Parc national de Khénifra : les détails du plan d’aménagement et de gestion

Pour plus de 63 millions de dirhams, le plan d’aménagement et de gestion du Parc national de Khénifra allie la conservation durable des ressources à un développement social et économique des populations qui y résident.

Parc national de Khénifra : les détails du plan d’aménagement et de gestion

Le 30 mars 2023 à 16h12

Modifié 30 mars 2023 à 18h03

Pour plus de 63 millions de dirhams, le plan d’aménagement et de gestion du Parc national de Khénifra allie la conservation durable des ressources à un développement social et économique des populations qui y résident.

Le Plan d’aménagement et de gestion du Parc national de Khénifra (PNK) prévoit six programmes d’action, articulés autour de plusieurs axes d’intervention : la conservation de la biodiversité, la réintroduction des espèces disparues (cerf de berbérie, mouflon à manchettes et rapaces), la réhabilitation des habitats naturels, la conservation des zones humides, l’éco développement et l’écotourisme.

Ces axes sont à la base du déploiement des six programmes d’action qui font partie du Plan d’aménagement et de gestion du Parc national de Khénifra. Des programmes qui se déclinent comme suit :

- Programme de surveillance et de contrôle ;

- Programme de conservation et de réhabilitation des habitats et des espèces ;

- Programme de préservation du patrimoine culturel ;

- Programme de cogestion et valorisation durable des ressources naturelles ;

- Programme de développement du tourisme durable ;

- Programme de formation.

Une feuille de route qui répond aux multiples problématiques et menaces qui planent sur un patrimoine national unique en son genre. Certes, c’est le plus récent des Parc nationaux recensés dans le Royaume, mais il compte une biodiversité ancestrale qui trouve notamment refuge dans 25 secteurs forestiers.

Cédraie et chênaie verte

Créé en vertu du décret n° 173-08-02, daté du 9 avril 2008, le Parc national de Khénifra occupe une superficie 84.204 ha, répartie administrativement entre les quatre provinces de Khénifra (50%), Midelt (30%), Ifrane (18%) et Boulmane (2%).

Les principaux habitats écologiques identifiés dans la zone du parc sont : la cédraie, la chênaie verte, les pelouses de montagne, les milieux humides, les milieux escarpés et les terrains agricoles. Autant d’habitats naturels abritant un ensemble d’espèces floristiques et faunistiques dont 897 espèces végétales réparties sur 92 familles, parmi lesquelles 302 espèces sont endémiques (taux d’endémisme 34%).

Sur le plan faunistique, le PNK comprend 209 oiseaux, 41 mammifères, 30 reptiles, 7 amphibiens. Une biodiversité articulée autour de 33 espèces endémiques, 50 menacées ou rares et neuf espèces inscrites à la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

En termes de réseau hydrographique, le PNK n’est pas en reste. A partir de ses montagnes prend naissance l’un des plus grands fleuves du pays, l’oued Oum Rbia. Il compte également quatre sous-bassins versants :

- Bassin de l’oued Moulouya drainé par l’oued Aguercif, l’oued Kiss, Assif Boulaâjoul ;

- Bassin de l’oued Sebou drainé par l’oued Ifrane, Areg et Guigou ;

- Bassin de l’oued Srou drainé par l’oued Chbouka, Assif Zad et Tamharrat ;

- Bassin de l’oued Oum Rbia drainé par l’oued Mène, l’oued Wiwane, l’oued Fellat, l’oued Tamarirt et l’oued Zekour.

Sans oublier que sur le plan culturel, la région se démarque par un patrimoine matériel et immatériel d’une grande valeur dont quatre types de danses folkloriques amazighes (Ahidous, Amhalal, Anchad et Tamawite). L’artisanat local s’y est développé autour de la laine naturelle très abondante, de l’argile et des essences forestières variées.

Parmi les productions artisanales issues de la région, on trouve les produits de tissage, les produits de sculpture sur bois et les produits en fer forgé. L’habillement dans la zone se distingue entre celui des hommes (djellaba, El bournous, El belgha et Errazza) et celui des femmes des tribus de Zayane (la Handira, El Haddouna, Es-sbnia et Echarbil).

