Carburant : la guerre en Ukraine aura un impact limité sur les prix à la pompe à ce stade

Si la Russie a lancé son offensive sur l’Ukraine, le pire sera évité sur le marché du pétrole. En cause : le dimensionnement ciblé des sanctions prises par l’Occident qui ont contourné le secteur de l’énergie. Selon les experts, le prix du baril dépassera, au pire des cas, les 120 dollars.

Carburant : la guerre en Ukraine aura un impact limité sur les prix à la pompe à ce stade

Le 25 février 2022 à 13h58

Modifié 25 février 2022 à 16h52

Si la Russie a lancé son offensive sur l’Ukraine, le pire sera évité sur le marché du pétrole. En cause : le dimensionnement ciblé des sanctions prises par l’Occident qui ont contourné le secteur de l’énergie. Selon les experts, le prix du baril dépassera, au pire des cas, les 120 dollars.

A l’annonce de l’offensive russe sur l’Ukraine, le marché du pétrole s’est emballé, le pétrole ayant cassé le plafond des 100 dollars pour atteindre, jeudi 24 février, les 105 dollars le baril. Mais la sortie du président américain Joe Biden a rassuré les esprits. Le locataire de la Maison blanche a annoncé une série de sanctions qui visent surtout le système financier russe et la capacité du pays à s’approvisionner en produits technologiques, contournant ainsi le secteur de l’énergie.

Biden l’a exprimé clairement dans sa conférence de presse jeudi soir : « Dans notre paquet de sanctions, nous nous sommes assurés que les paiements pour l’énergie continueront. Nous surveillons les stocks d’énergie pour limiter toute perturbation, » a-t-il déclaré, demandant aux géants américains du pétrole et du gaz de ne pas profiter de la situation pour augmenter leurs prix.

« Nous avons soigneusement conçu ces sanctions pour maximiser l’impact, à long terme, sur la Russie, et minimiser l’impact sur les Etats-Unis et nos alliés », a ajouté le président américain.

>>> En vidéo, les annonces rassurantes de Joe Biden :

Les cours du baril reviennent sous la barre des 100 dollars

Un discours qui a rassuré les Américains, mais aussi les marchés mondiaux et les pays exportateurs de pétrole. L’impact de cette déclaration a été efficace : ce vendredi 25 février, à l’heure où ces lignes sont écrites, le cours du baril de Brent est descendu sous la barre des 100 dollars, se négociant à 98,5 dollars.

Ce que craignaient le plus les marchés, c’étaient les sanctions contre le Kremlin et leur ampleur, plus que l’impact direct de l’invasion militaire russe. Et il semble que les Américains et leurs alliés européens ne veuillent pas envenimer la situation économique mondiale, qui connaît déjà une grande tension inflationniste, et souhaitent préserver, autant que possible, les prix à la pompe et le pouvoir d’achat des ménages.

En dehors de ce calibrage des sanctions, Joe Biden a également annoncé que les Etats-Unis coordonnent avec d’autres pays producteurs de pétrole pour limiter la hausse des prix. Il a affirmé qu’en dernier recours, le pays pourrait mettre sur le marché des barils de pétrole provenant de ses réserves stratégiques, afin de limiter la hausse des prix.

Des annonces qui ont déjà contribué à calmer la fièvre des marchés et apaiser les pays importateurs de pétrole, dont le Maroc.

Affecté depuis plusieurs mois par la flambée du prix du pétrole et la hausse des prix à la pompe, le Royaume ne pourrait pas supporter une nouvelle hausse des cours sur les marchés internationaux. Le scénario d’un prix du baril à plus de 140 dollars, comme en 2008, ne se répétera pas, selon plusieurs experts cités dans la presse internationale.

« La Russie est le troisième producteur de pétrole au monde, le premier exportateur de gaz, de blé, de nickel et de palladium, et le troisième exportateur d’aluminium », déclare Benjamin Louvet, expert en matières premières chez le gérant OFI AM, au journal Capital.

