En temps de pénurie, les eaux usées sont une alternative crédible : 100 Mm3 de potentiel annuel

Alors que les ressources en eau conventionnelles s’amenuisent d’année en année, la réutilisation des eaux usées épurées sont une option de repli, principalement pour irriguer les espaces verts des grandes villes et certaines parcelles agricoles fourragères. À l’horizon 2030, l'objectif est d’atteindre 100 millions de mètres cubes d’eau traitée par an.

En temps de pénurie, les eaux usées sont une alternative crédible : 100 Mm3 de potentiel annuel

Le 21 septembre 2023 à 17h14

Modifié 21 septembre 2023 à 17h39

Alors que les ressources en eau conventionnelles s’amenuisent d’année en année, la réutilisation des eaux usées épurées sont une option de repli, principalement pour irriguer les espaces verts des grandes villes et certaines parcelles agricoles fourragères. À l’horizon 2030, l'objectif est d’atteindre 100 millions de mètres cubes d’eau traitée par an.

Face à la pénurie d’eau, le Maroc n’a eu d’autres choix que de développer et multiplier les sources de l’offre hydrique. Outre les stations de dessalement et le transfert des ressources en eau pour équilibrer la cartographie hydrologique du pays, la réutilisation des eaux usées épurées (REUSE) est plus que jamais d’actualité. 

Ce n’est donc pas surprenant si la REUSE est l’un des cinq piliers du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027, "notamment pour alimenter les 21 projets d’arrosage de golfs répartis dans 45 provinces et couvrant les 12 régions du pays", précise la Direction générale de l'hydraulique, relevant du ministère de l’Equipement et de l’eau. 

Au-delà des terrains de golf, les 100 millions de mètres cubes (Mm3) d'eau traitée visés par le PNAEPI, à l’horizon 2030, devraient également servir à l'irrigation des espaces verts et des terrains de sport. Mais aussi à l'usage industriel et à l'irrigation de certaines cultures vivrières et fourragères. Une ambition dont l’application est particulièrement avancée dans plusieurs villes du Royaume où le ministère de tutelle compte 158 stations d'épuration des eaux usées (STEP). 

Les grandes villes sont logiquement plus avancées

À Tanger et Tétouan, la société de gestion et de distribution de l’eau, Amendis, a économisé 6,3 Mm³ d’eau potable entre 2016 et 2021 grâce à la réutilisation des eaux usées, soit l’alimentation en eau potable d’une ville de 55.000 habitants. Cette réutilisation se fait à travers trois STEP : Tamuda Bay et Boukhalef 1 & 2. Amendis vise des économies de l’ordre de 2,8 Mm³ par an à partir de 2023. 

À Rabat et Casablanca, les STEP se multiplient également. Dans la capitale économique, le programme intégré de réutilisation des eaux usées traitées pour l’arrosage des espaces verts et des golfs, dans les communes de Casablanca et de Mohammédia, s’articule autour de six projets de traitement des eaux usées, de stockage, de transfert et de distribution des eaux usées traitées, portés par la société de développement local (SDL), Casablanca Baia : 

- projet mutualisé pour l’arrosage de la promenade maritime de la mosquée Hassan II et du Royal Golf d’Anfa ; 

- projet d’arrosage du parc de la Ligue arabe ; 

- projet mutualisé pour l’arrosage des espaces verts longeant l'autoroute urbaine (A3) et des parcs Alesco et Ben Msik ; 

- projet mutualisé pour l’arrosage du parc Moulay El Hassan, du jardin de la préfecture de  Mohammédia et du Royal Golf de Mohammédia ; 

- projet d’arrosage du parc du Pôle d’Anfa ; 

- projet mutualisé pour l’arrosage des parcs Isesco et l’Hermitage.

À Rabat, des stations sont en cours de construction. Mais d'autres sont déjà actives, comme la station de prétraitement des eaux usées (SPRET). En outre, 27 des 74 villes relevant du bassin hydraulique du Sebou sont dotées de stations d’épuration. Le taux de traitement des eaux usées en milieu urbain est de 59%, alors que celui des rejets industriels ne dépasse pas 30%. "L’objectif d’ici 2050 est de rabattre la pollution de plus de 70%", promet l'Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS). 

Une expérience concluante à Tiznit

À Marrakech, "d'importants investissements ont été réalisés en termes de rationalisation de la demande et d'épuration des eaux usées afin de les réutiliser", a affirmé Nadia El Hilali, directrice générale de la Régie autonome de distribution d’eau et d'électricité de Marrakech (RADEEMA), lors du Congrès international de l’eau, organisé à Fès, en juillet 2023. 

Pour preuve, entre 2012 et 2023, "72 Mm3 d'eaux usées épurées ont été produites. Acheminées via 87 km de conduites opérationnelles, ces eaux ont permis d'arroser les jardins publics de la ville ocre, 15 golfs et surtout la palmeraie Oulja", a-t-elle précisé. 

De surcroît, comme nous l’indiquions dans un précédent article, la REUSE a été au cœur d’une expérience concluante à Tiznit. Située à moins de deux heures d’Agadir, la Station d’épuration des eaux usées de Tiznit permet désormais l’exploitation et l'irrigation de plusieurs dizaines de parcelles, longtemps abandonnées en raison de la pénurie d’eau qui sévit dans la région Souss-Massa.

Grâce à cette station, deux plantes fourragères, le sorgho et la luzerne, sont cultivées dans 665 parcelles sur une superficie de 433 ha : 207 ha sur la rive droite de l’oued Toukhsine, et 226 ha sur la rive gauche. La facturation s'établit à 0,50 DH, 0,75 DH ou 1 DH le m3.

Une pratique réglementée 

La réutilisation des eaux usées et des boues d’épuration est strictement encadrée par des textes réglementaires. Ainsi, la réutilisation de l’eau usée doit être conforme aux normes de qualité requises selon l’usage et l’exploitation, fixées par voie réglementaire.

Les eaux usées épurées ne doivent pas être réutilisées pour la boisson, la préparation, le conditionnement ou la conservation de produits ou denrées alimentaires. La REUSE ne doit pas non plus être autorisée pour le lavage ou le refroidissement des récipients ou autres objets destinés à contenir des produits ou denrées alimentaires.

En sus, toute réutilisation des eaux usées est soumise à autorisation de l’agence de bassin hydraulique, après avis de l’administration. À quelques exceptions près : 

- le recyclage interne des eaux usées par l’attributaire de l’autorisation ou de la concession de prélèvement d’eau ; 

- la réutilisation des eaux usées issues des dispositifs d’assainissement autonomes agréés. Cette utilisation doit être déclarée à l’agence de bassin hydraulique.

S’agissant de l’autorisation de réutilisation des eaux usées, sa durée ne peut dépasser 20 ans, renouvelable. Cette autorisation est suspendue ou révoquée sans indemnité dans les cas suivants : 

- si les eaux font l'objet d'une utilisation autre que celle autorisée ;

- en cas d’arrêt de l’épuration des eaux usées lorsque celle-ci est obligatoire ;

- en cas de détérioration de la qualité des eaux usées épurées.

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