La prédation des abeilles par les libellules, un phénomène inédit au Maroc

Le Syndicat des apiculteurs professionnels du Maroc alerte sur les attaques subies par de nombreux essaims d’abeilles par ce prédateur carnivore. Pour Abderrahmane Bakhamssa, spécialiste des abeilles, ce phénomène dû à la sécheresse n’est pas appelé à durer.

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La prédation des abeilles par les libellules, un phénomène inédit au Maroc

Le 1 mars 2023 à 17h28

Modifié 1 mars 2023 à 17h41

Le Syndicat des apiculteurs professionnels du Maroc alerte sur les attaques subies par de nombreux essaims d’abeilles par ce prédateur carnivore. Pour Abderrahmane Bakhamssa, spécialiste des abeilles, ce phénomène dû à la sécheresse n’est pas appelé à durer.

Les temps sont durs pour les colonies d'abeilles du Royaume. Déjà éprouvés par la rareté des ressources mellifères et les mauvaises pratiques apicoles, les essaims d’abeilles sont désormais dans le viseur d’un nouveau prédateur : la libellule. 

"Les libellules ont envahi et causé la destruction de nombreux essaims d’abeilles, notamment dans les régions de Souss-Massa, Chtouka Ait Baha et Guelmim-Oued Noun", rapporte le Syndicat des apiculteurs professionnels du Maroc, dans un communiqué. "Du jamais vu", insiste l'organisation professionnelle, préoccupée par les conséquences financières liées à ce nouveau phénomène.  

"Cela entraînera inévitablement des pertes pour les apiculteurs, d'autant plus au début de la saison d'essaimage (régénération et multiplication de la population d’abeilles), considérée comme la saison la plus importante de l'année", déplore le Syndicat.  

Mesurant de 3 à 10 centimètres, la libellule est un insecte carnivore qui se nourrit des plus petits. L'adulte chasse les mouches et les petits insectes, alors que les larves s'attaquent à d'autres larves et insectes aquatiques, sans oublier les têtards de grenouille et de crapaud. Mais aucune trace d’abeilles butineuses au menu. Du moins jusqu’à présent. 

Les abeilles en guise de complément alimentaire

"A la base, les libellules ne sont pas des prédateurs de l’abeille, contrairement aux guêpes ou aux frelons", avance Abderrahmane Bakhamssa, spécialiste des abeilles. "Mais à cause de la sécheresse et des conditions climatiques défavorables, les libellules n’ont probablement pas trouvé assez d’insectes pour se nourrir."

Volant de jour et au crépuscule, les libellules figurent parmi les insectes les plus rapides, avec des pointes de plus de 90 km/h. Elles ne vivent que dans les zones humides bordant les rivières, les marécages, les barrages, ainsi que les bassins d'eau des domaines agricoles. Elles y pondent leurs œufs et complètent leur cycle de vie.  

"Les apiculteurs ont l’habitude de déplacer leurs colonies d’abeilles dans des zones proches de sources d’eau où la flore spontanée est abondante (flore qui pousse naturellement sans intervention humaine), au même titre que les libellules qui ont attaqué les abeilles en guise de complément alimentaire", explique notre interlocuteur.  

Si les apiculteurs sont autant préoccupés par ce phénomène inédit, c’est "parce qu'ils craignent qu’il ne prenne de l’ampleur, constituant une problématique supplémentaire", estime Abderrahmane Bakhamssa."Or, ils sont déjà en difficulté à cause de la rareté des ressources mellifères, du stress hydrique et des effets néfastes des produits phytosanitaires utilisés par les agriculteurs."

Les mauvaises pratiques perdurent

Il ne reste plus qu'à espérer que ce phénomène soit éphémère. "Autrement, il faudra effectuer une campagne de traitement localisé pour réduire les essaims de libellules." Une solution à même de préserver aussi bien les abeilles que les libellules, garantes d’un équilibre écologique fragile. 

En effet, ces insectes occupent un rôle actif dans la chaîne alimentaire et dans celle de l’équilibre biologique des écosystèmes d’eau douce. En plus de réguler les populations d’insectes autant au stade larvaire qu’au stade adulte, les libellules sont de bons indicateurs de la santé des cours d’eau et de la richesse des milieux.

Abderrahmane Bakhamssa souligne par ailleurs le manque de formation des apiculteurs, "une donnée centrale dans l'explication de la surmortalité des abeilles. Ils ont peu de connaissances techniques, ce qui favorise de mauvaises pratiques apicoles".  

Bien que les apiculteurs gèrent avec soin et attention leur cheptel apicole, les mauvaises pratiques perdurent, à l’image de la lutte contre le varroa avec des produits acarides non homologués ou des recettes maison, ou encore une mauvaise préparation de l’hivernage.

Si la prédation des abeilles par les libellules ne devrait pas durer, l’impact négatif des mauvaises pratiques sur les essaims reste, lui, préoccupant.

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