Dans une interview accordée ce vendredi 13 octobre à Médias24, Habiba Laklalech, directrice générale de l’ONDA, revient sur les projets de mise à jour et de création d’infrastructures aéroportuaires et sur la future capacité d’accueil des aéroports internationaux du Maroc à l'horizon 2030.

"Avant toute chose, je dois préciser que je suis ravi de voir comment la ville de Marrakech attire des gens du monde entier, à l'occasion des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale.

"Malgré le séisme, à fin septembre, le trafic aérien a dépassé le niveau d'avant-Covid, et on s'attend à ce que, d'ici la fin de l'année, on réalise un véritable record historique de plus de 25 millions de passagers, soit une augmentation de 3% à 4% par rapport à 2022.

"Ainsi, l’aéroport de Tanger a réalisé un taux de récupération, par rapport à l'année de référence 2019, de 144%, celui d'Agadir de 111%, Fès de 123%, Nador de 136%, Marrakech de 107%, Tétouan de 559% et, enfin, l'aéroport de Casablanca de 84% à cause de la baisse du trafic aérien de la RAM qui avait vendu une dizaine d'avions pendant la période du Covid. Cela dit, après la signature du contrat-programme qui ambitionne de quadrupler la flotte de la compagnie nationale, 2024 permettra de récupérer tout le trafic perdu à Casablanca.

"La transformation en cours de l'ONDA en société anonyme va nous permettre de diversifier les sources de financement et d'apporter un peu plus de souplesse en termes de gestion.

"D'opérateur local, l’ONDA ambitionne de devenir un opérateur global qui pourra délivrer les meilleurs standards en termes de service de navigation aérienne et de développement de l'exploitation aéroportuaire, tout en s'adaptant aux enjeux nationaux et internationaux.

"Le statut actuel de l'ONDA ne le permet pas mais, à terme, nos aéroports deviendront de véritables lieux de vie qui incarneront l'identité du territoire où ils se trouvent, et qui permettront aux différents opérateurs économiques de rayonner au-delà des frontières marocaines.

"En effet, les grands aéroports deviendront des Business Units, dont le capital sera ouvert à tous les investisseurs intéressés bien avant l'horizon 2030. C'est d’ailleurs déjà le cas de l'aéroport de Marrakech qui dispose de plus d'autonomie de gestion, avec une séparation organisationnelle des activités de navigation aérienne et de l'exploitation commerciale.

"De plus, les petits aéroports, qui accueillent moins d'un million de passagers par an, auront pour principale mission de participer au désenclavement régional.

"Concernant les projets d’aménagement, nous venons de mettre en place, en juin dernier, une nouvelle zone d'arrivée à l'aéroport de Casablanca, qui offre beaucoup plus de capacité pour les passagers et permet de fluidifier le trafic, avec plus de postes de contrôle et une expérience client très positive.

"Le délai de traitement de passager international à l'arrivée a été réduit de manière significative, à savoir de 30%. La prochaine étape sera de rénover le circuit de livraison des bagages, avec de nouveaux tapis de dernière génération pour que les passagers n'attendent pas longtemps. Idem pour le circuit de transit plus fluide vers l'Afrique qui sera mis en service à la fin 2023.

"Une nouvelle piste a été inaugurée dernièrement à l'aéroport de Tétouan pour accueillir des avions gros porteurs de type A 380 ou Dreamliner 787. Sachant qu'il connaît une croissance incroyable en termes de trafic aérien, un nouveau terminal, qui va multiplier par cinq la capacité d'accueil, sera mis en service à partir de 2026.

"Nous avons aussi un projet de nouveau terminal à Rabat, avec une capacité additionnelle de 4 millions de passagers qui sera fonctionnel à la fin de l'année prochaine.

"L'aéroport de Tanger a aussi connu quelques aménagements au niveau du terminal 1 qui est devenu un terminal dédié aux arrivées, tandis que le deuxième terminal qui sera réservé aux départs entrera en service dans quelques mois.

"Nous avons également réaménagé la zone départ de l'aéroport de Marrakech pour augmenter sa capacité d'accueil de 6,5 millions de passagers à 8 millions à l'horizon 2024 en attendant la construction d'un nouveau terminal opérationnel entre 2027 et 2028.

"En dehors de ces réaménagements, l’ONDA va mettre l'accent pour améliorer la qualité de traitement des passagers, avec des contrôles automatisés de dernière génération et toutes les innovations technologiques.

"Nous avons identifié des projets prioritaires de construction de nouveaux terminaux à Tanger, Marrakech et Agadir qui connaissent quelques signes de saturation ; mais le schéma aéroportuaire qui est en train d'être constitué par la Direction générale de l'aviation civile permettra de tracer une feuille de route pour les quinze prochaines années qui décidera peut-être de construire de nouveaux aéroports.

"En outre, un effort sera accompli au niveau de l'aéroport Mohamed V de Casablanca pour accompagner le programme de développement de la compagnie nationale, avec un nouveau terminal qui permettra de passer d'une capacité d'accueil globale de 17 millions à 30 millions.

"À l'issue de l'étude de programmation qui démarre bientôt, la capacité globale du Maroc devrait atteindre à l’horizon 2030 environ 60 millions contre 40 millions aujourd’hui et, à plus long terme, elle devrait doubler d’ici 2040.

"En réalité, le vrai défi ne consistera pas uniquement d’augmenter la capacité d’accueil de nos aéroports, mais plutôt d’optimiser la gouvernance avec tous les acteurs concernés (walis, gouverneurs…)".