Élections, gouvernement, opposition… Nabil Benabdellah dit tout

Pour sa première sortie médiatique, après les élections du 8 septembre, le secrétaire général du PPS s’exprime dans cet entretien sur les résultats des élections, la composition du gouvernement, la faiblesse de l’opposition, et annonce son retrait de la vie politique, ou du moins sa volonté de ne pas rempiler pour un nouveau mandat à la tête du PPS. Une interview sans langue de bois.

Élections, gouvernement, opposition… Nabil Benabdellah dit tout

Le 2 novembre 2021 à 15h13

Modifié 2 novembre 2021 à 18h34

Pour sa première sortie médiatique, après les élections du 8 septembre, le secrétaire général du PPS s’exprime dans cet entretien sur les résultats des élections, la composition du gouvernement, la faiblesse de l’opposition, et annonce son retrait de la vie politique, ou du moins sa volonté de ne pas rempiler pour un nouveau mandat à la tête du PPS. Une interview sans langue de bois.

Nous avions contacté Nabil Benabdellah, dès les premiers jours qui ont suivi les élections pour une interview. Mais le secrétaire général du PPS s’est excusé, nous disant qu’il ne voudrait pas gêner le processus de constitution du gouvernement.

D’habitude prolixe, il s’est tu depuis. Maintenant que le gouvernement est officiellement constitué, qu’il a déjà plus de vingt jours dans le compteur, Nabil Benabdellah a accepté de sortir de sa réserve et de nous livrer ses commentaires et son avis, sur tout ce qui s’est passé ces dernières semaines dans le paysage politique : des résultats des élections, aux négociations pour la constitution du gouvernement, à la critique de l’exécutif Akhannouch, de « son silence », de son programme, à l’analyse de la structure actuelle de l’opposition et de la difficulté d’établir une coordination, pour créer un véritable front contre la Troïka aux affaires….

Une interview où Nabil Benabdellah nous annonce, également, qu’il ne sera pas candidat, à sa propre réélection à la tête du parti lors du prochain congrès, prévu vers la mi-2022, souhaitant laisser la place à une nouvelle génération de leaders, « jeunes » et « branchés », comme il dit.

Une interview sans langue de bois où Nabil Benabdellah ne mâche pas ses mots, disant tout, sans se censurer. Surtout quand il s’agit d’un thème qui lui tient particulièrement à cœur : l’autonomie des partis et le renforcement des institutions politiques et démocratiques.

Médias24: C’est votre première sortie médiatique après les élections du 8 septembre. Vous vous êtes refusé, depuis cette date, à émettre des commentaires pour ne pas gêner le processus de constitution du gouvernement. Il est désormais constitué et exerce pleinement ses fonctions. Peut-on avoir vos commentaires sur les résultats de ces élections qui ont apporté deux grandes surprises : la victoire écrasante du RNI et l’effondrement du PJD ?

Nabil Benabdellah: Je ne pense pas qu’il y ait eu un raz-de-marée du RNI. Et je ne pense pas, non plus, qu’il y ait eu un vote politique favorable au RNI. En fait, deux facteurs concomitants ont grandement contribué à ce résultat.

Le premier, c’est une sorte de volonté au sein de différentes couches de la population de changer d’ère. Après deux mandats, le PJD s’est frotté à l’usure du pouvoir. Outre ce fait, ce même parti, en particulier dans sa version El Othmani, n’a pas été particulièrement brillant. Certes, il a subi des oppositions de l’intérieur même du gouvernement, mais sa volonté de réforme, son punch politique étaient complètement absents. Ça manquait beaucoup de charisme et de capacité à occuper la scène politique, chose que savait faire, force est de le constater, Benkirane.

Deuxième facteur, qu’on le veuille ou non, c’est l’utilisation massive, jamais égalée, de l’argent. Ce facteur a fait que beaucoup de partis n’ont pas pu suivre. L’effondrement du PJD est certes, dû au premier facteur que j’ai évoqué, mais personne ne les attendait aussi bas. Et l’une des raisons qui font qu’ils sont tombés aussi bas, c’est que beaucoup des leurs les ont quittés, se sont présentés ailleurs. Le PJD a eu un défaut important de candidats au niveau local, il n’a même pas réussi à couvrir le quart des circonscriptions (8.000 candidats sur 30.000). Nous avons réussi au PPS à faire mieux, avec 2.000 candidats de plus.

