attend à ce que le démarrage de la nouvelle saison se fasse vers la deuxième semaine de février.

2023 n’a pas été facile pour le secteur du textile et 2024 démarre mal. C’est ce que s’accordent à nous dire deux acteurs bien informés du secteur, joints par Médias24.

Baisse du pouvoir d’achat des consommateurs

"Sur le marché local, il y avait un effet ciseaux", estime l’un d’eux. "D’une part, il y a eu la hausse des droits de douane de 30% à 40%, qui a été bénéfique pour le secteur. Les acteurs, qui en avaient ressenti l'effet bénéfique, et qui avaient de nouveau confiance dans le marché local, avaient commencé à y réinvestir", ajoute notre source.

"D’un autre côté, il  y a eu les conséquences de tous les conflits au niveau international, notamment la guerre en Ukraine, le Covid, et jusque-là, le conflit au Moyen-Orient, qui ont fortement affecté le pouvoir d’achat des consommateurs".

"Il y a donc eu un effet ciseaux entre ces deux aspects, et ces conflits ont généré une inflation qui a impacté le pouvoir d’achat des consommateurs, et par ricochet la consommation des produits non essentiels, tels que le textile!".

"Lorsque les consommateurs font un arbitrage, c’est souvent le budget de l’habillement qui en prend un coup, au profit des produits essentiels, alimentaires notamment. La consommation locale dans le secteur reste donc très faible", poursuit notre interlocuteur.

A cela s’ajoute également "la météo très particulière de cette année. La sécheresse influence énormément les achats, même au niveau de l’habillement. Le fait qu’il fasse chaud et qu’il ne pleuve pas n’encourage donc pas les consommateurs à acheter des habits, d’autant plus qu’on est au mois de janvier. Il n’a jamais fait autant chaud en cette période de l’année".

Même constat pour un autre acteur du secteur qui nous confie que "les six premiers mois de 2023 ont été bons pour le secteur, tandis que le second semestre de l’année passée a été catastrophique. De nombreux acteurs n’ont travaillé que durant deux mois. C’est donc durant le deuxième semestre de 2023 que les acteurs du secteur ont ressenti l’entrée en pleine crise, qui nous attend encore en 2024".

L’année 2024 démarre mal

En ce qui concerne l’année 2024, "le démarrage reste très calme. Plusieurs entreprises sont encore fermées. Le démarrage de la nouvelle saison se fera à partir de la deuxième semaine de février", estime la même source.

Pour le reste de l’année, "les prévisions ne sont pas spectaculaires. Il y a une réticence à la reprise, et ce n’est pas en cette année qui démarre que le Maroc fera des performances dans le secteur du textile. Il faudra ainsi que les acteurs soient prudents dans les achats notamment".

Et notre interlocuteur de poursuivre : "Malheureusement, on ne peut pas augmenter notre capacité de production. Il faudra plutôt la diminuer, pour rester avec une musculature de marathon et non pas de sprint".

Même son de cloche auprès de notre première source : "En ce début d’année 2024, les deux premières semaines de janvier ont été très mauvaises en termes de consommation, malgré le fait que certaines enseignes ont déjà démarré les soldes. La baisse du pouvoir d’achat se fait donc sentir concrètement sur les soldes", nous confie-t-elle.

"L’année dernière, l’exploit de l’Equipe nationale du Maroc à la Coupe du monde avait donné beaucoup d’optimisme au consommateur, et avait ainsi boosté la consommation. J’espère que notre équipe fera un beau parcours".

Qu’en est-il de l’export ?

Au niveau de l’export, les chiffres sont bons à fin novembre 2023. Les indicateurs mensuels des échanges extérieurs publiés lpar l’Office des changes avaient démontré une bonne tenue du secteur textile et cuir, dont les ventes à l’étranger avaient augmenté de l’ordre de 2 milliards DH (MMDH).

Il en était de même un mois auparavant, où les exportations du secteur textile et cuir s’accroissaient de 5,7% ou +2.313 millions de DH (MDH). Cette hausse était attribuable à l’augmentation des ventes des vêtements confectionnés (+7,4% ou +1.907 MDH) et des articles de bonneterie (+5,9% ou +465 MDH).

Quel impact de la hausse du Smig en Turquie sur le secteur au Maroc ?

Vers fin décembre 2023, le gouvernement turc avait annoncé une hausse de 49% du salaire minimum, qui a pris effet à partir du 1er janvier 2024. Quel impact pourrait avoir une telle mesure sur le secteur textile au Maroc ?

"Cette annonce aura un effet positif sur le Maroc", estime l’une de nos sources. "On pourrait ainsi voir de grands groupes quitter la Turquie ou revenir en masse au Royaume, parce que la confection en Turquie accusera une chute".

"Dans ce sens, j’ai d’ailleurs été contacté par de nombreux fournisseurs turcs qui demandaient de l’aide pour passer leurs commandes futures au Maroc", conclut-elle.

Et notre autre source de souligner : "Le problème de la Turquie, c’est qu’elle se trouve dans un cycle très important de dévaluation, induit par sa politique économique. L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat en interne s’ajoutent ainsi à d’autres évènements extérieurs".

"Il y a une perte importante du pouvoir d’achat en Turquie, qui a été compensée par le gouvernement par des hausses massives des salaires minimums. On espère que la compétitivité marocaine va s’améliorer face à la Turquie, d’autant plus que ce pays a augmenté ses droits de douane à 100% pour protéger son marché local et bénéficie de subventions et d’avantages extrêmement importants au Maroc".

"Sur les marchés à l’export, on commence déjà à entendre des acteurs turcs se plaindre. Certains ont également commencé à réfléchir à délocaliser leurs activités. D’habitude, c’est au Bangladesh ou dans des pays vers l’Asie que les Turcs s’installent. J’espère qu’ils se retourneront vers le Maroc et qu’ils viendront produire au Royaume, mais aussi qu’ils seront des concurrents moins féroces", conclut notre interlocuteur.

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