Ressources, modélisation des nappes, économie d'eau… Comment est surmonté le déficit hydrique dans le bassin du Tensift

Malgré la pénurie d'eau que traverse le pays, l'approvisionnement constant de la ville ocre en eau potable est assuré grâce à de multiples mesures qui permettent également d'économiser jusqu'à 17 millions de m3 par an. L'ambition est d'en économiser dix fois plus à l'horizon 2050.

Ressources, modélisation des nappes, économie d'eau… Comment est surmonté le déficit hydrique dans le bassin du Tensift

Le 9 juillet 2023 à 11h51

Modifié 10 juillet 2023 à 13h35

Malgré la pénurie d'eau que traverse le pays, l'approvisionnement constant de la ville ocre en eau potable est assuré grâce à de multiples mesures qui permettent également d'économiser jusqu'à 17 millions de m3 par an. L'ambition est d'en économiser dix fois plus à l'horizon 2050.

À cause de la baisse des ressources en eau, le bassin hydraulique du Tensift, dont dépend la ville de Marrakech, affiche un déficit hydrique de l'ordre de 583 millions de m3 par an. Sachant que la consommation en eau potable de la ville ocre peut atteindre 250.000 m3 par jour, une gestion efficace et économe des ressources s'est imposée d'elle-même.  

"L'approvisionnement constant de Marrakech en eau potable est assuré sans perturbations depuis trois ans, grâce notamment à un plan d'action où l'économie des ressources est centrale", s'est félicité Mohammed Chtioui, lors de son intervention au 3e Congrès international sur l'eau et le climat, organisé les jeudi 6 et vendredi 7 juillet 2023 à Fès.

A ce titre, le directeur de l'Agence du bassin hydraulique de Tensift (ABHT) a mis en avant une multitudes de mesures clé qui ont contribué "à gérer le stress de l'eau en s'appuyant sur plusieurs projets pilotes et sur une activité de recherche scientifique soutenue". 

Un bilan hydrique est déficitaire à hauteur de 583 Mm3

Le bassin hydraulique de Tensift s'étend sur 26.054 km² pour une population d'environ 3 millions d'habitants, dont le tiers vit à Marrakech. Les capacités hydriques du bassin s'établissent comme suit :

- ressources superficielles : 982 Mm3/an ;

- ressources souterraines : 950 Mm3/an ;

- le capital eau par habitant est de 430 m3/an

A noter que selon la définition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) :

- le stress hydrique, ou pénurie d'eau, correspond à un apport situé dans la fourchette 1.000 à 1.700 m3 par habitant et par an;

- la rareté de l'eau correspond à un apport inférieur à 1.000 m3 par habitant et par an.

Autrement dit, le bassin de Tensift est dans une situation de rareté de l'eau.

En termes de consommation, la demande s'articule autour de l'eau potable, l'irrigation et l'industrie. Le bilan hydrique est déficitaire à hauteur de 583 Mm3. Et pour cause, ces ressources sont confrontées à plusieurs écueils, "dont une baisse de 20% depuis 1940, la surexploitation des eaux souterraines (0,5 à 4,5 m/an) et l'envasement des barrages (perte de 3.2 Mm3/an)", déplore le directeur de l'ABHT. 

Et de souligner qu'en même temps, "la demande augmente de 3% par an". De fait, une gestion efficace des ressources hydriques est nécessaire dans ce bassin qui alimente l'une des plus grandes métropoles du Royaume, Marrakech, qui est également la première destination touristique du pays. 

Transfert d'eau et dessalement

Pour pallier le déficit hydrique et répondre aux multiples demandes et besoins en eau de Marrakech, entre autres zones desservies par le bassin de Tensift, l'ABHT bénéficie d'une diversification des ressources dont le transfert de ressources en eau, notamment à partir du barrage Al Massira, situé à plus d'une centaine de kilomètres. 

Mais la baisse des ressources du deuxième plus grand réservoir artificiel du Royaume implique de trouver d'autres solutions, à l'instar du dessalement d'eau de mer.

"Prochainement, nous alimenterons Marrakech également avec de l'eau dessalée produit par l'OCP, à l'image de Safi et El Jadida", annonce Nadia El Hilali, directrice générale de la Régie autonome de distribution d’eau et d'électricité de Marrakech (RADEEMA). 

A cela s'ajoutent des économies en eau importantes et transversales qui atteignent, depuis 2012, 17 Mm3 par an, avec pour objectif d'en épargner dix fois plus à l'horizon 2050. En agriculture, les mesures prises pour préserver au maximum la ressource se déclinent comme suit : 

- suivi de la consommation en eau dans les zones irriguées à l'aide de produits satellitaires ;

- quantification des prélèvements d'eau d'irrigation à partir des nappes pour une actualisation en permanence des bilans et une modélisation hydrogéologique ;

- suivi des autorisations de creusement et de prélèvement d'eau souterraine ; 

- identification des parcelles qui consomment plus que le volume annuel alloué et des bassins d'irrigation ; 

- suivi de l'activité agricole aux alentours des champs captant d'eau potable.

Pour ce qui est des économies en usage domestique et industrielle, elles s'articulent autour d'un plan d'action et de gouvernance fondé sur quatre piliers :

- réparer : réparer immédiatement les fuites entraînant une perte d'eau ;

- réduire : mettre en œuvre des actions pour réduire la consommation d'eau ;

- rattraper : faire les ajustements, les mises à niveau et autres modifications nécessaires pour utiliser efficacement l'eau potable ;

- remplacer : remplacer les équipements obsolètes ou inefficaces par de nouveaux modèles efficaces et économes d'eau.

 

Rationalisation de la demande 

En ce sens, "d'importants investissements ont été réalisés en termes de rationalisation de la demande et d'épuration des eaux usées afin de les réutiliser", affirme Nadia El Hilali. Le Plan d'action de rationalisation de la demande en eau se base sur un programme de détection des fuites, de modulation de pression, d'actions de sensibilisation et d'identification de solutions par typologie de consommateurs pour la préservation de la ressource", ajoute-t-elle. 

En matière de généralisation progressive de l'utilisation des ressources non conventionnelles (eau usée traitée) pour l'irrigation des espaces verts de Marrakech, les golfs et la palmeraie, c'est une opération menée à bien depuis plus de dix ans. 

Entre 2012 et 2023, 72 Mm3 d'eaux usées épurées ont été produites. Acheminée via 87 km de conduites opérationnelles, ces eaux ont permis d'arroser les jardins publics de la ville ocre, 15 golfs et surtout la palmeraie Oulja.

Colmatage des fuites d'eau et installation de compteurs

Partant du principe que le réchauffement climatique et la pénurie d'eau sont amenées à s'aggraver dans le pays et en particulier dans le bassin hydraulique du Tensift, il s'agira de poursuivre sur cette lancée. "Il sera capital d'assurer le colmatage des fuites d'eau et d'installer des compteurs d'eau sur les puits et des horloges sur les pompes de puits", souligne M. El Hilali.

À moyen terme, des limiteurs de pression seront également installés, avec une optimisation de l'usage de l'eau traitée achetée de la RADEEMA. Outre la mise en place d'un observatoire de la consommation durable, à plus long terme, il est prévu une mise à niveau du réseau de distribution d'eau, une amélioration du traitement tertiaire d'eau usée traitée, ainsi que la création de petites entreprises locales spécialisées dans la détection de fuites. Ces structures seront accompagnées par les équipes de la RADEEMA, de l'ONEE et de l'ABHT. 

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