Le score qui était le nôtre est, d’ailleurs, un vrai miracle, un véritable exploit. Résister à ce tsunami de l’argent, c’est quelque chose de grandiose. Avoir 22 sièges au Parlement, alors que nous avions une crise financière énorme et nous n’avions pas de quoi soutenir nos candidats, est un véritable exploit.

Je peux vous dire que les sommes qui étaient dépensées, cette année aux élections, notamment par le RNI, ont été pour le moins multipliées par dix. Personne n’était en mesure de suivre…

- Ce que vous dites laisse entendre que ce Parlement est illégitime politiquement…

- Je n’irai pas jusque-là. Mais ce que je peux vous dire et ce que j’ai dit dans mon rapport au comité central du parti samedi dernier, c’est qu’aujourd’hui, les partis sont profondément menacés par l’entrée de milieux liés à l’argent sale, à l’argent occulte. Je ne suis pas en train de dire que tel ou tel parti, c'est l'argent sale et l'argent occulte. Je ne suis pas en train de faire l’ultra gauchiste qui s’attaque au capital. Je suis, personnellement, pour le fait que le monde des affaires s’intéresse à la politique et puisse être représenté au Parlement. Mais je parle ici du monde des affaires formel, officiel, qui paie ses impôts, du monde des affaires citoyen.

A côté de celui-là, le monde formel, nous avons affaire à ceux qui sont liés à l’économie informelle, à la rente, à la gestion des carrières de sables, de pierres et autres, à ceux quoi profitent des agréments, à ceux qui gèrent, au niveau local ou provincial, un certain nombre d’entreprises non déclarées, travaillant dans l’informel total. Des gens qui ont besoin d’une couverture politique pour mieux asseoir leur présence au niveau local, provincial ou régional.

Et ces derniers milieux ont, parfois, des liens avec les milieux de la corruption, de la concussion. Je pèse mes mots, je sais ce que je dis. Et je l’ai dit, officiellement, dans mon rapport au comité central du parti et je l’ai exprimé, avant même les élections.

- Le parti de l’Istiqlal et le PAM ont tout de même pu obtenir de bons résultats. Comment expliquez-vous leurs scores dans le contexte que vous décrivez ?

- J’explique leurs résultats par deux choses.

Un effort certain, en termes de couverture qui a fait qu’ils ont pu coller au RNI. Le PAM a réussi à dépasser les 20.000 candidats, et l’Istiqlal a été proche des 20.000. Mais pour pouvoir faire ça, ils disposaient aussi de moyens financiers, pas forcément, en tant que partis directement, mais ils ont en leur sein un certain nombre de leaders régionaux qui ont des moyens financiers importants, pour financer, aussi bien, leur campagne que celle des candidats de la région à laquelle ils appartiennent.

Ils ont donc tenu, mais sans arriver au niveau utilisé par le RNI. Ils sont très loin de cela. Mais ils ont eu, quand même, des moyens financiers, autrement plus importants que ceux dont on disposait au PPS, par exemple.

- Le gouvernement a été nommé par le Roi le 7 octobre, et sa déclaration gouvernementale votée le 11 octobre. Vingt jours après l’entrée en fonction officielle de cet exécutif, quelles sont vos premières impressions sur sa composition, son architecture ?

- Comme je l’ai dit, dans mon rapport, livré comité central, c’est un gouvernement en apparence politique. Mais sur le fond, c’est un gouvernement qui manque, cruellement, de calibres politiques en son sein. Or, un gouvernement est, d’abord et avant tout, une présence politique forte, une capacité à influencer l’opinion publique, une capacité à mobiliser, à expliquer, à incruster au sein de la population l’idée que tout ce qui se fait, même lorsqu’il s’agit des mesures difficiles, est nécessaire. Voilà à quoi sert un gouvernement politique.

Un gouvernement doit, aussi, il ne faut pas le nier, comporter des compétences. Des hommes et des femmes qui sont capables de gérer, de délivrer. Mais délivrer, c’est, d’abord et avant tout, pour un ministre, décider. Ce n’est pas juste la capacité d’analyser, de faire des études, de comprendre une situation, mais la capacité de prendre les bonnes décisions et d’avoir le courage et la capacité de les défendre. C’est pour cela qu’un gouvernement doit être d’abord politique.

Et permettez-moi de vous dire que cet élément est, totalement absent, en tous cas depuis l’entrée en fonction du gouvernement. A part la déclaration gouvernementale et la présentation du projet de loi de Finances, le gouvernement et ses ministres ne sont déjà pas audibles.

