Managem : des résultats en forme de profit warning et des incertitudes sur le reste de l'année

| Le 26/5/2023 à 15:10
Le groupe Managem, qui a affiché des résultats en nette baisse au T1, anticipe un recul significatif de sa profitabilité au premier semestre. Pour le reste de l'année, l'environnement est trop volatil pour faire des prévisions. Des craintes planent sur les cours des métaux de base et la production d'or. Une possible pression haussière sur les métaux précieux pourrait se formaliser au cours du deuxième semestre.

Le 25 mai, le groupe Managem a publié ses indicateurs financiers du premier trimestre 2023. Les revenus du groupe ont baissé de 20% par rapport à la même période l’an dernier à 2.220 MDH.

Cette baisse a été principalement causée par un effet prix négatif des métaux de base, en forte baisse par rapport au premier trimestre 2022, mais aussi par le retrait de la production d’or du groupe, causé en partie par les incidents au Soudan ayant engendré un "arrêt momentané des activités opérationnelles dans le pays", comme l’indique Managem.

De plus, le groupe annonce d’entrée qu’il prévoyait "une baisse significative des résultats consolidés au S1-2023". Considéré comme un mauvais newsflow, le marché a immédiatement réagi à la séance du 25 mai, avec une baisse de 5,97% à 2.157 dirhams. "Hier, l’annonce des résultats a été vue comme un profit warning et pas un simple communiqué. Cela s’est d’ailleurs ressenti sur le cours en bourse du groupe, qui a baissé de près de 6% sur la séance", nous explique une source de la place. Le marché s’inquiète désormais des performances du groupe sur le reste de l’année.

Source : medias24.com

Un premier semestre affecté par l’effet prix

Le groupe avait connu une année exceptionnelle en 2022. De fait, un ralentissement des performances n’est en soi pas surprenant.

Dès le premier trimestre, l’effet prix s’est formalisé sur l’activité des minières. "Il y a des inquiétudes fortes concernant les évolutions annuelles. L’effet prix est négatif sur les métaux de base, à savoir 45% pour le cobalt, 22% pour le cuivre, 20% pour le zinc et 10% pour l’argent, et cela a pénalisé les résultats du groupe. Mais il est possible que cet effet prix négatif s’atténue au S2-2023", indique notre interlocuteur.

Pour les métaux précieux, un ralentissement des politiques monétaires restrictives durant la seconde moitié de l’année, notamment de la FED, pourrait faire baisser le dollar et ainsi faire grimper les cours de l’or et de l’argent.

De plus, la crainte se formalise sur les volumes. "Maintenant, il y a la situation au Soudan qui inquiète. L’or a pris une contribution forte dans le portefeuille métaux de Managem, avec la montée en puissance des différentes mines au Soudan. Ces difficultés ne sont pas vraiment quantifiées et sont présentées comme un impact qui est momentané. Mais on ne sait pas quand cela se résorbera, ni quel sera l’impact sur le volume. Il est fort possible que cette tendance continue sur le premier semestre."

Pour les métaux de base, une possibilité d’amélioration de l’effet prix est envisageable durant le S2. Cependant, l’équilibre demeure très fragile, et il est difficile de savoir comment les cours évolueront.

Une incertitude à court terme quant à l’évolution des cours des métaux de base

Les métaux de base comme le zinc, le plomb ou le cuivre, varient en fonction de l’approvisionnement et des demandes mondiales.

Mais aujourd’hui, l’économie mondiale, encore fragile, et l’évolution géopolitique globale laissent présager des incertitudes à prendre en compte. "Plusieurs risques pèsent sur les métaux de base et, au global, l’équilibre qui entoure les minières est très fragile. La Chine a annoncé, il y a quelques jours, la montée en puissance d’un variant du Covid et il y a certaines inquiétudes. Nous ne pensons pas à des arrêts de l’industrie chinoise, mais cela injecte de l’incertitude dans les esprits. Il faut savoir que le Chine est la première consommatrice et productrice de métaux de base. Mais il est possible qu’un effet positif sur les prix soit observé durant le S2-2023 du fait de la relance, des investissements dans le développement et de la transition énergétique."

Il est clair qu’un changement de paradigme est en train de s'opérer autour de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et des alternatives énergétiques. À moyen terme, les métaux de base joueront un rôle clé dans de nombreuses industries porteuses, comme le photovoltaïque, l’éolien et l’automobile. Une bonne opportunité pour le groupe, mais qui ne devrait pas se matérialiser à court terme.

"La demande classique, alimentée par le rebond économique, le besoin d’infrastructures et autres, conduit les prix des métaux de base à la hausse. Mais il faut remarquer que depuis plus d’un an, il y a l’émergence de la transition énergétique. Cela devient une priorité à l’international, et ça alimente une demande qui n’est pas classique. Malgré un ralentissement de l’économie mondiale, cette transition qui est en marche fait que la demande en métaux de base sera soutenue. Mais, attention, ce n’est pas quelque chose que l'on remarquera durant la seconde moitié de 2023, c’est une tendance sur le moyen terme. C’est pour cela qu’il faut rester attentif et à l’écoute des nouvelles tendances et des évolutions géopolitiques", conclut notre source.

Managem : aucune insécurité à déplorer sur le site soudanais

 

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