De nouveaux détails concernant l'arnaque sur WhatsApp au Maroc

Depuis la publication de notre article, les nombreux messages reçus de la part de personnes victimes de tentatives d’arnaque témoignent d‘une hausse préoccupante de cette nouvelle forme d’escroquerie. L’approche et le mode opératoire sont toujours les mêmes, l’habillage, lui, est différent.

De nouveaux détails concernant l'arnaque sur WhatsApp au Maroc

Le 26 octobre 2023 à 17h34

Modifié 27 octobre 2023 à 7h24

Depuis la publication de notre article, les nombreux messages reçus de la part de personnes victimes de tentatives d’arnaque témoignent d‘une hausse préoccupante de cette nouvelle forme d’escroquerie. L’approche et le mode opératoire sont toujours les mêmes, l’habillage, lui, est différent.

Nous l’avions dévoilé en début de semaine, pas moins de 50 personnes au Maroc ont déclaré avoir été victimes d’une arnaque sur WhatsApp, après l’alerte de l'expert en cybersécurité Amine Ghzal, via LinkedIn.

Les appels pour contacter les victimes potentielles proviennent majoritairement du Canada, des Etats-Unis, du Sri Lanka et d’Afrique centrale et subsaharienne. Les numéros marocains ne sont apparus que récemment : depuis trois semaines, selon l’expert qui suit l’affaire de près.

Celui-ci nous assure que, depuis la publication de notre premier article, il a reçu six autres victimes, dont le CEO d’une petite entreprise. L'expert nous fait également savoir que plusieurs victimes avec lesquelles il a échangé n’osent pas porter plainte, parce qu’elles ont honte, estimant que "le droit ne protège pas les imbéciles", et qu’elles ne gagnent donc rien à porter plainte.

Même approche, différents contours

Les arnaqueurs ne se limitent pas à envoyer des messages sur WhatsApp. Nous avons remarqué récemment qu'ils essayaient de joindre les numéros de téléphone qu’ils ont dans leur base de données. Une observation confirmée par notre interlocuteur.

Très peu de gens répondent au téléphone lorsqu'ils voient un numéro étranger, de peur d'être facturés d'une grosse somme d'argent par l'opérateur téléphonique marocain. Nous avions répondu à un des appels mystères pour mieux comprendre l'approche des arnaqueurs : silence radio.

Selon notre interprétation, il s'agirait d'appels automatiques pour s’assurer que le numéro marocain trouvé aléatoirement existe bel et bien, avant de passer à l'étape suivante : celle d'envoyer le message d'introduction "au job de rêve".

Nous avons épluché tous les messages trompeurs envoyés par les arnaqueurs, dont nous détenons copie. Ces derniers se présentent comme des agents ou des responsables en ressources humaines d'agences de communication qui empruntent différents noms selon le message. Après vérification, ces entreprises n'existent pas, mais les noms s'apparentent à des sociétés réelles "Ogince Digital Marketing", "Meta Optimizers Media Group"...

Des publicités sponsorisées sur les réseaux sociaux

Plusieurs publicités sponsorisées apparaissent également sur Instagram et TikTok. Comme on peut le voir sur les captures d’écran ci-dessous : les publicités trompeuses utilisent le logo de la banque CIH et promettent des rémunérations allant jusqu’à 1.000 dirhams en moyenne par jour, en échange d’une activité qui n’est pas détaillée mais qui se limite à "2 à 5 heures de travail par jour à distance".

Seule condition requise :  avoir plus de 25 ans. Un détail qui n’est pas vérifié lorsqu'on accepte de faire ce travail, comme on a pu le constater, à la suite de notre échange avec le numéro mystère. L'objectif de ce groupe d'arnaqueurs est incontestablement de ratisser large et de cibler le maximum d'internautes en diversifiant leur stratégie de communication.

Qui sont ces arnaqueurs ?

Comme nous l'avions détaillé dans le précédent article, une fois que la victime mord à l'hameçon et qu'elle réalise les tâches simples qui consistent en des commentaires sur les résaux sociaux en échange d'une rémunération allant jusqu'à 30 dirhams par tâche, celle-ci est invitée à créer un compte Telegram.

À ce moment-là, les missions des victimes potentielles consistent en des virements effectués vers des comptes marocains, selon certaines plaintes déposées auprès du procureur du roi, dont Médias24 détient copie.

Les arnaqueurs vendent à la victime l’illusion d’avoir le statut d'"employé". Puis l’arnaque passe au niveau supérieur une fois que les victimes commencent à investir de l’argent sur cette plateforme, en effectuant des virements sur un compte marocain fourni par les escrocs pour recevoir en échange 300% de la somme, nous expliquait l'expert en cybersécurité.

"Après trois virements en moyenne, la personne arnaquée est supprimée du groupe de discussion Telegram et ne peut plus récupérer la dernière somme investie, généralement assez conséquente". Les sommes varient. Comme précisé sur cet e-mail partagé par l'expert, une victime qui veut garder l'anonymat a été arnaquée de 22.300 dirhams le 21 septembre dernier.

Un e-mail d'une victime de l'arnaque nationale sur WhatsApp

Quelques dizaines de plaintes ont été déposées. Une source autorisée nous confirme qu'une des banques marocaines mentionnées dans les plaintes a gelé les comptes bancaires qui reçoivent ces virements frauduleux, mais plusieurs zones d'ombre subsistent.

Qui sont ces arnaqueurs ? S'agit-il d'une bande organisée étrangère, marocaine ou d'une personne qui met l'intelligence artificielle à son service ? Qui sont ces personnes qui reçoivent les virements bancaires ? Sont-elles elles-mêmes victimes des arnaqueurs, comme le suggère notre expert ? Comment les arnaqueurs, s'ils sont réellement étrangers, font-ils pour sortir l'argent du Maroc ? Le service de lutte contre la cybercriminalité de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) s'est-il saisi de cette affaire, et quelles sont les sanctions encourues ?

Des points d'interrogation sur lesquels Médias24 reviendra.

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