Autant de particularités qui renforcent l’originalité d’un Parc national confronté à plusieurs défis, principalement de nature socio-économique, touchant 232.306 habitants, réparties sur 9.394 ménages (19 habitants au km²) selon le RGPH 2014.

Dégradation des ressources forestières et hydriques

En dépit de l’abondance des terres cultivables dans le PNK, la productivité de la terre est en dessous des potentialités offertes par le milieu naturel. "La céréaliculture combinée à la jachère prédomine et les cultures à forte valeur ajoutée, plus adaptées à la zone, sont peu développées et peu valorisées", déplore Hassan Belahcen, directeur du Parc.

"A cause de l’élevage des moutons sur parcours, dont les retombées économiques sont minimales, les ressources fourragères naturelles sont de plus en plus dégradées et menacées de disparition", ajoute-t-il. Une dégradation qui concerne également les ressources forestières et hydriques. Elles génèrent de la plus-value et créent de l’emploi mais déséquilibrent des écosystèmes mis sous pression par l’action des effets des changements climatiques.

Basée essentiellement sur une agriculture de subsistance, l’économie rurale au sein du PNK est fondée sur des activités mineures "incapables d’offrir aux habitants des revenus décents, des conditions de vie dignes et des emplois pour sa jeunesse", déplore le directeur du PNK.

La mise en place du Plan de gestion et d’aménagement du Parc national de Khénifra ambitionne de remédier à ces problématiques, sociales, économiques et écologiques à travers le déploiement d’un Plan d’aménagement et de gestion (PAG).

Surveillance et réhabilitation des habitats naturels

D’une durée de dix ans (2020-2030), le Plan d’aménagement et de gestion du Parc national de Khénifra entre dans le cadre de la stratégie Forêt du Maroc 2020-2030. Il a nécessité une enveloppe budgétaire de 63 millions de dirhams afin de mettre en œuvre plusieurs mesures d’aménagement et de gestion relatives à six programmes.

Le premier d’entre eux a trait à la surveillance et au contrôle. Il concerne la mise en place de structures de fonctionnement du Parc et plus particulièrement, le recrutement du personnel, la construction et l’équipement des bâtiments administratifs, l’accès et la signalisation de l’espace du Parc.

Le deuxième programme a pour mission de conserver et de réhabiliter des habitats et des espèces, à travers la conservation et l’amélioration de la qualité des peuplements floristiques et faunistiques. Ce programme met en avant les actions suivantes :

- L’atténuation de l’impact des facteurs de dégradation du milieu et des espèces, notamment à travers le contrôle des campements des pasteurs et des extensions de constructions illicites ;

- La conservation et la réhabilitation de la biodiversité faunistique via la préservation des oiseaux aquatiques, la sécurisation et la protection des populations de singes et de loutres, la réintroduction d’espèces disparues et la surveillance de la lutte contre les chiens errants et le braconnage ;

- La conservation et la réhabilitation des ressources végétales par des actions de mise en défense, de régénération du cèdre et d’amélioration pastorale ;

- La conservation des zones humides et des cours d’eau.

Du point de vue de la gestion du potentiel ornithologique, la priorité est accordée aux oiseaux des milieux humides dont Tadorna ferruginea, Podiceps nigricollis, Fulica cristata, Marmaronetta angustirostris et Aythya farina.

L’idée est de développer une base de données sur la biodiversité ornithologique des zones humides du PNK, de conserver et sécuriser les habitats fondateurs de la biodiversité ornithologique des milieux aquatiques et pour finir, d’engager des outils et moyens de communication et de sensibilisation environnementales.

Au programme également, le renforcement de la population du singe magot. En l’occurrence grâce à un allégement de la pression d’exploitation forestière au niveau des habitats sensibles à cette espèce de singe. Même chose pour la loutre et les chauves-souris, en plus de réintroduire des espèces animales disparues de la région, à l’instar du cerf de Berbérie, du mouflon à manchettes, du porc-épic et de la hyène rayée, en plus de rapaces disparus de la zone.

Rajeunissement de la cédraie

Dans le cadre de la conservation et la réhabilitation du milieu végétal du Parc national de Khénifra, l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) mise sur plusieurs actions. A commencer par des mesures pour garantir la régénération du cèdre.