D’autant qu’il y a eu quelques couacs, dès le départ et qu’il y a un besoin aujourd’hui d’un chef de gouvernement qui est capable de monter au créneau, d’expliquer, de convaincre, d’occuper la scène, mais aussi d’un certain nombre de ministres qui ont, également, cette même capacité. Mais là, force est de constater qu’ils sont aux abonnés absents.

- Les citoyens n’ont pas laissé de répit au gouvernement. On voit une forte opposition s’exprimer sur les réseaux sociaux, des critiques virulentes sur le remaniement record au ministère de la Santé, sur la décision d’instaurer le pass vaccinal, sur certains conflits d’intérêts qui sont apparus dans les collectivités territoriales, notamment à Rabat et Casablanca… Que pensez-vous de tout cela ?  

-C’est bien ce que je vous disais. Malheureusement, au lieu d’avoir affaire à un gouvernement politique, qui après sa déclaration gouvernementale et la présentation de son PLF, incruste tout de suite quatre ou cinq messages importants, des mesures susceptibles de mobiliser l’opinion publique, nous avons, à contrario, un gouvernement qui est déjà obligé d’opérer un remaniement dans les premiers jours, qui est obligé de reporter la présentation du PLF d’une semaine, sans prévenir le Parlement… Ils ont, par la suite, pris cette décision du pass vaccinal dans la précipitation.

Au sein du PPS, nous ne sommes pas contre le pass vaccinal, mais nous estimons que, comme dans tous les pays démocratiques du monde, quand on veut imposer une mesure comme celle-là, on prend le temps qu’il faut, on explique à la population et on traite la population comme des citoyens et des citoyennes. D’autant qu’il y a des cas et des problèmes sociaux qui se posent, des gens qui doutent encore… Le gouvernement n’aurait, strictement rien perdu, au contraire il aurait beaucoup gagné, s’il avait inscrit cette démarche en prévenant et en donnant un délai d’au moins un mois, avant de la mettre en œuvre.

Et je voudrais ajouter à cela que même si les conditions internationales expliquent, pour beaucoup, les hausses successives des prix des denrées de première nécessité, cela ne justifie pas l’absence du gouvernement de la scène. Le gouvernement ne s’exprime pas sur la question et ne propose pas quoi que ce soit pour donner de la visibilité aux gens. Encore une fois, c’est silence radio, pas de présence politique.

 - Actuellement en discussion, le PLF est défendu bec et ongles par le gouvernement, mais selon plusieurs tranches de la population, ce budget ne reflète pas les grandes promesses du gouvernement et des partis qui le composent. Que pensez-vous de ce PLF ?

- Dans votre question, il y a la réponse.

Les trois partis au gouvernement, surtout le RNI qui dirige l’exécutif, nous ont servi pendant la campagne, des programmes politiques dans lesquels ils ont posé sur la table des promesses que beaucoup critiquaient, déjà, à l’époque de la campagne électorale, car on savait que ces promesses ne seraient pas tenues.

En faisant cela, vous trompez donc l’opinion publique. Vous venez ensuite, à la déclaration gouvernementale et vous reprenez les grandes lignes du nouveau modèle de développement comme référence. Et lorsque le PLF est là, nous ne retrouvons rien de tout cela. Pas d’augmentation de salaires tel que promis, pas d’amélioration de la situation d’un certain nombre de couches sociales, pas de protection du pouvoir d’achat, rien sur la classe moyenne, pas de réforme fiscale, si ce n’est de tomber encore sur le consommateur et taxer l’électroménager sous prétexte qu’il est anti-écologique. Ou surtaxer encore les entreprises qui paient toujours leurs impôts…

C’est un PLF qui est faible, sans parler du fait qu’ils ont promis aux Marocains la création de 1 million d’emplois sur cinq ans, alors qu’ils commencent déjà sur une perspective de 125.000 emplois, la première année…

- Sur ce point, on peut dire que la promesse du million d’emplois s’étale sur cinq ans et que le gouvernement peut se rattraper les années suivantes…

- Soyons sérieux. Est-ce que ce gouvernement sera capable à partir de 2023, quelle que soit la reprise à l’échelle internationale, de créer 300.000 emplois par an pour se rattraper ? C’est impossible.

C’est possible si on fait 7% de croissance, mais le gouvernement ne s’engage que sur 4% de croissance. Et 4% sur toute la durée de la mandature. Si au moins il s’était engagé à arriver à 6 ou 7% à la fin de son mandat, je pourrais dire qu’il va peut être y arriver en bout de course.

