17,5 millions d’arrivées, 120 milliards de dirhams de recettes et 200.000 nouveaux emplois directs et indirects d’ici 2026. C’est ce que prévoit la feuille de route corédigée par le ministère du Tourisme et la Confédération nationale du tourisme (CNT). Hormis ces objectifs quantitatifs, un grand professionnel, sollicité par Médias24, revient sur les priorités qualitatives qu’il reste à accomplir en termes d’expérience client dans les aéroports et hôtels.

"Digitalisation et réduction du parcours aéroportuaire"

Censés transformer le tourisme en secteur clé de l’économie nationale, ces objectifs nécessiteront une enveloppe de 6,1 milliards de dirhams sur quatre ans pour multiplier les rotations aériennes et in fine le nombre de passagers, financer de grandes campagnes de promotion capables d’attirer de nouveaux marchés émergents, mais aussi améliorer l’expérience client dans les aéroports et les hôtels.

"Pour atteindre ces objectifs, plusieurs efforts devront être fournis au niveau de l’accueil à l’aéroport en digitalisant le processus d’arrivée des visiteurs, en réduisant le délai de passage aux guichets avec davantage de personnel", explique l’opérateur. L’amélioration du parcours permettra d’éviter les retards lors des périodes de forte activité. Un objectif qui implique de régler une somme de petits détails en mettant en place un circuit dédié à certains passagers, comme les femmes enceintes ou les mères avec enfants en bas âge.

Amélioration de la mobilité et civisme au programme

En dehors de la réduction du parcours aéroportuaire, notre interlocuteur insiste sur le fait que l’amélioration de la mobilité en taxi est un sujet qui revient très souvent chez les visiteurs étrangers.

Même exigence pour que la feuille de route consacre un volet aux libertés individuelles, qui devrait permettre d’imposer davantage de civisme à la plage afin que les touristes puissent se promener en maillot de bain sans être importunés par certains comportements intolérants, voire outranciers.

Des ajustements nécessaires pour parvenir aux 17,5 millions d’arrivées, alors que le vrai potentiel est largement sous-exploité et que le Maroc est plébiscité par 600 millions d’avis positifs des utilisateurs du site Trip-Advisor, qui classe le pays dans le top 10 mondial des meilleurs destinations touristiques.

Partant du fait que ces problèmes ont été listés par la feuille de route, notre source invite les commissions interministérielles à se mettre au travail pour trouver des solutions adaptées à chaque sujet, car il faudra être "irréprochable et offrir l’excellence" pour augmenter le nombre d’arrivées et de retour.

"Une capacité litière suffisante"

A la question de savoir si la capacité litière actuelle peut accueillir 17,5 millions de visiteurs, l’opérateur estime qu’avec un taux d’occupation hôtelier de 42%, qui a permis de recevoir 10,9 millions d’arrivées en 2022, il n’y aura aucun problème de disponibilité ; d’autant que si les nombreux hôtels encore fermés à Marrakech et Agadir rouvrent leurs portes, la capacité disponible augmentera mécaniquement.

"Entre les hôtels fermés durant la crise qui vont rouvrir et les ouvertures hôtelières programmées pour les quatre ans à venir, nous avons de quoi faire en termes de capacité, sans compter le fait que le jour où l’on arrivera à un taux de remplissage de 70%, les investisseurs se bousculeront pour augmenter notre capacité litière", avance notre source, qui exclut tout problème immédiat de disponibilité.

Une diversité d’offres qui exclut la concurrence d’Airbnb

Sur la compétitivité des offres hôtelières menacée par la concurrence croissante des locations Airbnb, l’opérateur estime que la polyvalence de notre industrie du tourisme peut accueillir tous les segments de voyageurs, à savoir des séjours de grand luxe dans des palaces, des voyages organisés type Club Méditerranée, des séjours chez l’habitant, des fans d’écotourisme ou de ruralité, des campeurs...

"Partant du constat qu’il n’existe pas un seul type de tourisme au Maroc, mais plutôt une multitude de niches pour les envies de luxe ou de simplicité, le secteur doit être compétitif par rapport aux offres concurrentes, afin d’obtenir de meilleures parts de marchés à l’international", conclut notre interlocuteur. Car, selon lui, si le Maroc commence à peine à enregistrer un trafic industriel en termes de nombre d’arrivées, l’accomplissement de son potentiel nécessitera des efforts qualitatifs.