Sonasid : une bonne résilience dans un environnement plus concurrentiel

| Le 8/7/2023 à 10:46
Le groupe a connu au premier semestre un effet prix moins favorable qu'à la même période l'an dernier. La concurrence sur le marché est plus rude et certains volumes de ventes, notamment le fil machine, sont en baisse du fait de la présence de produits sud-européens. Néanmoins, le groupe surperforme le marché sur le rond à béton. La fibre d'acier connaît un grand succès, et les capacités de production pourraient doubler d'ici 2024.

Le groupe Sonasid a affiché, au premier trimestre de l’année, des revenus en stagnation à 1.343 MDH par rapport à la même période en 2022. Après l’envolée des matières première en mars 2022 et le coup d’arrêt porté au secteur de la construction, le groupe évolue depuis l’année dernière dans un contexte de forte instabilité.

Cette année, il est assujetti à un marché plus concurrentiel et profite moins des cours avantageux de l’acier, qui ont reculé. Cependant, le groupe demeure bien armé pour faire face à cette conjoncture moins favorable qu’à la même période l’an dernier. Médias24 s’est entretenu avec son directeur général, Ismaïl Akalay, pour faire le bilan du premier semestre écoulé et des perspectives du groupe.

Un premier semestre sans effet prix positif et plus concurrentiel

Le groupe a annoncé qu’il allait afficher un résultat net social en retrait significatif par rapport à la même période en 2022. Une donnée confirmée par le directeur général du groupe à la conclusion du premier semestre. Cela est notamment causé par un effet prix défavorable sur la période.

"Comme nous l’avons déjà annoncé dans notre communiqué des résultats du premier trimestre, ce premier semestre 2023 sera moins bon que celui de l’an dernier. Et pour cause, en 2022, le groupe avait bénéficié d’un effet prix très favorable sur cette période, avec l’envolée des matières premières. Nos résultats se situeront probablement au même niveau que le second semestre de 2022. Nous avons cependant pu contenir l’effet défavorable de la conjoncture grâce à la bonne exécution de notre plan stratégique, avec notamment le lancement réussi de la fibre d’acier et de notre nouveau centre de recherche et développement à Jorf Lasfar", note Ismaïl Akalay.

Sur la première moitié de l’année, le groupe a vu une hausse des prix de la ferraille sur le marché local, qui l’a poussé à s’approvisionner à l’étranger pour limiter l’impact sur ses marges. "Avec l’arrivée d’un nouvel entrant sur le marché de la ferraille locale, les prix ont connu une hausse significative et ont atteint des niveaux nettement supérieurs à ceux des importations. De ce fait, nous avons été contraints d’orienter une part importante de nos achats 'ferraille' vers les Etats-Unis et l’Europe", nous apprend Ismail Akalay. Pour cela, Sonasid bénéficie de son adossement au géant ArcelorMittal qui a acheté deux grands ferrailleurs européens, anciens fournisseurs du groupe pour sécuriser son approvisionnement.

L’autre aspect ayant pénalisé le groupe a trait à la conjoncture globale immobilière et à l’arrêt des logements sociaux. L’activité étant en partie corrélée à l’évolution de la consommation de ciment, des baisses des volume de ventes ont été constatées. "L’arrêt des logements sociaux a affecté notre activité. Le marché de la sidérurgie a perdu 10 à 15 Kt de consommation de rond à béton par mois. À la suite des annonces du gouvernement, nous attendons avec impatience que les aides aux primo-acquéreurs portent leurs fruits et relancent le marché à partir de l’an prochain", précise Ismaïl Akalay.

Le groupe a pâti d’une baisse de ses volumes de ventes de fil machine en raison de la baisse de la demande et d’une forte concurrence issue des importations. Néanmoins, pour ce qui est du rond à béton, Sonasid a pu surperformer le marché. "Nos ventes de rond à béton au sein du groupe n’ont pas autant souffert que le ciment. Nous avons pu maintenir une croissance sur le rond à béton durant le premier semestre. Là où nous avons perdu du volume, c’est sur le fil machine. Mais ce dernier représente moins de 10% de notre activité."

Les importations d’Espagne et du Portugal concurrencent fortement le marché local

Ce recul des ventes en fil machine, observé sur la première moitié de l’année, s’explique par la forte concurrence des importations portugaises et espagnoles et le retrait de la demande sur la période.

