José Bono : le conflit du Sahara a trop duré, le référendum est impossible

Une conférence internationale organisée à Las Palmas par le Mouvement sahraoui pour la Paix a vu la participation de nombreuses personnalités et représentants du monde politique et de la société civile, dans l'objectif d'un dialogue pour la paix. La séance d'ouverture a été marquée par l'intervention passionnante et magistrale de José Bono, ancien ministre de la Défense et ancien responsable du renseignement espagnol.

José Bono : le conflit du Sahara a trop duré, le référendum est impossible

Le 23 septembre 2022 à 14h22

Modifié 23 septembre 2022 à 15h51

Une conférence internationale organisée à Las Palmas par le Mouvement sahraoui pour la Paix a vu la participation de nombreuses personnalités et représentants du monde politique et de la société civile, dans l'objectif d'un dialogue pour la paix. La séance d'ouverture a été marquée par l'intervention passionnante et magistrale de José Bono, ancien ministre de la Défense et ancien responsable du renseignement espagnol.

Cette conférence organisée par le Mouvement sahraoui pour la Paix (MSP) a réuni, les 22 et 23 septembre à Las Palmas, de nombreux Sahraouis, dont certains issus des camps de Tindouf. Ce sont des Sahraouis qui sont favorables à la paix et, forcément, au plan marocain d'autonomie. Ce type de débat est bien sûr impossible en territoire algérien. Etaient également présents des hommes politiques et des représentants de la société civile.

Curieusement, quelques jours avant cette réunion, et citant des sources du renseignement espagnol (Centro nacional de Inteligencia, CNI), un journal espagnol a annoncé que le Mouvement sahraoui pour la Paix était une façade des renseignements marocains. C'est curieux, parce que la source est anonyme et qu'elle peut témoigner d'une volonté de décrédibiliser l'événement avant même sa tenue. En tout état de cause et après visionnage de sept heures de vidéo de la première journée par nos soins, nous avons relevé une ambiance de débat ouvert, de liberté d'expression et de soutien au plan d'autonomie marocain. Et si des Sahraouis ont pris part à la conférence, c'est parce qu'il n'y a aucune liberté d'expression au sein du polisario qui, lui, est une vraie façade du renseignement algérien.

L'intervention de José Bono

Au cours de la séance d'ouverture, intervention très remarquée de José Bono, ancien ministre espagnol de la Défense, ex-responsable des services de renseignement et ex-président du Congrès des députés, la chambre basse des Cortes Generales, le parlement bicaméral espagnol.

“Comme une bonne partie de la gauche espagnole, je me sens solidaire de la souffrance des Sahraouis... J'ai défendu avec la toge, devant le tribunal, des dirigeants du front polisario.” Depuis 1975, la réalité a changé, nous avons changé, ajoute-t-il. Mais certains ne changent pas, et vous devez les comprendre et leur pardonner parce qu'ils ne peuvent pas changer, parce que leur financement, leur passeport, leur dépendance rendent le changement parfois très difficile pour eux, martèle Bono, dans une allusion transparente au pays qui héberge, arme, finance et fournit les passeports.

Bono insiste sur le fait qu'il parle franchement et sans langue de bois. Et que son discours n'engage que sa personne, ni son parti, ni rien d'autre.

“En l'an 1969, quand j'ai rejoint le socialisme, j'étais convaincu que d'un côté il y avait les gentils, moi parmi eux, et de l'autre les méchants. Aujourd'hui, cette conviction n'est plus. Cinquante ans de vie politique m'ont convaincu que les dogmes ne doivent pas être respectés.”

Le conflit du Sahara a trop duré

“Je suis venu sur ce forum aussi parce que le conflit du Sahara a duré déjà trop d'années. Les Sahraouis portent beaucoup d'années de souffrance.”

