Comment le Fonds Mohammed VI peut révolutionner la Bourse de Casablanca

Au-delà de ses effets sur le financement de projets et des fonds propres des entreprises, ce véhicule d’investissement va créer un cercle vertueux dans le secteur de la haute finance, boostant l’industrie du capital risque et préparant, par ricochet, les firmes financées à s’émanciper en recourant au marché des capitaux. Avec 75 sociétés cotées actuellement, la Bourse de Casablanca peut facilement doubler ses listes de cotation d’ici 2030.

Comment le Fonds Mohammed VI peut révolutionner la Bourse de Casablanca

Le 23 juillet 2023 à 16h45

Modifié 23 juillet 2023 à 16h45

Au-delà de ses effets sur le financement de projets et des fonds propres des entreprises, ce véhicule d’investissement va créer un cercle vertueux dans le secteur de la haute finance, boostant l’industrie du capital risque et préparant, par ricochet, les firmes financées à s’émanciper en recourant au marché des capitaux. Avec 75 sociétés cotées actuellement, la Bourse de Casablanca peut facilement doubler ses listes de cotation d’ici 2030.

Les effets directs de l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I) sont connus : financer à travers des opérations de private equity des entreprises − des grandes comme des PME − dans des secteurs à fort potentiel de développement. Cela se fera à travers des fonds thématiques, opérant dans les secteurs de l’infrastructure, la tech et l’innovation, le tourisme, l’industrie, l’eau, l’énergie… Une partie de ses fonds thématiques interviendra via des injections de capitaux durs et des prises de participation directes dans les entreprises sélectionnées.

Le montant des investissements projeté en equity est élevé, il est est libellé en dizaines de milliards de DH, pour une dotation totale de 45 milliards de dirhams. Un montant énorme qui sera réparti, dans une première vague, sur au moins une centaine d’entreprises ou de projets, selon les estimations d’un professionnel du capital risque, et qui produira un effet de levier estimé entre 120 à 150 milliards de dirhams en termes de financements, comme révélé par le patron du fonds, Mohamed Benchaâboun, dans Médias24.

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Une nouvelle génération d’entreprises sera préparée à s’introduire en Bourse

Vu la vocation du FM6I, les entreprises qui seront financées sont des firmes ayant besoin de fonds propres et n’ayant pas un accès direct au marché des capitaux pour effectuer des levées. D’un point de vue purement financier, c’est une nouvelle génération d’entreprises qui d’habitude se finance auprès des banques, qui va intégrer l’industrie du private equity, ouvrir son tour de table à un investisseur institutionnel, entrer dans une logique de transparence financière, de bonne gouvernance, de reportings réguliers, d’exigence d’efficacité opérationnelle et financière.

Une étape importante pour les préparer ensuite à s’émanciper, un fonds de private equity n’étant pas censé rester éternellement dans le tour de table des cibles financées. Et la voie royale de sortie d’un capital risqueur n’est autre que la Bourse, à travers des IPO.

"C’est exactement le schéma qui peut vraiment permettre un vrai décollage de la Bourse de Casablanca, qui n’arrive toujours pas à attirer de nouvelles sociétés. Quand on passe l’étape du capital risqueur, on est généralement prêt et ouvert à l’idée de s’ouvrir sur le marché des capitaux. Et c’est l’un des principaux freins actuels aux introductions en Bourse. Le Fonds Mohammed VI va contribuer en quelque sorte à institutionnaliser le tour de table d’une nouvelle génération d’entreprises, à les accompagner dans leur développement. Mais l’objectif ultime doit être de pérenniser leur accès au financement de leur fonds propres pour assurer leur développement futur. Cela ne peut se faire que via le marché boursier", souligne notre source.

Bien sûr, toutes les sorties qui vont se faire dans un terme de cinq ans ou sept ans, selon l’horizon d’investissement de chaque fonds thématique et la maturité de chaque entreprise, peuvent passer par d’autres canaux. Comme la cession des parts acquises par le FM6I à un autre fonds d’investissement ou à plusieurs fonds qui prendront le relais pour assurer une autre phase de développement de l’entreprise. Mais selon diverses sources du marché, l’idéal serait de privilégier la voie de la Bourse de Casablanca. Et cela dépend de plusieurs paramètres, comme la volonté de l’entrepreneur d’entrer en Bourse, la maturité de son projet, les valorisations qui seront offertes, mais aussi de la volonté politique de l’Etat et du FM6I de participer à l’essor du marché marocain des capitaux.

Un remake des opérations de privatisation par la Bourse des années 1990

"Si sur 100 entreprises financées en capitaux propres dans les trois prochaines années, on arrive à conduire 50 entreprises en Bourse d’ici 2030, ce serait excellent. Cela permettra de presque doubler la taille du marché, de mettre du papier frais dans le circuit pour permettre à des institutionnels marocains de continuer d’investir en Bourse, de diversifier leur portefeuille, mais surtout de pérenniser les sources de financement de ces entreprises pour qu’elles puissent continuer d’avoir accès aux capitaux et d’assurer leur développement futur. Vu son caractère public, le Fonds Mohammed VI peut jouer un rôle important dans ce cercle vertueux en mettant sur orbite une nouvelle génération de sociétés cotées, pour casser les freins psychologiques qui empêchent la Bourse de se développer", ajoute notre expert.

L’Etat avait d’ailleurs déjà joué ce rôle d’accélérateur du marché à la fin des années 1990 et début des années 2000, en privilégiant pour les grandes opérations de privatisation la voie de la Bourse de Casablanca. Cela a permis de mettre sur le marché des valeurs comme la BMCE, la Samir, Maroc Telecom… Ce qui a créé un effet d’entraînement sur tout le marché et ouvert l’appétit d’autres grandes entreprises privées à faire des IPO, ou du moins des levées de dette sur le marché obligataire.

Cette dynamique créée dans les années 1990 et 2000 peut être reproduite, avec une ampleur encore plus grande, à travers l’intervention du FM6I. Cela fera bouger non seulement la Bourse de Casablanca et les entreprises qui y seront nouvellement cotées, mais boosterait toute l’industrie de la haute finance, en hibernation depuis plus d’une dizaine d’années.

"La Bourse, c’est tout un écosystème. Une opération d’introduction en Bourse ou de levée de capitaux fait travailler plusieurs intervenants : les banque d’affaires, les commissaires aux comptes, les cabinets de conseil juridique, les sociétés de Bourse qui font le placement des titres, des boîtes de communication, et dans une seconde étape, les brokers qui font du trading sur ces titres, les sociétés de gestion d’actifs… En plus du secteur du capital risque qui peut doubler voire tripler de taille avec le Fonds Mohammed VI, c’est toute l’industrie de la finance qui se remettra en marche si l’on s’inscrit dans cette démarche et cette finalité de privilégier les sorties par la voie de la Bourse", explique notre acteur du marché. C’est dire que le marché casablancais s’apprête à vivre sa deuxième révolution, après celle du début des années 1990…

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