Après 13 mois de récupération qui ont suivi la réouverture des frontières en février 2022, le secteur commence à peine à renouer avec la forte croissance qui avait caractérisé l’année 2019, devenue la période de référence en comparaison avec les trois années suivantes, qui n’avaient fait l’objet d’aucune publication chiffrée de l’Observatoire national du tourisme, présidé depuis juin par Ali Ghanam.

Des arrivées étrangères qui explosent

Ainsi, en comparant les deux premiers mois de l’année en cours avec la même période de 2022 et de 2019, on remarque une croissance flagrante des arrivées des non-résidents (touristes étrangers de séjour et Marocains résidents à l’étranger) aux postes frontières du Maroc.

Le dernier recensement communiqué à l’Observatoire par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) montre que le volume des arrivées durant la période de janvier-février 2023 a atteint 1,9 million de touristes, soit une hausse de 464% par rapport à la même période de 2022.

Même constat pour l’évolution des arrivées des non-résidents entre les deux périodes de 2023 et 2019, avec une augmentation totale de 17% des deux catégories de visiteurs étrangers (TES et MRE).

La croissance des arrivées de TES (703%) et de MRE (324%) s’expliquerait par la réouverture des frontières marocaines à partir du 7 février 2022, qui avait généré un véritable rush des non-résidents.

Durant le mois de février dernier, le volume des arrivées a atteint environ 1 million de touristes, soit une hausse de 203% par rapport à février 2022, dont 351% de plus pour les TES et 115% pour les MRE

Comparé à février 2019, les arrivées de touristes en février 2023 ont crû de 21%, avec une hausse de 52% pour MRE et de 4% pour TES.

Tous les marchés émetteurs étrangers font leur grand retour, sauf celui de l’Allemagne

En comparant au total de janvier-février 2019, on note que le taux de récupération des arrivées totales des non-résidents durant la même période de 2023 a atteint 117%, soit une croissance à deux chiffres.

Avec un taux de récupération respectif de 149% pour les MRE et de 99% pour les TES, les visiteurs issus de la diaspora marocaine ont été, durant les deux mois précités, 50% plus nombreux. Et le Maroc a récupéré la quasi-totalité des touristes porteurs d’une nationalité étrangère.

Si la France constitue toujours son premier marché émetteur, c’est l’Espagne qui a affiché le taux de récupération le plus élevé, à savoir 136%, suivi de 125% pour le Royaume-Uni et de 103% pour l’Italie, tandis que l’Allemagne reste à la traîne avec un taux préoccupant de 60% par rapport à janvier-février 2019.

Pour le seul mois de février, l’Espagne et le Royaume-Uni ont affiché une hausse importante par rapport au même mois de 2019 avec une croissance respective de 43% et de 28%.

Idem pour les Etats-Unis, l’Italie et la France, qui ont connu une hausse distincte de 14%, 12% et 4%.

Des nuitées fortement stimulées par les non-résidents

En se basant sur le bilan des fiches de police communiquées par les hôteliers à la DGSN, le bilan des nuitées totales réalisées dans les établissements d’hébergement touristique classés (EHTC) fait état, à fin février 2023, d’une hausse de 245% par rapport à la même période de 2022 et de 4% par rapport à 2019.

Une forte croissance essentiellement due aux touristes non-résidents, qui ont pratiquement multiplié par huit le nombre de leurs nuitées (+756%), tandis que les nationaux ont augmenté de 50% le nombre de leurs nuitées.

En se livrant à une comparaison avec la même période de 2019, le taux de récupération des nuitées réalisées dans les EHTC a été de 104%, soit un retour aux mêmes chiffres avec une légère croissance du total des nuitées et un taux respectif de 98% pour les non-résidents et 119% pour les nationaux.

Si les destinations de Tanger, Rabat et Marrakech ont réalisé chacune un taux de récupération de 113%, Essaouira a affiché le meilleur résultat par rapport à janvier-février 2019, avec un taux de 114%.

Hausse des nuitées de 59% par rapport à février 2022 et de 5% vs 2019

En février 2023, les nuitées totales réalisées ont également enregistré une hausse de 159% par rapport à février 2022, dont 420% pour les touristes non-résidents et 21% pour les résidents.

Le taux de récupération des nuitées dans les établissements hôteliers classés par rapport à février 2019 a atteint 105%, dont 97% pour les touristes non-résidents et 127% pour les résidents.

Par destination, Rabat a dépassé de 20% le niveau de février 2019, tandis que Tanger, Essaouira et Marrakech ont réalisé des hausses respectives de 18%, 17% et de 10%. Enfin, Casablanca, Al Haouz et Agadir ont récupéré 94%, 92% et 89% respectivement du niveau de février 2019.

Le budget voyage des non-résidents a augmenté de 33%

Hormis la forte croissance des arrivées et des nuitées, les recettes voyages en devises générées par l’activité touristique des non-résidents au Maroc (TES et MRE) ont atteint 16 MMDH en janvier-février 2023 contre 10,6 MMDH pour la même période de 2019, soit une forte hausse de 51%.

Pour le seul mois de février 2023, les recettes voyages en devises se sont élevées à 7,3 milliards de dirhams contre 4,7 milliards de dirhams au mois de février 2019, soit une hausse de +58%.

Si l’augmentation de 17% du nombre d’arrivées entre les deux périodes explique en partie la croissance des recettes, c’est surtout la hausse de 33% des dépenses de voyages des visiteurs étrangers, passé de 6.000 dirhams à 8.000 dirhams, qui serait à l’origine des gains en valeur réalisés.

Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux recettes totales de l’année 2022, qui ont atteint 90 milliards de dirhams pour 10,9 millions de visiteurs non-résidents, alors que l’année de référence avant l’avènement de la pandémie avait réalisé 80 MMDH pour 13 millions d’arrivées

En dernier lieu, les chiffres de l’observatoire relèvent une évolution du taux d’occupation hôtelier qui est passé de 41% entre janvier-février 2019 à 43% pour la même période de 2019. Une légère hausse bienvenue lorsque l’on sait que le taux de remplissage des deux premiers mois de 2022 était de 18% à peine.