BCP : les Marocains du monde devraient booster les crédits immobiliers cette année

| Le 27/6/2022 à 16:28
Le groupe table sur un retour exceptionnel des Marocains du Monde après deux ans d’absence, et note d'ores et déjà une amélioration des transferts d’épargne en vue d’investissements. Une amélioration des crédits immobiliers est attendue d’ici la fin de la saison. Ces transferts et acquisitions se font néanmoins dans un cadre réglementaire qui devient de plus en plus tendu, avec l’Europe notamment.

Le 27 juin, le groupe Banque Populaire (BP) a tenu une conférence de presse à l’hôtel Casablanca dans le cadre du lancement de la campagne des Marocains du Monde (MDM) 2022. L'occasion pour la banque de mettre l’accent sur le caractère exceptionnel de cette saison, après deux années compliquées.

La BP est l’opérateur historique des MDM et capte la majorité des dépôts bancaires de ces derniers, avec une part de marché de 53%, soit près de 100 MMDH. Rappelant quelques statistiques clés concernant les MDM, elle note que ces derniers effectuent en moyenne six transferts d’argent par an, pour un montant moyen annuel de 30.000 dirhams. Dans près de trois quarts des cas, ces transferts sont destinés au soutien familial. Mais un comportement de placement croissant dans l’épargne est observé chez les MDM depuis le début de l’année.

Un retour en force des MDM, et des investissements immobiliers attendus en 2022

Le début de l’opération Marhaba 2022, le 5 juin dernier, a marqué le grand retour des MDM. Cette année, 3,5 millions de Marocains et 800.000 véhicules sont attendus au cours de la période estivale. « Cette absence de deux ans, à travers la pandémie, n’a pas rompu les liens. Ils sont devenus beaucoup plus forts avec, comme nous l’avons observé, une hausse de 40% des transferts, soit plus de 94 MMDH », souligne Jalil Sebti, directeur général de la banque de détail du groupe Banque Populaire.

Pour la Banque, il s’agit cette année de saisir l’opportunité de mieux accompagner les MDM avec des produits de transfert, d’épargne et d’accompagnement dans l’investissement. Pour ce faire, elle a axé son accompagnement des MDM sur deux grands axes, le développement de la proximité de la banque avec la diaspora, avec les offres digitalisées et dans ses réseaux régionaux dans les différents pays européens, avec Chaabi Bank et l’accompagnement des MDM dans leurs investissements.

« Nous avons en plus, renforcé notre centre de relation clientèle pour préparer et informer notre clientèle MDM dans les principaux pays d’implantation », explique Soumia Alami Ouali, directrice de la banque de l’entreprise au sein de la Banque Populaire. Le groupe a également tablé sur le lancement d’une nouvelle offre dénommée Bladi Family. « C’est un nouveau pack, qui, à travers une cotisation unique, permettra au MDM de souscrire à une offre globale pour toute sa famille comprenant des services extra-bancaires », explique Soumia Alami Ouali.

Car cette année, la Banque Populaire anticipe une forte hausse des arrivées des MDM sur le territoire, engendrée par un rebond technique. Ces arrivées des MDM se matérialiseront également financièrement par différentes opérations d’investissement.

« Nous attendons un dépassement par rapport aux chiffres de 2019. C’est un grand rebond technique qui va se produire en principe cette année. Nous l’avons vu dans les transferts. Nous pensions au début de la pandémie que le cash to cash devait être le transfert privilégié des MDM, or c’était une phase marquée par l’aide aux familles, particulièrement en 2020 et 2021 », explique Jalil Sebti. Mais le directeur de la banque de détail note également que, depuis 2022, durant le premier semestre, des transferts d’épargne en vue d’investissements sont observés et augmentent fortement. « Nous pensons que cet été sera particulièrement  bénéfique à l’acquisition de logements immobiliers. Les premiers indices que nous avons recueillis auprès de nos agences régionales montrent qu’il y a beaucoup de dossiers qui arrivent, et cela présage une très belle saison au niveau du crédit immobilier », confie-t-il.

Cela intervient pourtant dans un environnement de plus en plus hostile, comme l’a rappelé le wali de Bank Al-Maghrib lors de la seconde réunion annuelle du Conseil de la Banque centrale le 21 juin dernier.

Des contraintes réglementaires, mais sans effet perçu sur les transferts des MDM

Dans la conférence de presse faisant suite au Conseil de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri a annoncé, concernant les transferts de MDM, que « certains pays européens, dont un en particulier, commencent à avoir des positions dures vis-à-vis des transferts des MRE. On craint aussi qu’il y ait une réglementation de l’UE qui va rendre plus complexes les opérations de nos banques vis-à-vis de leur clientèle MRE ».

Sur cette thématique de renforcement des contrôles financiers, une source dans le secteur bancaire, contactée par Médias24, témoignait du durcissement qui intervient quant aux transferts des MRE. « Il y a une idée en Europe, qui n’est pas officielle, qui est celle de faire une sorte de FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) européenne pour suivre les avoirs détenus à l’étranger par les Européens, et particulièrement les résidents étrangers chez eux. Nous constatons ce durcissement au quotidien avec des demandes d’informations assez poussées sur nos clients MRE, sur leurs avoirs, la nature de leurs transferts… Ils veulent connaître tout, même le statut fiscal de ces avoirs », expliquait la source en question.

Interpellé sur le sujet, Jalil Sebti nous explique : « Le resserrement réglementaire au niveau des transferts, effectivement, on sent qu’il est bien là. Nous le suivons de près et nous comprenons qu’il faut suivre cette évolution pour se réinventer, particulièrement quand nous avons une responsabilité avec plus de 100 MMDH de dépôts de MDM. Nous suivons donc la législation pays par pays, et globalement au sein de l’union européenne. »

Néanmoins, aucune inquiétude ne se fait sentir concernant les impacts sur les transferts de la diaspora vers le Maroc pour le moment.

« Concernant les effets sur les transferts bancaires, nous n’observons pas de changement à la baisse, au contraire, nous voyons un trend qui est haussier et intéressant. Nous continuons à travailler normalement, mais gardons un œil sur ce qu’il se passe pour pouvoir anticiper. Mais quoi qu’il en soit, le Marocain qui est attaché à sa famille et à son pays, quelle que soit la réglementation, continuera à effectuer des transferts pour épargner, acquérir un bien ou préparer sa retraite. A nous de pouvoir l’accompagner le mieux possible tout en respectant les évolutions réglementaires », conclut-il.

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