1,17 milliard de dirhams. En 2019, c’est le total du chiffre d’affaires déclaré par les cliniques privées au Maroc. Cette information a été révélée par le Conseil de la concurrence dans une enquête consacrée au secteur.

Le régulateur s’est penché sur les documents comptables communiqués par 83 établissements. Il en ressort un taux de croissance moyen annuel de 30% depuis 2015, où le chiffre d’affaires culminait à 412 millions de dirhams.

Pour le Conseil, cette hausse s’explique "par l’augmentation du nombre de cliniques privées entre 2015 et 2019", mais aussi par l’entrée sur le marché de cliniques privées de capacité litière importante (plus de 100 lits).

Le chiffre d’affaires global déclaré provient à 42,6% des cliniques de taille moyenne, ayant une capacité litière comprise entre 31 et 100 lits, soit un montant "déclaré" avoisinant les 500 millions de dirhams. Pour leur part, les cliniques de plus grande taille ne contribuent qu’à hauteur de 25% au chiffre d’affaires global.

Des chiffres déclarés "sous-estimés"

Concernant la répartition géographique, 67,6% des chiffres d’affaires déclarés proviennent des cliniques privées situées sur l’axe Casablanca-Rabat-Kénitra (deux régions), qui regroupe 60% de l’offre en lits des cliniques ayant déclaré leurs chiffres d’affaires. Le tiers restant des chiffres d’affaires déclarés provient de l’ensemble des autres régions.

Pour sa part, l’évolution des taux de marge brute d’exploitation (EBE/CA) sur la période [2015-2019] s’est inscrit en baisse, passant de 12,42% en 2015 à 6,60%. "Ce constat semble contrintuitif pour un secteur en développement", estime le Conseil de la concurrence. "L’explication de ces taux anormalement faibles se trouve certainement dans la sous-estimation des chiffres d’affaires déclarés. Quant à l’évolution des indicateurs financiers par lit, elle connaît des variations instables", soutient la même source.

Dans le même ordre d’idées, le Conseil relève que les cliniques privées présentent des contributions fiscales relativement basses. En effet, à fin 2021, leurs contributions ne représentaient que 0,16% de l’impôt sur les sociétés, 0,36% de l’impôt sur le revenu et 0,003% de la TVA. Parallèlement, 49,6% des cliniques privées ont déclaré un résultat déficitaire en 2021.

Top 10 des cliniques : Akdital premier, deuxième et troisième

Le Conseil dévoile le classement des dix cliniques qui affichent les plus grands chiffres d’affaires. Le podium est dominé par trois établissements appartenant au groupe Akdital. Il s’agit de la clinique Jerada-Oasis (122 MDH), du Centre international d’oncologie (100 MDH) et de la clinique Ain Borja (66 MDH).

Le chiffre d’affaires de la première clinique privée (166 MDH) est deux fois plus important que celui de la quatrième, à savoir la polyclinique internationale Riad Annakhil (Rabat), qui atteint les 62 MDH. Et il est quatre fois supérieur à celui de la clinique Ghandi (Casablanca), classée 10e avec 31 MDH.

Selon ces données, il semble ne pas y avoir de corrélation entre la taille de la clinique et son chiffre d’affaires : la clinique Cheikh Maelanaine (Agadir) de 21 lits se trouve au 7e rang des dix cliniques privées ayant déclaré les plus grands chiffres d’affaires ; de même que la clinique Ville verte (Casablanca) qui a la plus grande taille de ces dix cliniques (136 lits), se trouve au 9e rang.

Parmi les dix principales cliniques, six sont situées à Casablanca et leurs chiffres d’affaires déclarés dépassent les 400 millions de dirhams.

Fraude dans les cliniques privées : enquête accablante du Conseil de la concurrence