Le gouvernement doit rester sérieux face à la réalité des chiffres. Le Wali de Bank Al Maghrib les a alertés sur cela et ils l’ont attaqué de manière féroce. C’est le seul niveau dans lequel ils ont essayé de montrer un peu d’audace, mais au bout du compte, on se rend compte que le Wali de Bank Al Maghrib avait raison de dire, qu’il est inutile et contreproductif de faire des promesses aux Marocains qu’on ne peut pas tenir.

Ce dimanche, nous avions des mouvements sociaux un peu partout au Maroc. Le gouvernement est là et regarde tout cela en spectateur, incapable de réagir, incapable d’occuper la scène.

Nous avons toujours alerté au PPS, sur le fait qu’affaiblir les partis politiques, les institutions démocratiques, ne peut mener qu’à une chose : la nature ayant horreur du vide, ce sont les expressions spontanées que nous retrouverons, soit dans les réseaux sociaux, soit dans la rue qui prennent le dessus et sans le moindre encadrement. Nous sommes déjà en face de cela aujourd’hui…

Le PJD n’est plus là. Je l’ai toujours dit : vouloir écarter le PJD, c’est légitime, mais ce n’est pas une politique en soi. Écarter le PJD, oui, mais comme disent les anglais « So What ? ». Et après ? Maintenant, nous sommes dans l’après. On peut écarter le PJD, mais en même temps renforcer la scène politique, redonner de la crédibilité à la scène politique, créer le climat de détente politique en libérant les prisonniers du rif, en dépassant un certain nombre de clivages, au niveau de la liberté d’expression…

Et nous n’étions pas les seuls à le dire. Le PAM et l’Istiqlal le demandaient. Et même si Nizar Baraka et Abdellatif Ouahbi sont des amis, je voudrais le leur rappeler, en leur disant d’essayer d’être présents politiquement, de redonner vie à la scène politique. Il n’y a que la scène politique qui peut être un garde-fou, permettant à la vie institutionnelle d’encadrer et d’accueillir, toutes les formes de protestations. Autrement, nous allons nous retrouver dans une situation difficile. Et nous y sommes déjà…

- Parlons un peu de votre parti. Vous avez amélioré votre score à 22 sièges, soit 10 sièges de plus qu’en 2016. Vous avez rencontré le chef du gouvernement juste après sa désignation par le Roi. Comment se sont passées les discussions avec Aziz Akhannouch ?

- Bien, cordiales, amicales…

- Même si vous étiez un de ses farouches opposants pendant la campagne ?

- J’ai des relations cordiales, à titre personnel, avec l’écrasante majorité des leaders de la scène politique. Je campe en tant que personne sur les positions du parti et je les défends et, en même temps, je garde des relations cordiales avec les gens. Aziz Akhannouch, je le connais depuis plus de vingt-cinq ans…

- Sur quoi ont porté vos échanges ?

- Plein de choses. Mais dès le départ, je lui ai dit que je viens vous voir à la suite de votre invitation. Je n’ai aucune prétention, ni volonté de faire partie de ce gouvernement. Nous savons, également, que vous n’avez pas la volonté de nous le proposer.

Je lui ai dit, également, du plus profond de mon cœur, qu’on vous souhaite tout le succès que le peuple marocain attend. Vous êtes partis pour cinq ans, nous n’avons pas envie que le peuple souffre cinq ans de plus. Même si nous sommes dans l’opposition, nous souhaitons le mieux pour notre peuple et notre pays.

Et je lui ai dit que dans ce sens, j’ai cinq questions à vous soumettre : la démocratie, les droits de l’homme, les libertés collectives, les libertés individuelles, la liberté d’expression, ne les oubliez pas. Attention de croire que vous pouvez vous en passer. Nous vous attendons sur un code pénal plus libéral, plus ouvert, sur l’élargissement des libertés, sur le renforcement du rôle des politiques et des partis…

Deuxième chose sur laquelle j’ai insisté, lors de ma rencontre avec Aziz Akhannouch : l’économie. On a parlé de la relance l’économie, du soutien à l’entreprise, du rôle que l’État doit jouer, en tant qu’investisseur, créateur d’un environnement favorable des affaires, la lutte contre la rente, la corruption… Je lui ait d’en faire une priorité. Et de, ne surtout pas oublier le social, pas en slogans mais en réalisation.

J’ai soulevé aussi la question de la culture, qui est le parent pauvre de toutes les politiques. Et j’ai parlé en dernier lieu de l’écologie.

