Le complexe sportif Mohammed V de Casablanca sera fermé le 8 novembre prochain, nous avait appris dans un article précédent Karim Glaibi, membre de la commission de suivi du stade.

Décidée initialement pour fin septembre, sa fermeture a été reportée à début novembre afin de permettre, notamment au Wydad, de jouer ses matchs en marge de la Super League africaine. Cette décision a également été motivée par le séisme survenu le 8 septembre dernier dans la province d’Al Haouz. Le match du Wydad-Conakry, qui devait se dérouler le 30 septembre dernier à Marrakech, a finalement eu lieu dans la métropole, puisque les conditions dans la ville ocre ne permettaient pas d’accueillir une telle manifestation.

Toutefois, si elle est nécessaire pour répondre aux exigences techniques de la Confédération africaine de football (CAF) pour l’organisation de la CAN 2025, cette fermeture impactera significativement les recettes des clubs casablancais, à savoir le Wydad et le Raja, dont les matchs seront transférés dans d’autres stades plus petits, ou en dehors de la ville.

Réaménagement et réhabilitation en préparation à la CAN 2025

Le complexe sportif de Casablanca sera fermé durant 13 à 14 mois en préparation de la CAN 2025, dont l’organisation a été attribuée au Maroc. Il sera réhabilité et réaménagé pour répondre aux exigences du cahier des charges de la CAF, dont les équipes ont déjà effectué de premières visites au Royaume et émis leurs remarques quant aux changements à réaliser.

Malgré le report de sa fermeture à novembre, les travaux préparatoires touchant aux infrastructures du stade ont déjà démarré en octobre. Ces derniers sont sans impact sur la pelouse et les gradins, le but étant de gagner du temps. Le stade devra être prêt vers la fin du mois de décembre 2024, et au plus tard, vers début janvier 2025.

Ces travaux sont réalisés par la Sonarges, qui a récupéré la gestion du stade début octobre 2023, à la suite d’une convention signée entre ladite société, la commune de Casablanca, l’arrondissement de Casablanca-Anfa et le ministère de l’Education nationale.

Dans une déclaration à Radio Mars il y a quelques jours, Abdellatif Naciri, vice-président du conseil de la ville de Casablanca, chargé du Sport, avait expliqué que ce complexe sera transformé d’un lieu silencieux, et dérangeant en fin de semaine et à la fin des matchs, en un lieu vivant, avec toutes les activités qu’il proposera.

Ce stade dispose déjà d’un théâtre de 190 places, d’une piscine couverte, d’une salle couverte et bientôt d’un musée des sports. Toutes ces infrastructures pourront, après réhabilitation, accueillir les Casablancais. "L’idée est de réconcilier le terrain avec le milieu qui l’entoure", a expliqué Naciri, notant que "les travaux examinés proposent de nombreuses solutions d’accès au stade, la gestion des sorties, le réaménagement de l’espace dédié à la presse et l’élargissement des zones VIP, qui comptent à ce jour une trentaine de places seulement".

La capacité d’accueil du stade ne sera pas augmentée

"Le gazon sera également remplacé, et le drainage refait en totalité. Par ailleurs, il sera doté de quatre vestiaires aux normes, puisque le stade pourrait accueillir deux matchs successifs, au lieu des deux vestiaires actuels, ainsi que d’un parking interne". Le démarrage effectif des grands travaux de réaménagement, touchant à la pelouse et aux gradins, aura lieu après la fermeture officielle du stade, le 8 novembre prochain.

Toujours au micro de Radio Mars, Abdellatif Naciri a confié que le scénario d’élimination de la piste d’athlétisme pour augmenter la capacité d’accueil du stade de 10.000 à 15.000 places supplémentaires a été étudié, mais n’a finalement pas été retenu.

A ce jour, la capacité d’accueil du complexe sportif Mohammed V s’élève à 45.000 places, contre une demande allant jusqu’à 90.000 supporters. Mais les discussions ont démontré que le temps pour des travaux de cet ampleur est limité. "Une telle opération nécessite une étude approfondie parce qu’il s’agit d’un terrain très ancien. De plus, l’élimination de ladite piste fera de Casablanca une ville sans piste d’athlétisme. Malgré le fait qu’elle ne soit pas utilisée actuellement, elle représente un plus qu’on doit garder."

Les matchs du Raja transférés a priori au stade Père-Jégo

Selon une source du Raja de Casablanca, jointe par nos soins, "après la fermeture du complexe, le club recevra au stade Père-Jégo. Rien n’est encore officiel, mais on est sûr à 95% que les matchs du Raja seront transférés dans ce stade, dont la capacité d’accueil s’élève à 8.000 places".

"Certes, Laarbi Zaouli est plus grand, avec une capacité d’accueil de 11.000 places, mais ce dernier n’est pas aux normes, avec des difficultés d’accès notamment pour les supporters, et un risque de débordement. Même si sa capacité est supérieure à celle de Père-Jégo, on favorise l’aspect sécuritaire au détriment de l’impact financier."

