Lancée en juin 2012 au Maroc, en Egypte, au Nigéria, au Kenya, en Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire par Africa Internet Holding, la licorne africaine du commerce électronique Jumia a pu asseoir une image de marque sur le continent et un capital confiance.

L’entreprise a construit un écosystème autour de sa notoriété confortée et a vu son modèle évoluer au regard des enjeux du marché et des besoins des clients, notamment par la diversification de ses activités comme la livraison de plats via Jumia Food.

Couramment comparée aux géants du e-commerce Amazon ou Alibaba mais made in Africa, Jumia repose aujourd’hui sur trois piliers : une marketplace, Jumia logistics et JumiaPay. La marketplace sert d’intermédiaire entre des vendeurs et des millions de clients. Jumia Logistics organise la livraison de millions de colis via son réseau de partenaires locaux; et JumiaPay permet le paiement des transactions en ligne dans tout l’écosystème Jumia.

Au Maroc, qui est l’un des marchés historiques de Jumia, la plateforme compte actuellement plus d’un millier de livreurs, plus de 400 employés directs et plusieurs milliers indirects. Elle reçoit actuellement plus de 10 millions de visites par mois.

Le réseau logistique de Jumia permet une couverture nationale à hauteur de 97%. « Jumia se positionne aujourd'hui en tant que catalyseur économique à travers la collaboration avec plus de 10.000 vendeurs, grandes entreprises, PME et TPE, pour qui nous développons de nouvelles perspectives de croissance et les accompagnons dans leur transformation digitale », souligne le DG de Jumia.

En Afrique, Jumia qui dispose de la présence la plus importante, car présente dans 19 pays a affiché une tendance rassurante en 2020. Les six premiers mois ont enregistré une hausse des transactions à hauteur de 50% principalement dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya ou le Nigéria.

Au Maroc, le marché du e-commerce en est toujours à ses balbutiements mais croît à un rythme sûr et accéléré. « Sur le plan africain, si l’on se penche sur l'activité du retail, le commerce électronique représente moins de 1% comparativement au marché nord-américain ou chinois qui représentent respectivement 12% et 20% », fait constater Larbi Alaoui Belrhiti.

Il prévoit par ailleurs un avenir radieux pour le secteur qui, selon notre interlocuteur, ouvre des perspectives de croissance considérables pour plusieurs raisons : « une consolidation de la couche moyenne avec un développement considérable de 80% entre 2020 et 2030, une augmentation de 70% des investissements technologiques sur l’ensemble du continent africain et une tendance accrue des chantiers de transformation digitale, accélérée par la situation épidémiologique », souligne-t-il.

La résilience du secteur a été, en effet, plus qu’impressionnante pendant l’année écoulée. La crise sanitaire a stimulé l’usage des nouvelles technologies en général et des plateformes e-commerce en particulier.

« En raison du confinement, les transactions se sont multipliées et le nombre de nos utilisateurs a augmenté de manière significative. Le secteur a ainsi parfaitement joué son rôle et nous sommes fiers que les acteurs du marché, dont Jumia, aient su répondre aux besoins de nos compatriotes. Nos équipes ont, dans ce cadre, été mobilisées en permanence afin de fournir un service de qualité grâce à une logistique renforcée », se félicite le DG de Jumia au Maroc. Et de poursuivre : « La crise a cependant donné un coup d'accélérateur à un phénomène de fond qui dure depuis plusieurs années. Notre marketplace réunit un nombre croissant de consommateurs et notre écosystème de vendeurs et partenaires est lui aussi en constante augmentation ».

Jumia, qui propose une gamme de produits qui va des produits de première nécessité aux articles hight-tech, répond à la problématique du dernier kilomètre. Elle mise ainsi sur l’optimisation de sa logistique à travers un maillage territorial basé notamment sur une plateforme logistique centrale de 3.500 m² à Casablanca, 24 hubs, 150 points de retrait et une flotte de livreurs partenaires répartis sur l’ensemble du territoire.

« Notre position de leader nous permet de contribuer efficacement à la démocratisation de l’e-commerce et de participer à réduire la fracture numérique entre les territoires. Les Marocains se sont rendus compte du fait que le e-commerce joue un rôle important durant cette crise sanitaire, cela a entraîné un changement des habitudes d’achats. Aujourd’hui, les Marocains doivent respecter les mesures sanitaires en évitant les rassemblements. Commander en ligne, payer par carte et se faire livrer à son domicile sans contact est plus que rassurant! ».

Rocket Internet a quitté le tour de table de Jumia en Afrique

Au fil des années et à une échelle africaine, Jumia a levé plus de 986 millions de dollars entre 2010 et 2019 et a rassemblé dans son tour de table des investisseurs de gros calibre comme le sud-africain MTN, Orange, le suédois Millicom, Axa Africa Holding ou encore Pernot Ricard, faisant de la plateforme e-commerce la première licorne africaine.

Au milieu de cette effervescence, l’actionnaire historique allemand et spécialiste du e-commerce « Rocket Internet », qui a soutenu le lancement de Jumia en 2012 s’est retiré de l’actionnariat en avril 2020.

Larbi Alaoui Belrhiti ne souhaite pas commenter ni spéculer sur les activités des investisseurs. Par ailleurs, il affirme que « la vente d'actions par Rocket Internet est un processus qui s'est déroulé progressivement au cours des derniers mois et qui était déjà dans le domaine public. Elle a été initiée par Rocket après l'expiration du blocage en octobre 2019, lorsqu'elle a déposé le formulaire 114 pour commencer à vendre des actions sur le marché ». Et d’ajouter : « Nous ne serons jamais assez reconnaissants car ils ont cru en nous dès le départ et nous ont soutenus au cours des huit dernières années. Nous nous concentrons sur la réalisation de notre mission et l'exécution de notre stratégie ».

« Nous sommes convaincus que le succès collectif de Jumia et de nombreuses autres startups sur le continent continuera à attirer de nouveaux entrepreneurs, d'autres acteurs du secteur et des investisseurs sur ces marchés. Nous avons investi une énergie, une passion, une concentration et un engagement considérables pour nous adapter aux caractéristiques très uniques et spécifiques de l'Afrique. Notre agilité nous a permis de nous développer rapidement et avec stabilité. Nous sommes très positifs quant à notre position sur ce marché », conclut notre interlocuteur.