"Au mois de juin, des quantités importantes de fil machine et de rond à béton ont été importées sur notre marché, la surcapacité actuelle en Europe du Sud ayant alimenté un trend baissier sur les prix", explique Ismail Akalay. À mentionner qu’en Europe, les acteurs ont connu une forte baisse des prix du gaz par rapport à l’an dernier, qui les a rendus plus compétitifs sur le marché international.

L’un des autres facteurs relatifs à la concurrence, et qui concernera le groupe cette année, c’est la fin de la sauvegarde sur le rond à béton. Cependant, l’impact devrait être limité sur Sonasid, notamment pour ce qui est de la concurrence des produits turcs. "Les mesures de sauvegarde sur le rond à béton arriveront à échéance en octobre de cette année. Elles imposent une taxe de 50 euros la tonne importée de rond à béton au-delà des quotas. Le plus grand concurrent sur ce produit est la Turquie, mais à l’expiration des mesures de sauvegarde, les droits de douane seront de 36% sur le produit originaire de ce pays, ce qui est plus élevé que les 50 euros appliqués actuellement", annonce le directeur général de Sonasid.

En dépit de ces difficultés conjoncturelles, le groupe dispose d’arguments pour maintenir son cap de développement. Notamment avec l’amélioration constante de ses procédés industriels et le développement de nouveaux produits à forte valeur ajoutée qui rencontrent d’ailleurs un vif succès.

Cap vers un doublement de la production de fibre d’acier d’ici 2024

Le groupe, malgré la conjoncture globalement maussade, a tout de même pu miser sur le bon comportement des grands projets d’infrastructures à travers le pays.

"Nous avons fait de très bons résultats sur ce marché-là, car il y a de plus en plus de chantiers qui démarrent et sur lesquels nous sommes positionnés. C’est le cas du port de Dakhla et celui de Laâyoune, qui sont déjà lancés, ainsi que plusieurs barrages. Il y a également beaucoup de constructions d’usines dans les zones industrielles, et nous avons déjà commencé à leur livrer la fibre d’acier. Nous l’avons également exportée au Canada, en Afrique du Sud, et en France pour la construction du métro de Paris", nous confie Ismail Akalay.

À l’échelle locale, il y a d’ailleurs un engouement pour la fibre qui est supérieur à ce qui était attendu, car elle permet d’accélérer le déploiement des travaux de construction. Le groupe avait prévu dans son business plan de réserver 80% de la production de fibre d’acier au marché export et 20% au marché local. Même s’il est encore un peu tôt pour pouvoir définitivement trancher, le directeur général du groupe nous révèle "qu’il se peut que l’on dépasse les 20% sur le marché marocain".

"Nous comptons doubler la production de la fibre à horizon 2024 et passer ainsi à 30 Kt", poursuit-il. Naturellement, cela dépendra des délais de livraison des machines supplémentaires permettant de réaliser ce produit.

Sonasid table également sur l’amélioration continue de son appareil industriel pour améliorer ses coûts de production et, ainsi, sa compétitivité sur le marché.

Une optimisation des coûts et une certification acier vert qui se rapproche

Pour améliorer sa compétitivité, le groupe table sur les résultats de son centre de recherche de Jorf Lasfar. "Notre centre de recherche a pour objectif d’optimiser nos coûts de production. Nous sommes sur la bonne voie pour résister aux variations des cours de l’acier. Nous valorisons nos déchets de mieux en mieux, ce qui génère un EBITDA additionnel", explique le directeur général du groupe.

Dans le cadre de son développement et de la conquête de son marché export, Sonasid poursuit son processus de certification de son acier par les instances européennes.

"Nous sommes en phase de certification de nos bilans carbone. Nous disposons d’un premier chiffrage et nous serons audités par un organisme allemand d’ici début 2024. Cela constituera la dernière étape du processus. Une fois la certification obtenue, nous serons prêts pour l’entrée en vigueur de la taxe carbone en 2026. Cela est également un bon argument marketing dans les pays qui ne pratiquent pas cette taxe, notamment au Canada où nous exportons notre fibre 100% Green. Nos clients en sont très satisfaits car nous sommes les seuls à proposer de la fibre verte sur le marché international", conclut Ismaïl Akalay. Notons que la fibre est 100% verte grâce à la station photovoltaïque de Nador inaugurée en juillet dernier.

Le décrochage d’une certification ‘acier vert’ permettrait à Sonasid d'exporter son acier en échappant à la taxe carbone qui sera instaurée dans moins de trois ans aux portes de l’Union européenne.

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