Bataille d’égo et d’influence dans les cliniques privées

Un bref communiqué du Syndicat national des médecins du secteur libéral annonçant l’adhésion de cinq groupes au syndicat, en dit long, entre les lignes, sur la crise de représentativité que traverse le secteur de la santé privée. 

Bataille d’égo et d’influence dans les cliniques privées

Le 23 mai 2022 à 21h05

Modifié 24 mai 2022 à 20h23

Un bref communiqué du Syndicat national des médecins du secteur libéral annonçant l’adhésion de cinq groupes au syndicat, en dit long, entre les lignes, sur la crise de représentativité que traverse le secteur de la santé privée. 

Les groupes ODM, Akdital, Humanitas, Elsan et la SMIMT ont décidé d’adhérer au Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL). La demande d’adhésion a été annoncée par un communiqué du SNMSL publié ce lundi 23 mai.

"Nous avons reçu une demande d’adhésion au Syndicat national des médecins du secteur libéral d’un certain nombre de médecins et de directeurs médicaux de cliniques et d’établissements privés faisant partie des groupes Akdital, Elsan, ODM, Humanitas, ainsi que la Société marocaine d’imagerie médicale et de téléradiologie (SMIMT) dans le secteur privé", avance le communiqué.

"Selon les statuts du syndicat, notamment l’article 14, ils seront inclus dans le pôle de cliniques privées prévu à cet effet au sein du syndicat. Ces nouveaux membres apporteront un soutien à ce pôle afin de contribuer au rôle déterminant de cette catégorie dans la performance médicale et l’accès équitable aux services de santé", poursuit le document.

"Le SNMSL bénéficiera, ainsi, de leur expérience de terrain qui donnera un nouvel élan au syndicat, permettant de participer activement au développement du secteur médical et à la réhabilitation du système de santé pour la réussite du chantier royal de la couverture sanitaire universelle", conclut-il.

"Une bataille d’ego"

Ce que ne dit pas le communiqué, c’est que les groupes ODM et Akdital ont en parallèle quitté l’historique Association nationale des cliniques privées (ANCP), présidée par le Pr Redouane Semlali. Il faut préciser que Humanitas, Elsan et la SMIMT ne sont pas concernés par ce départ de l’ANCP.

Ce changement d’instance met à nu une sévère crise de représentativité dans un secteur qui connaît une profonde mutation. Il se fait aussi sur fond de bataille entre deux acteurs majeurs, à savoir Akdital, du Dr Rochdi Talib, et Oncorad, du Pr Redouane Semlali, par ailleurs président de l’ANCP.

Une bataille dont les premiers échos ont éclaté au grand jour suite au conflit sur la question des conventions individuelles signées par le groupe Akdital et dénoncées par le Pr Semlali au nom de l’ANCP, et qui s’est poursuivie dans le cadre de l’Assemblée générale élective de l’ANCP, tenue le 16 mai, laquelle a reconduit le Pr Semlali à la tête de l’association.

De quoi tout cela est-il le nom ? Entre les deux hommes se joue "une bataille d’égo", "un combat de coqs", résument deux sources fiables sollicitées par Médias24 pour comprendre les évènements qui secouent le secteur des cliniques privées depuis plusieurs semaines. Selon nos interlocuteurs, les deux hommes prennent "les choses à cœur et de façon personnelle".

Dans sa lettre de retrait dont Médias24 détient copie, le Dr Rochdi Talib justifie ainsi le retrait de ses neuf cliniques de l’ANCP :

- "Nous estimons que l’ANCP ne répond plus aux attentes de notre profession ; laquelle devrait normalement constituer un cadre unitaire puissant."

- "Nous constatons que l’ANCP a été détournée de son objet, en laissant son président utiliser ses moyens et la tribune qu’elle lui offre pour régler des griefs personnels avec Akdital, qu’il considère comme son principal concurrent. Toute la communication actuelle de l’ANCP consiste en des attaques injustifiées et répétées à l’encontre de notre groupe."

- "Dans ces conditions, vous comprenez que nous ne pouvons cautionner la politique de division de la profession menée par le président de l’ANCP, dont le principal objectif est de calomnier un de ses membres."

Le groupe ODM a, quant à lui, été dans la retenue pour expliquer son retrait de l’association. "Si le retrait a été fait de concert, les raisons ne sont pas les mêmes", assure une de nos sources. Pour le groupe ODM, "cette décision est motivée par le constat que le secteur de la santé privée au Maroc connaît un grand essor et que, de ce fait, les moyens de représentativité pour les différents acteurs se multiplient (...). Notre groupe considère que d’autres forums sont aujourd’hui plus adaptés pour exprimer ses points de vue".

Des intérêts et des enjeux

En résumé et en mettant de côté le brouhaha occasionné par la bataille personnelle entre Redouane Semlali et Rochdi Talib, c’est une véritable crise et guerre de représentativité que traverse le secteur de la santé privée.

D’un côté, les instances historiques dirigées par la vieille garde ; de l’autre, de nouveaux groupes qui ont émergé suite à la loi 131-13 régulant l’activité de médecine et ouvrant le capital des cliniques privées à des investisseurs non-médecins.

Ces groupes, qui disposent de moyens financiers plus importants, se développent à vitesse grandissante et chamboulent la donne. "Nous nous retrouvons de moins en moins dans cette association (l’ANCP, ndlr) ; d’autant que malgré notre poids, nous ne sommes jamais consultés ni impliqués dans les dossiers stratégiques", regrette une source. Les cinq groupes qui ont rejoint le SNMSL revendiquent "une trentaine de cliniques, 1.800 lits, des centaines de médecins", sans compter "22 nouvelles structures en développement".

D’autre part, on reproche aux groupes de "vouloir mettre la main sur les instances du secteur à coups de moyens financiers" et "de mener une charge contre le Pr Semlali et l’ANCP car l’association, sous sa direction, défend davantage les petites cliniques que les grands groupes".

Cette guerre de représentativité remonte à 2020, avec au cœur de l’enjeu, l’intégration de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). A l’époque, la bataille opposait la Fédération nationale de la santé (FNS), présidée par le Dr Afif et dont le vice-président est le Pr Semlali, et l’Association marocaine des groupes de la santé (AMGS), qui représente sept principaux groupes privés dont Akdital et ODM, entre autres.

Au final, aucune n’a intégré la CGEM, qui a décidé de créer une fédération interne – laquelle n’a jamais été activée selon nos informations.

Force est de constater que l’histoire se répète désormais autour des mêmes acteurs, pour les mêmes enjeux, mais au sein d’instances différentes.

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