S&P Ratings : La faible participation des femmes au marché du travail est un obstacle structurel à la croissance au Maroc
Dans un webinaire organisé le 8 avril, S&P note des obstacles structurels à générer de la croissance durable, notamment du fait de la faible participation des femmes au marché du travail. Selon l’agence, c’est un manque à gagner énorme pour le pays.
Le 2 avril, l’agence de notation S&P Global Ratings abaissait ses notations en devises locales et étrangères à long et à court terme pour le Maroc, induisant une perte de l’investment grade. Une baisse de notation qui intervient dans une tendance globale du fait des répercussions de la crise sanitaire sur l’économie des pays émergents.
Dans un webinaire organisé ce jeudi 8 avril, l’agence de notation explore les attentes de reprise et de croissance économique dans les marchés émergents en 2021. Ces économies plus fragiles se remettront plus difficilement de la crise engendrée par la pandémie. Parmi les 22 perspectives négatives dans les notations de S&P, 20 concernent des marchés émergents.
Pour l'agence, le Maroc bénéficie de perspectives stables mais fait néanmoins face à des difficultés structurelles dans son économie.
Des obstacles structurels à une croissance durable
Dans son communiqué lors de la dégradation de la note souveraine marocaine, S&P mettait en avant l’aggravation du déficit budgétaire et la récession économique en 2020.
Frank Gill, directeur principal EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) chez S&P a livré une brève analyse sur les raisons de la baisse de la note souveraine et les chantiers à suivre pour améliorer la croissance du pays. Il rappelle que dans la région, 18 dégradations de notes souveraines ont été effectuées. Principalement causées par la hausse des déficits, la baisse de la demande locale et des chocs de liquidité pour différents pays.
Mais selon lui, d'autres raisons sous-jacentes demeurent. Concernant le Maroc, la difficulté à générer de la croissance durable sur le long terme est un des obstacles à l’économie. « Je pense cependant que la contrainte budgétaire globale, qui explique pourquoi nous continuons d’avoir un solde négatif sur nos perspectives dans cette région, est une performance décevante en matière de croissance » explique-t-il.
Pour lui, des réformes doivent être menées pour limiter les obstacles structurels dans l’économie. « Je pense que concernant le Maroc, cela dénote en fin de compte des obstacles structurels à la croissance de l'économie. Il y a une forte concentration économique et une performance du PIB assez volatile, en particulier par habitant. Tout cela à côté d’une faiblesse macroéconomique forte, qui est la participation des femmes au marché du travail » précise-t-il.
Une meilleure inclusion féminine nécessaire
L’agence de notation notait le 2 avril qu’une reprise économique parallèlement à de nouvelles réformes structurelles économiques et budgétaires, contribuerait à contrebalancer les pressions budgétaires qui pèsent sur le Maroc.
L’une des grandes réformes à mener pour l’agence repose sur une meilleure inclusion des femmes dans le monde du travail. « Le pays possède un taux d’activité féminine de 22%, ce qui est, à ma connaissance l’un des plus bas au monde. Pour moi, c’est un cap majeur à franchir de manière à doper la croissance » explique Frank Gill
Le directeur principal EMEA rappelle que le pays a bien amorcé la diversification de son économie au-delà de l’agriculture et du tourisme.« Il est à noter que le Maroc bénéficie d’investissements directs importants dans l’industrie, ce qui est une bonne opportunité. Mais la majorité des économistes soutiennent que le principal manque à gagner vient du faible taux d’activité féminine » rappelle-t-il.
Il est à noter que dans une récente étude menée par ONU Femmes et la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), le niveau d’activité des femmes dans le pays devrait d'ailleurs être plus élevé que ce qu’il est aujourd’hui. D’après l’étude, le taux d’activité des femmes devrait atteindre 42,1% contre un taux d’activité féminine moyen de 25,6% sur la période 1991-2018. Cette étude mettait aussi en lumière « qu’en éliminant les barrières à l’activité des femmes y compris celles liées à l’éducation, induirait une hausse du PIB par habitant de 39,5% ».
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