« Si la Russie ne peut plus exporter son pétrole, le prix du baril pourrait atteindre rapidement 120 dollars », ajoute-t-il. Les cours de l’or noir grimperaient, car dans un tel scénario, les exportations du pays ne pourraient pas être compensées ; tout du moins, pas dans l’immédiat.

Comment réagira le gouvernement Akhannouch si la situation dégénère ?

Un scénario qui semble pour l’instant écarté, car les échanges en pétrole et gaz de la Russie avec le reste du monde ne sont pas touchés. Même si côté russe, on continue de jouer sur la carte des prix des produits énergétiques comme arme de persuasion contre leurs adversaires occidentaux.

Dans un tweet, l’ancien président russe et actuel membre du Conseil de sécurité Dimitri Medvedev, a ainsi laissé entendre que les prix pourraient doubler.

"Bienvenus dans une nouvelle ère, où les Européens devront bientôt payer 2.000 euros par millier de mètres cubes (de gaz) !", a-t-il écrit sur Twitter en anglais et en allemand.

Une menace qui fait suite à la décision allemande de suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2 la reliant à la Russie, dont la mise en service était prévue en 2022. Ce pipeline devait permettre à la Russie d’exporter 110 milliards de m3 de gaz naturel par an, soit la moitié de ses livraisons à l’Europe.

En réalité, indiquent des experts cités par l’agence de presse Reuters, cette suspension était réclamée depuis plusieurs mois par les Etats-Unis. Washington a indiqué ne pas sanctionner directement les marchés mondiaux de l’énergie. « Les sanctions imposées aujourd’hui et celles qui pourraient être décidées bientôt, ne visent pas les flux de pétrole et de gaz », a indiqué un responsable du département d’Etat américain. « Nous souhaitons que le marché note qu’il n’est pas nécessaire d’augmenter les prix pour le moment », rapporte l’agence Reuters.

Cela dit, si la riposte occidentale épargne aujourd’hui les marchés énergétiques, rien ne garantit le statu quo dans les semaines ou mois à venir. « Si la Russie allait plus loin, ces sanctions ne seraient qu’une première salve », a clairement indiqué le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, venu chercher des assurances à Washington, s’est félicité de cette approche « par vague » en matière de sanctions internationales. « La pression doit continuer à augmenter. Et si cela signifie qu’il y aura des annonces régulières de nouvelles sanctions, nous serons satisfaits », a-t-il indiqué.

La situation sur le pétrole semble donc sous contrôle aujourd’hui. Mais elle peut dégénérer à n’importe quel moment, causant une flambée sans précédent des prix du baril et du gaz, avec ses conséquences directes sur les prix à la pompe dans le monde et au Maroc, où le marché est libéralisé. Ce qui pousserait certainement le gouvernement à intervenir pour contenir toute nouvelle hausse des prix du carburant, et limiter les dégâts déjà causés sur l’économie et le pouvoir d’achat des ménages.

Ce qui fait dire à un économiste marocain joint par Médias24 que l’Etat doit d’ores et déjà préparer un plan « interventionniste » au cas où le prix du baril flamberait.

« Le gouvernement est pour l’instant dans l’expectative, laissant les citoyens face à la loi du marché. Mais si le prix du baril de pétrole dépasse les 100 dollars et atteint les 150 dollars comme le prévoient plusieurs experts, une intervention de l’Etat paraît obligatoire, quitte à faire monter le budget de la compensation et creuser le déficit budgétaire. Sinon, cela ouvrira le pays à des tensions sociales qui pourront avoir de lourdes conséquences », indique notre source.

Ce plan doit, selon lui, être prêt à être déployé à n’importe quel moment. « On ne peut pas attendre que la situation dégénère pour commencer à réfléchir aux mécanismes à mettre en place. Le gouvernement doit avoir un plan prêt ; soit de plafonnement des prix à la pompe, soit d’un retour temporaire des hydrocarbures dans le panier des produits subventionnés par la caisse de compensation. La réglementation lui donne tous les leviers pour intervenir. Et gouverner, c’est anticiper… », insiste notre économiste.

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