"En absence de l’installation naturelle de la régénération du cèdre, le recours à la régénération assistée par apport de graine ou par plantation artificielle s’avère l’un des moyens pour le rajeunissement de la cédraie dans les massifs du PNK", précise le directeur du parc.

La réalisation annuelle de petites surfaces de 50 ha est envisagée dans plus de dix parcelles dans la forêt d’Ajdir, qui fait partie d’un couvert végétal fortement menacé par les délits de coupe de bois. D’où le renforcement du contrôle contre les délits de coupe et la régulation des besoins des populations en bois énergie.

En termes de cogestion et de valorisation des ressources du milieu, le programme y afférent a pour objectif d’appuyer le développement de la population locale dans le cadre d’un Plan d’action communautaire. Le but recherché est de valoriser d’un côté des produits forestiers ligneux, comme les gousses de caroubier, les lichens de cèdre et de chêne, les fleurs d’aubépine, le thym et le miel de fleurs de caroubier.

Et de l’autre, des produits non ligneux, à l’instar des plantes aromatiques et médicinales. Un appui aux coopératives sera indispensable dans cette optique, tout comme l’appui de la population au montage de projet de trufficulture et de rosi culture dans la région, en marge du développement de l’apiculture.

Alors que les activités principales de la population dans la région résident dans l’élevage et l’agriculture, les potentialités en ces domaines doivent être mieux valorisées, via un appui aux agriculteurs qui vise la distribution des plants fruitiers (noyers, pommiers et caroubiers).

De surcroît, le PAG s’attaque à des problématiques non moins importantes, comme la protection des ravins dans les forêts de Sidi Mguild et de Aghbalou Laarbi, l’aménagement de points d’eaux d’abreuvement du cheptel et d’irrigation (puits, sources, bassin d’accumulation) et l’appui à la réhabilitation des seguias et des poings d’eau.

Aménagement écotouristique

L’une des multiples déclinaisons du programme de développement du tourisme durable prend vie à travers le Projet d’aménagement écotouristique du lac Aguelmam Azegza. Globalement, ce programme prévoit à lui seul près de 84 MDH, dont 23 MDH sont déjà mobilisés par divers partenaires (INDH, Conseil régional et provincial, commune territoriale, ANEF…).

"Pour le reste, nous recherchons des sources de financement pour réaliser un projet qui mise sur l’intégration de l’ensemble des composantes de la chaîne de valeur de l’amont à l’aval de la filière", complète Hassan Belahcen. Ce projet repose sur un ensemble d’actions comme l’organisation et la valorisation de l’offre touristique, le développement et l’aménagement des infrastructures de base et la mise en place d’outils de communication et de promotion. En détails, ces actions concernent :

- l’Aménagement de deux sentiers pédestres (sentier vers le sommet et sentier de découverte du lac) ;

- l’installation des tables bancs ;

- des panneaux signalétiques ;

- l’aménagement d’une plateforme et aire de jeux pour enfants ;

- la construction d’un parking et de kiosques (20) commerciaux pour 40 ménages ;

- l’aménagement d’un centre d’information et des voies d’accès ;

- la protection du lac par des seuils en gabions et la végétalisation partielle de ces berges ;

- l’aménagement paysager et mobilier ;

- la construction d’un écomusée ;

- la construction de sanitaires ;

- le projet de création d’enclos pour le mouflon à manchettes.

Le programme de préservation du patrimoine culturel consiste à garantir la conservation et le développement du patrimoine culturel local. A ce titre, le PAG s’appuie sur l’inventaire et la promotion des grandes caractéristiques du patrimoine culturel de la zone.

Pour ce qui est du programme de formation, il repose sur le renforcement des capacités des gestionnaires et de tous les partenaires (publics et privés) impliqués dans la gestion du parc par des formations de base et continues, afin de garantir la durabilité de la mise en œuvre du PAG. Ces formations concernent : l’organe de gestion, les guides touristiques naturalistes, les instituteurs et éducateurs des écoles, les associations locales…

Par ailleurs, des programmes d’éducation et de sensibilisation auprès des populations locales et du public sont en cours de réalisation en vue de sensibiliser un maximum de personnes sur les programmes de conservation et de développement, sans lesquels la survie à long terme du joyaux naturel qu’est le Parc national de Khénifra serait en danger.

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