“Le Roi Hassan II, lors d'une visite officielle, a dit : ‘Nous nous sommes souvent battus. Nous avons eu plusieurs malentendus à travers les siècles. Mais nous ne sommes pas divorcés, et nous n'allons jamais divorcer. Le Maroc et l'Espagne partagent une histoire séculaire, ainsi que la géographie, qui est beaucoup plus têtue que la politique’.

José Bono avance qu'une quarantaine de dirigeants du polisario étaient présents dans la salle de conférence à Las Palmas, ce jeudi 22 septembre.

Il relève que le Conseil de sécurité de l'ONU a définitivement enterré l'option d'un référendum au Sahara et a salué, dans ses résolutions, le plan d'autonomie présenté par le Maroc comme étant sérieux et crédible.

“Nous sommes en 2022. La dernière fois que le Conseil de sécurité a utilisé l'expression ‘tenue d’un référendum’ dans ses résolutions sur le Sahara, c'était dans la résolution n° 1359 du 29 juin 2001’’, a souligné Bono. L’ancien ministre espagnol a en outre fait observer qu’ “en 2007, le Maroc a répondu à l'appel du Conseil de sécurité pour une solution politique, en proposant un plan d'autonomie pour le Sahara. Depuis lors, le Conseil de sécurité a considéré la proposition marocaine comme sérieuse et crédible’’, précisant que le contexte de cette proposition est bien connu en Espagne.

Le Maroc, un pays “stable”,progressisteet moderne

Bono a relevé que “le gouvernement espagnol, en déclarant que le plan d'autonomie proposé par le Maroc est la ‘base la plus sérieuse, réaliste et crédible’, va dans la même direction que les résolutions de l'ONU, et est en accord avec la position des États-Unis et de l'Allemagne’’.

L'Espagne et la communauté internationale plus globalement estiment que le Royaume est un pays stable, poursuit l'ex-responsable des services de renseignement. “Selon plusieurs sondages, le Maroc s'annonce comme le pays le plus progressiste et le plus moderne du monde arabe. L'Espagne se doit ainsi d'avoir le Maroc comme voisin’’, ajoute-t-il, tout en citant les relations séculaires qui réunissent le Maroc et l'Etat ibérique.

Des populations sahraouies bénéficient d'un développement remarquable au Maroc

“Plutôt que des résolutions de l'ONU sur le Sahara qui ne sont pas appliquées depuis des décennies, ce dont les Sahraouis ont besoin, ce sont des solutions à leurs problèmes. Plus de solutions et moins de résolutions’’, a-t-il plaidé, assurant qu’ “une partie des populations sahraouies bénéficie d'un développement remarquable’’ au Maroc, tandis qu'une autre partie continue de vivre dans des “conditions inhumaines, sans qu'aucune des deux parties n'ait pu guérir les blessures de la triste séparation’’.

Et de rappeler que “la Cour internationale de justice avait évoqué dans son avis consultatif du 16 octobre 1975 l'existence, à cette époque, de liens de subordination juridique entre le Maroc et les populations du Sahara, l’allégeance’’, soulignant que cette “tradition séculaire symbolise les liens qui unissent la population et Son Souverain’’.

“Dans l'avis consultatif précité de la Cour internationale de justice, il est fait référence à la nomination de délégués, de gouverneurs et de juges au Sahara, et à des documents montrant leur loyauté envers le Sultan du Maroc. Cette reconnaissance par la Cour internationale est éloquente quand on considère les droits historiques au Sahara’’, a-t-il détaillé.

Le polisario doit discerner ce qui est possible et ce qui est impossible

Selon José Bono, le conflit du Sahara a “duré plus longtemps que ce qui peut être toléré par une population qui a beaucoup souffert pendant plus d'un demi-siècle’’, estimant que “pour construire l'avenir en surmontant les inimitiés et les préjugés hérités, nous devons saisir toutes les opportunités’’.

“Le polisario ne peut ignorer le fait que le monde a beaucoup changé ces dernières années et qu'il doit discerner ce qui est possible et ce qui est impossible’’, a-t-il conclu.

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