Je lui ai dit que je serai le premier à le soutenir, dans tout ce qui va dans ce sens. Mais que je serai son premier opposant, sur tout ce qui sort de cela. Et je le ferai avec la forme.

- Le paysage politique marocain vit actuellement avec un gouvernement qui détient une forte majorité, et une opposition très faible numériquement, mais qui est aussi divisée politiquement. Vous semblez d’ailleurs isolés entre une USFP avec laquelle vous ne vous entendez pas, l’UC et le MP avec qui vous n’avez pas de proximité réelle, les deux députés du PSU et de la FGD et les 13 députés du PJD, parti avec lequel vous avez rompu les liens sous El Otmani… Comment qualifiez-vous cette situation ? Est-ce qu’il y a un début de coordination entre ces différentes composantes de l’opposition ?

- L’UC est dans le soutien critique, donc, on les élimine de l’opposition. Maintenant, la vérité, il n’y a pas de coordination. Ça va être difficile. Mais nous estimons qu’il faut travailler sur deux registres, sur ce qu'il sera possible de faire au Parlement entre ces différentes composantes, principalement, entre l’USFP, le MP et le PJD et notre groupe. Il y a des initiatives qui peuvent prise au parlement, comme des propositions de loi, la constitution de commissions d’enquêtes ou autres… On peut faire des choses ensemble.

Deuxième chose que nous pouvons enclencher, c’est comment recréer un véritable espace de gauche, réveiller le peuple de gauche. Et ce concept-là, ne doit pas s’arrêter à l’intérieur des frontières et des murs des partis actuels. Le peuple de gauche se situe au-delà. Il y a des milliers voire des centaines de milliers de personnes qui peuvent demain se sentir éveillées et attirées si elles voient qu’il y a une véritable dynamique de gauche qui dépasse les murs actuels. Des gens qui, dans leur grande majorité, ne votent pas aujourd’hui. On entend beaucoup travailler au PPS sur ce registre.

Il y a un dernier niveau qui est celui qu’on peut appeler un mouvement citoyen qui serait matérialisé, par les militants qui agissent pour l’égalité hommes-femmes, les organisations de défense des droits de l’homme, les militants du monde rural, de l’espace des montagnes, de l’écologie… Nous estimons qu’on peut s’inscrire, dans cette démarche et jouer un rôle, en tant que PPS pour fédérer toute ces énergies.

- Ce week-end a été marqué par le retour de Abdelilah Benkirane à la tête du PJD, un homme avec qui vous vous entendez particulierement. Qu’est-ce que cela va changer dans votre positionnement au sein de l’opposition ? Peut-on s’attendre à une nouvelle alliance PPS-PJD qui mènerait le front de l’opposition politique au gouvernement Akhannouch?

- Il peut y avoir de la coordination, des actions communes sur certaines questions au parlement. On peut nous mobiliser sur des dossiers, lorsqu’il s’agira de défendre de grandes questions, de relever certains aspects qui peuvent nuire à la vie politique, au pouvoir d’achat des citoyens…

Nous sommes dans une perspective de gauche, progressiste… Dans quelle mesure le PJD s’inscrira-t-il avec nous dans cette démarche ? je ne sais pas. Il est évident que si Benkirane est revenu pour réveiller et il risque de le faire, des réflexes conservateurs, eh bien là, nous ne pourrons pas suivre le PJD. Nous le dirons clairement et nous nous opposerons à toute velléité rétrograde, traditionnaliste ou conservatrice.

- Le PPS tiendra son congrès vers la mi-2022. Comptez-vous rempiler pour un autre mandat à la tête du parti ?

- Non. J’ai déjà prévenu le parti et sa direction que je ne vais pas me présenter. Les statuts qui avaient été changés en 2013 permettent la possibilité de faire trois mandats. Mais honnêtement, je pense qu’il y a un temps pour tout, il faut savoir céder la place, créer une nouvelle dynamique, avec de nouvelles têtes, du personnel politique jeune, plus branché, même si je ne m’estime pas has been.

Ce qui, aujourd’hui, me préoccupe mais tout en étant optimiste, c’est comment créer une alternative collective à l’intérieur du parti, que notre ligne ne soit pas juste l’expression de parcours personnels. Il faut conserver la ligne politique du PPS, son autonomie de décision, son courage, son audace. Et ça, c’est le plus important. Et on doit trouver les hommes et les femmes capables de perpétuer cette ligne.

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