Heatmap : chaleur inédite dans la province d’Al Haouz malgré l'hiver

À l’échelle nationale, ce mois de janvier a connu une vague de chaleur inhabituelle. Avec un record d’événements climatiques en 2023 (augmentation des températures, feux de forêt, déficit pluviométrique…), doit-on s’attendre à une année plus sévère en termes de chaleur ?

Heatmap : chaleur inédite dans la province d’Al Haouz malgré l'hiver

Le 17 janvier 2024 à 18h49

Modifié 17 janvier 2024 à 19h21

À l’échelle nationale, ce mois de janvier a connu une vague de chaleur inhabituelle. Avec un record d’événements climatiques en 2023 (augmentation des températures, feux de forêt, déficit pluviométrique…), doit-on s’attendre à une année plus sévère en termes de chaleur ?

Partout dans le monde, l’année 2023 s’est caractérisée par un record de phénomènes climatiques (sécheresse, inondations, raréfaction des eaux fraîches, températures extrêmes, acidification des océans…). Au Maroc, l’impact de ces aléas climatiques a influencé la sécurité alimentaire et hydrique du pays : diminution des surfaces de production agricole, augmentation des prix des légumes, retard des précipitations, déficit des barrages...

Après tout juste deux semaines, l’année 2024 s’annonce d’ores et déjà inédite, avec une vague de chaleur exceptionnelle pour un mois d’hiver où l’on espérait davantage de précipitations. La vague de chaleur a été ressentie à l’échelle nationale le week-end dernier (12-14 janvier 2024). Durant cette période, plusieurs villes ont enregistré des maximas anormaux (Mohammédia : 31, 2°C, Casablanca : 31°C, Agadir : 31°C, Sidi Ifni : 31,3°C et Marrakech : 28°C).

Située au sud de Marrakech, la province d’Al Haouz constitue un panier alimentaire pour la ville de Marrakech. Grâce à son périmètre irrigué, l’agriculture est le principal contributeur au développement du Haouz.

Cette activité agricole est soutenue par plusieurs barrages (Lalla Takerkoust, Ouirgane, Moulay Youssef, Abou El Abbas Essebti) et par les terres fertiles dont dispose la province. Sur le plan géomorphologique, la province se présente sous la forme d’une plaine entourée de montagnes, d’où le nom "Al Haouz" ("enclos" en français).

Aujourd’hui, le développement de la province est fragilisé par le séisme du 8 septembre 2023 et par les effets profonds des changements climatiques qui prennent plus d’ampleur d’une année à l’autre.

En temps normal, la province d’Al Haouz se caractérise par un hiver très dur qui s’intensifie dans les altitudes. Cependant, le week-end dernier a connu une vague de chaleur inhabituelle lors du mois censé être le plus froid de l’année.

Ci-dessous, nous avons compilé une Heatmap de la province d’Al Haouz. Elle correspond aux températures nocturnes d’après le relevé satellitaire du 13 janvier 2024 à 22 heures (GMT+1) :

L’examen de la carte met en évidence plusieurs zones ayant enregistré des températures supérieures à la normale :

(1) Les températures les plus élevées (supérieures à 25°C) sont enregistrées dans la commune de Talat N’Yaaqoub ;

(2) Les températures chaudes sont enregistrées dans les plaines (entre 20°C et 25°C) ;

(3) Dans les montagnes, les températures diminuent en fonction des altitudes pour atteindre un minimum aux alentours de 5°C dans quelques points culminants.

Le caractère brutal et intense des changements climatiques freine le développement. Dans le Haouz, l’agriculture vivrière dominante est plus exposée à ces chocs par des impacts directs sur la population (dépeuplement, chômage, pauvreté…). En ces moments critiques, l’adaptation au changement climatique devra prendre plus de vitesse, surtout dans les zones vulnérables telles que la province d’Al Haouz, qui concentre les indicateurs sociaux les plus bas.

Ci-dessous, la Heatmap reconstituée par nos soins à partir d'images satellites [réservée aux abonnés] :