La grande majorité des pays arabes et musulmans ont célébré ce vendredi 21 avril la fête de Aïd al-Fitr, se basant sur l'apparition du nouveau croissant qui ne pouvait pas être visible selon la science. Seuls le Maroc, le Sultanat d'Oman et l'Iran ont fixé le jour de l'Aïd au samedi 22 avril. En Libye, la détermination du premier jour de l'Aïd n'a pas fait l'unanimité: Benghazi et la région de l'est l'ont fixée au vendredi; Tripoli et la région de l'ouest à samedi.

Ci-dessous, carte à l'appui, les différentes dates de Aïd al-Fitr dans le monde arabo-musulman.

La bonne date d'après les experts astronomiques arabes

26 astronomes, issus de treize pays arabes, ont soulevé dans un communiqué conjoint la question de l'impossibilité, d'un point de vue scientifique, de l'observation le jeudi 20 avril du croissant, à l'œil nu comme par télescope, dans les pays arabes et musulmans.

Selon la limite fixée par l'astronome français Danjon, le croissant ne peut être observé si la distance qui sépare la Lune du Soleil est inférieure à 6 degrés (limite 'Danjon', ndlr), rappellent les astronomes arabes.

Ils précisent que, le jeudi 20 avril, la Lune s'éloignait du Soleil de 5,1 degrés au niveau de La Mecque (Arabie saoudite). La distance séparant la Lune du Soleil le même jour était de 5,5 degrés au Caire (Egypte), de 4,7 à Abu Dhabi (Emirats arabes unis) et de 5,4 à Al Qods (Palestine).

Des degrés bel et bien inférieurs à la limite internationale Danjon quoique l'ensemble de ces pays ont fêté Aïd al-Fitr ce vendredi 21 avril.

"Dans les pays qui se contentent mathématiquement du coucher de la Lune après le Soleil et qui n'exigent pas l'observation du croissant, ou qui misent sur les observations effectuées dans d'autres pays avec lesquels ils échangent, il est parfaitement admissible que Aïd Al-Fitr soit fixé au vendredi 21 avril", expliquent les experts.

"En ce qui concerne les pays qui exigent une observation à l'œil nu uniquement, ou les pays situés en Asie qui acceptent l'observation visuelle avec un télescope, Ramadan doit compléter ses trente jours. Aïd al-Fitr devra être fixé dans ce cas-ci au samedi 22 avril."

Quatre principales méthodes de détermination du début des mois lunaires

Il existe trois principales méthodes de détermination du début des mois lunaires. Toutes trois sont fondées sur les enseignements de la charia, et sont également valables sur le plan théologique, du moins selon leurs promoteurs. Mais elles donnent des résultats différents lors de leur application.

La première méthode repose sur l'observation visuelle, à l'œil nu, de la nouvelle lune. Elle fait référence à une interprétation littérale d'un hadith.

Le Maroc adopte l'observation oculaire selon le rite malékite. Idem pour les autorités saoudiennes qui s'appuient exclusivement sur l'observation oculaire de la nouvelle lune afin de déterminer les dates des événements associés à des cérémonies religieuses.

La deuxième méthode repose sur la "prise de connaissance" que la nouvelle lune a été observée par des observateurs fiables. Certains pays exploitent uniquement les observations effectuées sur leur territoire par des représentants qualifiés des autorités centrales. D'autres Etats prennent en compte les observations effectuées dans d'autres pays, une fois qu'elles ont été annoncées par les autorités centrales. Quelques pays suivent ainsi systématiquement les annonces saoudiennes.

La troisième méthode est associée au calendrier basé sur le calcul (ex. : calendrier de Turquie). Toutes les dates sont établies et connues de tous, longtemps à l'avance. Dans le cadre de cette méthode paramétrée, l'observation de la nouvelle lune est, le plus souvent, simplement possible ou virtuelle.

La quatrième méthode autorise l'observation avec l'aide d'instruments optiques tels que le téléscope. C'est le cas des Emirats.

Le Maroc, le pays le plus fiable selon les scientifiques

Il y a unanimité scientifique sur la fiabilité du système d'observation marocain. Selon les sources, il existe 200 à 270 points d'observation actifs toute l'année, sur l'ensemble du territoire marocain, sous la supervision du ministère des Habous et des affaires religieuses. Chaque mois du calendrier de l'hégire fait l'objet d'une observation dont le résultat est diffusé dans la soirée même.

Une étude internationale a vérifié la conformité à la science des observations passées, sur près de 40 années, et a conclu que seul le Maroc avait une conformité totale.

Le président du centre arabe d'astronomie et de l'Icoproject (project international d'observation des nouveaux croissants lunaires), Mohammad Odeh, l'a de son côté confirmé, dans un article scientifique consacré à cette question: le système marocain est le meilleur du monde arabe, suivi du système omanais.

Les faiblesses du calendrier musulman

Les sociétés musulmanes se fondent sur l'apparition de la nouvelle lune, à chaque fin de mois lunaire, pour déclarer le début du nouveau mois. Un tel calendrier ne permet pas de planifier d’activités, en associant des dates à des jours déterminés, au-delà du mois en cours, selon l'économiste Khalid Chraïbi.

De plus, les dates du calendrier sont associées à des jours différents dans les Etats musulmans. Par exemple, le 1er Chawal 1426, jour de célébration de Aïd al-Fitr (fin du jeûne de Ramadan), correspondait au mercredi 2 novembre 2005 dans deux pays ; au jeudi 3 novembre dans trente pays ; au vendredi 4 novembre dans treize pays ; et au samedi 5 novembre dans un pays. Cet état des choses n’est nullement exceptionnel, mais se renouvelle chaque mois, écrivait Khalid Chraïbi dans une tribune publiée par Médias24.

Au Maroc, petit à petit, sans faire d’éclat, l’astronomie fait son entrée dans les prévisions liées au calendrier lunaire musulman, et en particulier pour ce qui concerne les fêtes religieuses. Médias24 y contribue à son échelle; depuis sa naissance en 2013, en publiant systématiquement les prévisions des fêtes religieuses, prévisions qui ont été toujours confirmées par  les observations oculaires et l'annonce des dates officielles.