À Casablanca, la libération de l'espace public ciblant les marchands ambulants fait débat

ROUND UP. Une vaste campagne de libération de l’espace public a été lancée à Casablanca par le nouveau wali, Mohamed Mhidia. Les marchands ambulants, seuls concernés à ce stade, devraient, selon nos sources à la commune, se voir proposer d'autres options.

À Casablanca, la libération de l'espace public ciblant les marchands ambulants fait débat

Le 3 décembre 2023 à 11h00

Modifié 3 décembre 2023 à 11h01

ROUND UP. Une vaste campagne de libération de l’espace public a été lancée à Casablanca par le nouveau wali, Mohamed Mhidia. Les marchands ambulants, seuls concernés à ce stade, devraient, selon nos sources à la commune, se voir proposer d'autres options.

De nombreuses photos et vidéos circulant depuis plusieurs  jours sur les réseaux sociaux montrent une campagne de libération de l’espace public par les autorités locales de Casablanca.

Selon nos interlocuteurs à la commune de la ville, cette campagne est focalisée sur les marchands ambulants, alors que de nombreux cafés exploitent illégalement l’espace public du Grand Casablanca, sans payer leurs taxes. Nos sources estiment ainsi que cette campagne devrait également intégrer cet aspect de l'occupation illégale de l'espace public.

"L’occupation de l’espace public pose problème depuis des années à Casablanca", nous explique Abdullah Abaakil, représentant du PSU au conseil communal de la métropole. "Ce que les gens voient le plus souvent, ce sont les marchands ambulants. Mais en réalité, certaines terrasses de café sont également dans l’illégalité", ajoute-t-il, regrettant le fait que la campagne en cours "soit focalisée exclusivement sur les marchands ambulants".

"Certains cafés sortent quotidiennement leurs tables sur les terrasses ou trottoirs, et mettent des paravents pour protéger les gens du soleil. Il y en a carrément qui construisent des extensions, bloquant ainsi la circulation des piétons en particulier, sans autorisation. Ce genre de pratique a également énormément de nuisances, visuelles notamment, et doit être pris en considération".

Deux types d’autorisations d'exploitation de l'espace public à Casablanca

"Un espace public ne peut être occupé que dans le cadre légal", nous explique Houcine Nasrallah, vice-président du conseil de la ville de Casablanca, chargé de l’urbanisme, contacté par nos soins.

Selon la loi 57.19 relative au régime du patrimoine immobilier des collectivités territoriales, "il y a deux types d’autorisations attribuées par la commune dans ce sens. Il s’agit de l’autorisation pour l’exploitation du domaine public avec emprise au sol, telles les terrasses couvertes, ainsi que l’exploitation des terrasses sans emprise au sol, seulement avec des tables et des chaises par exemple dans le cas des cafés et restaurants".

Abdullah Abaakil déplore pour sa part énormément de failles dans cette loi, et parmi celles-ci, l'exclusion des marchands ambulants. "Certes, les marchands ambulants sont dans l’informel, mais les lois en vigueur régissant l'espace public ne prévoient pas la location à cette catégorie de personnes".

Les marchés de proximité, une fausse bonne idée ?

Et pour faire face à cette situation, et leur permettre d'exercer légalement, un programme de mise en place de marchés de proximité a été initié en 2015 en vue de regrouper les anciens marchands ambulants, dans la capitale économique notamment, et dans d’autres villes du Royaume. À Casablanca, plusieurs élus confirment son échec.

"Pour régler la problématique de ces marchands, il faut d’abord stopper l’hémorragie du chômage", estime Houcine Nasrallah. "Le problème de ces marchés de proximité a trait à leur capacité d’accueil. Ces marchés sont construits sur la base d’un recensement des marchands ambulants de chaque arrondissement. Sauf que le temps de réaliser le projet, ce nombre augmente fortement, et le marché devient incapable d’absorber le nombre réel de marchands ambulants".

Un constat partagé par Abdullah Abaakil, qui estime que "le principe des marchés de proximité était dès le début une mauvaise idée".

"Ce programme est insuffisant" a-t-il ajouté, "dans la mesure où il y a toujours une différence entre le nombre réel de marchands ambulants, qui évolue de jour en jour, et la capacité d’accueil du marché de proximité".

"Le chômage est endémique au Maroc, et les gens essaient de survivre par tous les moyens. On ne peut donc pas empêcher les gens de chercher le moyen de survivre".

"Selon mes informations, il y a trois marchés de proximité à Casablanca", souligne Abdullah Abaakil. "Beaucoup ont été retardés et d’autres n’ont pas abouti. Celui de Aïn Chock, par exemple, a connu énormément de retard. Au départ, 240 demandes y ont été déposées. Mais, le temps que le projet soit finalisé, ce nombre est passé à 700, donc 500 demandes supplémentaires auxquelles l’arrondissement ne pouvait répondre".

Et de poursuivre : "La situation sociale ne s’améliore pas. C’est un problème de fond, auquel il faut s’attaquer. On se retrouve à présent avec un flot ininterrompu de jeunes qui arrivent sur le marché, et qui essaient par tous les moyens de se débrouiller".

"Dans d’autres pays qui souffrent également de ce phénomène, des solutions innovantes ont été mises en place, notamment des conditions d’exploitation en contrepartie d’une bonne hygiène et la fixation de plages horaires… C’est dans ce sens que nous devons alors nous diriger, au lieu de nous contenter de l’impasse des marchés de proximité".

"Nous avons le choix entre deux incidences sociales"

Houcine Nasrallah relève une autre problématique. "Dans la vie réelle, nous sommes confrontés à faire le choix  entre deux incidences sociales. Certes, les marchands ambulants n’ont pas d’alternative, mais d’un autre côté, les commerçants se plaignent".

"À titre d’exemple, dans un marché de fruits et légumes, les marchands ambulants sont nombreux à l’entrée, ce qui pénalise les commerçants à l'intérieur qui, eux, créent des emplois et paient leurs taxes. À un certain moment, les responsables sont tenus de faire des choix. Et le seul choix possible, c’est de faire respecter la loi. Toutefois, il est très important de réfléchir à une alternative pour les marchands ambulants".

"À ce stade, personne n’a de solution concrète à cette problématique, mais il faut qu’on prenne le temps d’en parler pour trouver des solutions définitives".

Le vice-président lance à cette occasion un appel à tous les citoyens pour faire preuve d'un comportement éthique et responsable. "La loi relative à la gestion du patrimoine immobilier de la ville a ouvert la porte aux terrasses de café notamment, qui occupent l’espace public, pour le faire dans les règles de l’art, avec un cahier des charges bien défini et en payant les taxes qu’il faut. J'appelle alors ces personnes à faire preuve de citoyenneté et à régulariser leur situation. Ces ressources nous permettront de trouver des solutions pour les autres catégories, notamment les marchands ambulants".

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