Rabie Khlie, directeur général de l'ONCF, a présenté, ce mardi 31 janvier au Parlement, le bilan et les perspectives du secteur ferroviaire. Mais surtout, il a donné un aperçu de l'étendue des chantiers structurants engagés ou en cours d'étude par l'Office.

Remplacement de 50 trains en fin de vie

Ainsi, il a révélé que l'Office projette d'acquérir une flotte d'au moins 80 trains (qui peut aller jusqu'à 100), pour une enveloppe comprise entre 8 et 9,2 milliards de dirhams (MMDH).

Cela concerne le remplacement de 50 trains de la flotte qui arrive en fin de vie. 25 seront acquis pour répondre à la demande croissante du transport des voyageurs et 5 autres pour les besoins d'entretien. Ces trains, d'une longueur de 200 m, pourront rouler à une vitesse de 160 à 200 km/h.

La particularité de ce projet, qui sera étalé entre 2024 et 2029, est qu'il vise à développer un écosystème industriel au Maroc permettant la fabrication, l'entretien et l'export des trains, avec un taux d'intégration supérieur à 60%.

Dans sa présentation, dont Médias24 détient copie, le DG de l'ONCF explique que les discussions entre l'Office et les industriels sont en cours. L'Office a lancé un appel à manifestation d'intérêt international en septembre 2022.

Il est prévu le lancement d'un appel à concurrence et d'offres durant le premier semestre de l'année en cours, ainsi que l'examen de ces offres pour aboutir à la signature d'un contrat en 2023. L'objectif est de réceptionner le premier train nouvelle génération en 2025.

La LGV Tanger-Marrakech

L'extension de la ligne grande vitesse (LGV) à Marrakech est l'un des chantiers prioritaires de l'Office, pour un budget de 42 MMDH. La ligne s'étalera sur 390 km et roulera à une vitesse de 170 à 320 km/h. Elle profitera à 58% des citoyens, assurera 65% des déplacements au niveau national et desservira cinq destinations touristiques.

La LGV Marrakech bénéficiera principalement aux régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Rabat-Salé-Kénitra, Settat-Casablanca et Marrakech-Safi. Elle bénéficiera également, de manière directe, aux régions de Beni Mellal-Khénifra, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra, l'Oriental, Draâ-Tafilalet et Dakhla-Oued Eddahab, et indirectement à la région de Fès-Meknès.

Cette ligne drainera 2,3 millions de déplacements supplémentaires dès la première année de mise en service, en transportant 12 millions de voyageurs, ce qui permettra de réduire les déplacements par voiture, autocar et grands taxis, et ainsi les émissions de CO2 de 213.000 tonnes par an.

En ce qui concerne les durées des trajets, elles seront réduites à :

• Une heure entre Rabat et Tanger ;
• Une heure et 35 minutes entre Tanger et Casablanca ;
• 3 heures entre Tanger et Marrakech ;
• 2 heures entre Tanger et l'aéroport international de Mohammed V ;
• Une heure et 15 min entre Casablanca et Marrakech ;
• Une heure entre Marrakech et l'aéroport international Mohammed V ;
• 2 heures et 50 min entre Casablanca et Fès.

Autre bénéfice de ce grand projet : la libération de la capacité d'accueil du réseau actuel et le développement de nouvelles lignes régionales de type RER dans cinq régions :

• Casablanca-Settat : seront développées des lignes reliant Mohammedia et Nouaceur, avec des services de et vers l'aéroport international Mohammed V de Casablanca, une nouvelle ligne à Ben Slimane et une ligne à El Jadida-Mazagan. Il sera également procédé à l'amélioration du nombre de lignes de et vers Settat et El Jadida ;
• Marrakech - Safi : une ligne reliera Ben Guérir à Marrakech ;
• Rabat-Salé-Kénitra : la région connaîtra le développement de lignes entre Bouknadel et Bouznika, et depuis Kénitra vers Sidi Kacem ;
• Tanger-Tétouan-Al Hoceima : de nouvelles liaisons seront développées dans la zone de Guzenaya et à Tanger Tech ;
• Fès-Meknès : les services seront améliorés entre les deux pôles.

En matières d'offres, Rabie Khlie prévoit, à termes, de transporter sur ces nouvelles lignes RER, plus de 100 millions de voyageurs, soit 5 fois le nombre de voyageurs transportés actuellement, le déploiement de 400 trains quotidiennement, soit 3 fois le nombre actuel, et la réduction de la durée d'attente entre deux trains à environ 10 à 15 minutes, selon le besoin quotidien. Le nombre de gares sera porté à 67, soit une hausse de 90%.

"C'est donc la solution optimale pour réduire les frais engendrés par l'accompagnement du besoin quotidien de transport qui ne cesse d'évoluer, notamment en termes de maintenance, de développement du réseau, du nombre de voitures en circulation, d'embouteillage, d'accidents et de pollution, mais aussi pour accompagner le chantier de régionalisation avancée", estime l'ONCF.

Bien sûr, le développement de ces lignes dépends étroitement de la mise en service de l'extension de la LGV à Marrakech libérant les autres lignes pour les RER.

Etat d'avancement de la LGV Marrakech-Agadir

Durant ladite commission, Rabie Khlie a également fait le point sur la LGV Marrakech-Agadir. Il a ainsi indiqué que les études préliminaires relatives aux infrastructures de génie civil et aux travaux de relevés topographiques sont achevées. A présent, il est procédé à :

• La poursuite des études liées aux systèmes d'exploitation ;
• La préparation à la prospection géologique et géotechnique ;
• La réalisation de l'étude des transferts attendus et de la rentabilité du projet ;
• La réalisation des études préliminaires du montage institutionnel et financier ;
• La réalisation d'expertise sur ces études par la China Academy of Railway Science Corporate, dans le cadre du protocole d'accord de coopération dans le domaine ferroviaire signé le 11 mai 2016 sous la présidence du Roi Mohammed VI, lors de sa visite royale en République populaire de Chine.

En ce qui concerne les caractéristiques de cette ligne, le directeur de l'ONCF a par ailleurs précisé que les durées des trajets prévues sont de 4 heures entre Tanger et Agadir, 2 heures et 15 minutes entre Casablanca et Agadir et une heure entre Marrakech et Agadir.

D'un budget de 50 MMDH, cette ligne mixte de transport des voyageurs et de marchandises s'étalera sur 239 km. Sa vitesse sera comprise entre 250 et 320 km/heure.

Les travaux de gares prévues en 2023

En matière de rénovation des gares ferroviaires, l'ONCF planche sur 7 gares. Trois sont en cours, à savoir les gares de Taza, Guercif et Skhirate. Quatre autres sont programmées :

• Gare de Meknès : le projet nécessitera une enveloppe de 167 MDH pour 24 mois de travaux, dont le début est prévu pour juin 2023 ;
• Gare de Settat : le début des travaux est prévu pour ce mois de février 2023 pour un budget de 29 MDH et une durée de 18 mois ;
• Gare de Nouaceur : le coût du projet, dont les travaux démarreront en avril prochain, est de 15 MDH pour une durée de 15 mois ;
• Gare de Bouznika : pour un budget de 15 MDH, la rénovation de cette gare nécessitera 15 mois. Le démarrage des travaux est programmé pour mai 2023.

Notons que la gare de Taza coûtera 36,5 MDH. La durée des travaux, qui ont démarré en août 2022, est fixée à 18 mois. Pour ce qui est de la gare de Skhirat, elle coûtera 13,25 MDH. La durée des travaux, qui ont démarré en décembre 2022, est fixée à 15 mois.