Généralisation de la protection sociale : le marché financier doit se préparer pour absorber la liquidité qui arrivera

M. Ett. | Le 23/2/2021 à 16:48

L’annonce du chantier de la généralisation de la protection sociale est favorable pour le marché financier, d’après le président du conseil d’administration d’une banque de la place. Mais, il faut d’abord que le marché soit capable d’absorber la liquidité qui sera générée. Ce n’est pas le cas actuellement, selon le DG d’une société de gestion d’OPCVM, qui souligne la nécessité d’accélérer le développement du marché. 

Le projet de loi-cadre sur la protection sociale a été présenté à la chambre des conseillers, lundi 22 février. Le coût estimé de la généralisation de la couverture sociale, qui doit être déployée entre 2021 et 2025, est de 51 milliards de DH par an, comme annoncé par le ministre des Finances.

Dans le détail, la généralisation nécessitera annuellement, 14 MMDH pour l'AMO, 20 MMDH pour les allocations familiales, 16 MMDH pour la retraite et enfin 1 MMDH pour l'indemnité pour perte d'emploi (IPE). Cette enveloppe financière devrait être gérée essentiellement par la CNSS.

Cet argent, qui émanera des nouvelles cotisations des assurés et des contributions de l'Etat pour les vulnérables, devra être placé quelque part. C’est donc une bonne nouvelle pour le marché financier. « Qui dit épargne et prévoyance de type assurance (santé) ou retraite dit alimentation des marchés financiers en liquidités. Car on ne consomme que plus tard les cotisations versées, si le système est équilibré. Cette réforme est donc favorable au marché, si les cotisations sont supérieures aux prestations », commente le président du conseil d’administration d’une banque de la place.

Une partie de cet argent sera forcément placée chez la CDG, surtout pour l’épargne à très long terme de la caisse, comme le prévoit une disposition légale. Où ira le reste de cet argent ? Le marché financier est-il capable d'absorber toute cette liquidité ?

La situation actuelle du marché ne le permet pas, d’après le Directeur Général d’une société de gestion d’OPCVM, sollicité par LeBoursier, qui estime que « le marché, que ce soit boursier ou obligataire, reste trop étroit ».

Et d’expliquer : « actuellement, sur le marché obligataire, on n’arrive pas à trouver de la dette privée de bonne signature et les investisseurs se rabattent sur la dette publique (BDT), ce qui fait qu’il y a une forte demande sur les titres. De l’autre côté, on a un Trésor qui essaie de juguler les demandes des investisseurs, ce qui justifie la baisse importante qu’a connue le marché obligataire au niveau de la courbe des taux d’intérêt », déplore notre source.

La situation est loin d’être meilleure sur le marché boursier. « La bourse de Casablanca souffre de deux lacunes : le nombre très limité des sociétés à la cote et la faible liquidité des valeurs », soulève notre interlocuteur.

S’ajoute à cela le fait que « nous sommes dans un contexte de morosité économique. On sort d’une année de récession économique. On avance dans 2021 avec un espoir de relance et de dynamise. Il faut qu’on arrive d’abord à relancer effectivement l’économie et que les crédits commencent à bouger et l’investissement à fonctionner,… c’est-à-dire, il faut que tous les agrégats macroéconomiques fonctionnent correctement, à ce moment-là, on pourrait dire que le marché financier peut accompagner les besoins de financement et d’allocation qui se présentent à lui. Mais, dans l’état actuel des choses, il est difficile d’avoir de la visibilité. Et la réponse à cette question reste mitigée », regrette-t-il.

Face à cette situation, développer de nouveaux mécanismes de placement innovants s’impose, comme le souligne notre interlocuteur : « le marché a besoin de se développer, que ce soit sur un niveau qualitatif ou quantitatif. Il faut qu’il y ait de nouveaux instruments financiers. Et il faut accélérer le développement des instruments déjà mis en place. Par exemple, les OPCI pourraient contribuer au développement du marché, et également le marché à terme, les Sukuk, etc. Il faut développer davantage ces instruments financiers afin de capter l’épargne qui viendra sur le marché. D’autant plus que l’épargne institutionnelle commence à prendre de l’ampleur, que ce soit l’épargne collectée par les OPCVM ou les caisses des retraites. On a besoin d’un marché très dynamique et bien élargi pour qu’il puisse satisfaire l’ensemble de la demande ».

Dans le cas où la situation du marché reste la même, « il y aura encore de la demande qui va arriver sur le marché et qui ne va pas trouver preneur. Du coup, cela va impacter les prix sur le marché, que ce soit sur la partie actions ou obligataire. Dans cette situation, on n’arrivera pas à obtenir un vrai prix du marché. La physionomie actuelle fait qu’on a des cours boursiers biaisés parce qu’il n’y a pas assez d’offre et il n’y a pas de liquidité. Sur la partie obligataire, on a une courbe baissière parce qu’il y a une forte demande sur les titres », soulève notre interlocuteur.

Ainsi, afin de bien préparer le terrain pour l’arrivée de cette liquidité, « il faut militer pour qu’il y ait un renouveau du marché financier. Certes, cela commence à se faire, il y a de nouveaux instruments qui arrivent, mais ça reste quand même très faible. Peut-être que la nouvelle loi sur les OPCVM pourrait créer de nouvelles catégories d’actifs. Il faut que le marché financier puisse offrir un large choix en termes d’instruments financier», conclut-il.

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