En effet, Naciri avait confié à Radio Mars qu’une commission technique de la commune a déjà visité un ensemble de terrains à Casablanca, notamment celui de Larbi Zaouli, Tessema, Moulay Rachid, Stade Philip (Larbi Benbarek) et Père-Jégo. "Ce dernier est le mieux en état de recevoir les matchs des deux clubs casablancais."

"Laarbi Zaouli n’est pas en mesure de recevoir de telles matchs avec des supporters, parce qu’il manque, entre autres, d’infrastructures sanitaires. Sa réhabilitation nécessitera au moins 10 mois. Pour ce qui est de Moulay Rachid, ses infrastructures sont en bon état, mais il n’y a pas de drainage pour le gazon. Il est doté d’un gazon naturel qui doit être réhabilité."

Une convention dans ce sens entre la commune de Casablanca, la région de Casablanca-Settat, le ministère de l’Education nationale et des sports et la Sonarges est d’ailleurs prévue d’être examinée le 19 octobre prochain pour la réhabilitation de tous ces stades, qui accueilleront les évènements qui seront organisés en parallèle de la CAN 2025.

Une marge de perte allant jusqu’à 1 million de DH par match pour le Raja

"Le basculement du complexe sportif de Casablanca a un autre stade impactera les recettes du club, notamment d’un point de vue financier", assure notre source au Raja, "étant donné qu’on passe d’environ 40.000 tickets vendus par match à 8.000 si on fait le plein à Père-Jégo".

"La vente de billets se fait autour de 40.000 tickets" nous confie-t-il, "même si la capacité du complexe est de 45.000 places. On n’atteint jamais le maximum. Il y a toujours une marge de sécurité à respecter. Donc on tourne aux alentours de 35.000 à 40.000 tickets vendus par match, pour une recette de près de 1,5 million de DH brut en moyenne pour chaque rencontre, hormis le derby où on peut monter jusqu’à 2 MDH brut".

"Ce basculement entrainera une marge assez conséquente de perte de recette pour le club. On parle de 500.000 à 600.000 DH de recettes brutes à Père-Jégo, soit un manque à gagner d’environ 1 MDH par match."

Durant l’année, "dans le cadre de la Botola, nous recevons 15 matchs à domicile. Il y a toutefois d’autres évènements, tels que les matchs de la Coupe du Trône, dont le nombre à domicile varie selon la programmation, sans parler des compétitions africaines. Pour la Coupe du Trône, on peut recevoir 2 à 3 matchs à domicile. L’année dernière, on n’en a reçu qu’un".

Le minimum de matchs joués par le Raja à domicile s’élève donc à 15 par an. Si l’on fait le calcul, c’est un minimum de 15 MDH brut de perte sur l’année, rien que sur les matchs de la Botola, si le club fait le plein.

Est-ce que le club sera dédommagé par la commune ? "Pour l’instant, rien n’a été décidé. C’est toujours en discussion", nous explique notre source. "Le comité, via le président de la commission d’organisation, est en contact direct avec les autorités locales pour savoir effectivement qu’est-ce qui pourrait être fait pour les clubs qui basculeront vers un autre stade. Nous ignorons pour l’instant s’il y aura un dédommagement ou des aides, mais tout cela est encore en cours de discussion. Rien n’a été validé", conclut notre interlocuteur.

Les matchs du Wydad joués à Marrakech ou Agadir ?

C’est du moins ce que nous confie une source du club, contactée par Médias24. "Les autres stades de la métropole ne sont pas en mesure de recevoir nos matchs. Ils ne sont pas aux normes. Le club est donc en train d’étudier d’autres possibilités, notamment de délocaliser ses matchs au niveau des grands stades de Marrakech ou d’Agadir. Mais c’est une décision délicate à prendre, dans la mesure où, certes ce sont de grands stades, aux normes et disposant des capacités suffisantes d’accueil. Mais la majorité des supporters du Wydad sont casablancais, et tous ne peuvent pas faire le déplacement à chaque match durant toute une année".

En effet, la capacité du Grand Stade de Marrakech s’élève à 41.356 places, contre 42.000 pour le stade d’Agadir. Elles sont donc presque similaires à celle du complexe sportif de Casablanca, mais les stades ne seront pas remplis comme c’est le cas à Casablanca, où la demande est deux fois supérieure à la capacité d’accueil.

En termes de recettes, le club Wydadi revendique entre 2,5 et 3 MDH bruts en moyenne à chaque match, sans parler du derby, où les recettes augmentent largement.

Tout comme le Raja, le Wydad joue 15 matchs de Botola à domicile, en plus des autres manifestations, à savoir la Champions League et la Super League notamment. Ce qui lui fait, au minimum, entre 37,5 et 45 MDH bruts par an. Notre source, qui ignore à ce stade à combien s’élèveront les pertes à la suite de ce basculement puisque le stade où les matchs seront transférés n’a pas encore été décidé, nous assure toutefois qu’elles seront significatives pour le club.