Légère dépréciation “saine” du dirham face à l’euro et au dollar (analyste)

M. Ett. | Le 4/12/2020 à 17:41

Depuis début novembre 2020, le dirham s’est maintenu en hausse par rapport au dollar et en baisse face à l’euro. Mais, la tendance globale depuis ces derniers mois dégage une dépréciation du dirham face aux devises étrangères. Selon Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change, cette dépréciation reste saine. Analyse. 

Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change, nous livre son analyse de l’évolution du dirham face à l’euro et au dollar durant ces derniers mois : « A travers l’analyse basée sur les cours bilatéraux, en distinguant entre le cours du dollar/dirham et celui de l'euro/dirham, on trouve que le dirham s’est renforcé face au dollar et s’est affaibli par rapport à l’euro ».

Le cours du référence du dollar évolue depuis ces derniers mois à un niveau proche de la limite inférieur de la bande de fluctuation du dirham, d’après les indicateurs hebdomadaires de Bank Al-Maghrib, arrêtés au 25 novembre 2020 (Voir graphique ci-dessous).

Cours de change

Source : BAM.

La parité USD/MAD est passée de 9,2381 au 2 novembre à 8,9751 dirhams pour un dollar ce vendredi 4 décembre, baissant ainsi de 2,85%.

Evolution de la parité USD/MAD

Source: Bloomberg.

En face, la parité EUR/MAD a augmenté de 1,52% en passant de 10,7556 au 2 novembre à 10,9193 dirhams pour un euro au 4 décembre.

Evolution de la parité EUR/MAD

D’après notre interlocuteur, « ces évolutions s’expliquent par l’effet panier. Autrement dit, l’évolution du dirham face aux deux devises est liée à la variation de la parité euro/dollar sur le marché international ».

Sur le marché international, l’euro s’est renforcé de 4,31%% face au dollar. La parité EUR/USD est passée de 1,1641 au 2 novembre à 1,2143 dollars pour un euro ce vendredi.

Evolution de la parité EUR/USD

« Mais, si on fait une moyenne des cours, on trouve que le dirham s’est globalement déprécié face à l’euro et au dollar au cours de ces derniers mois. Cette dépréciation s’explique par un effet balance des paiement.s Il y a eu plus de dépenses par rapport aux recettes en raison des recettes du tourisme qui ont baissé, en plus de celles des IDE et des exportations. Du côté des dépenses, il y a eu une baisse des importations mais elle n’est pas aussi importante pour combler la baisse des recettes ».

« La preuve : la position de change des banques a légèrement baissé au cours de ces derniers mois », soulève-t-il tout en estimant qu’elle « reste confortable ». 

Selon les données de Bank Al-Maghrib, la position de change des banques de la place s’est fixée 7,94 milliards de DH au 27 novembre. 

En cette période de crise, « les banques ont dû puiser sur leur position de change pour alimenter le marché, alors que les avoirs en réserves n’ont pas bougé », continue-t-il.

Bank Al-Maghrib n’intervient plus sur le marché de changes, et cela va dans le sens du développement du marché interbancaire des devises. Pour le moment, les banques de la place arrivent à assurer amplement la liquidité de ce marché. Les avoirs de réserves de Bank Al-Maghrib servent à alimenter les banques quand leur position de change devient déficitaire.

La légère dépréciation du dirham est saine

Toutes les évolutions précitées « ne sont pas alarmantes », d’après notre source qui trouve que « tant que les avoirs de réserves restent très importantes. Elles sont en mesure de financer le déficit du compte courant ».

Les avoirs officiels de réserve (AOR) de Bank Al-Maghrib se sont situés à 292,8 milliards de DH au 20 novembre 2020, en hausse de 24,2% en comparaison avec la même période de l’année précédente. A fin septembre, ils couvraient 7 mois et 16 jours d'importation de biens et services contre 5 mois et 4 jours l’an dernier, d’après les données de la banque centrale. A rappeler que les avoirs officiels ont pu être renforcés au cours de cette année suite au tirage sur la LPL, opéré le 7 avril dernier. 

« De plus, ces évolutions étaient prévisibles avec la baisse des recettes en devises. Quand on a libéralisé partiellement le marché des changes, on s’attendait à ça. Une dépréciation globale n’est pas mauvaise. Au contraire, on peut considérer que c’est sain de constater cette dépréciation. Cela montre qu’aujourd’hui, le marché fonctionne, l’effet offre/demande joue son jeu », ajoute notre interlocuteur.

A rappeler que Bank Al-Maghrib a prévu, à l'issue de son dernier conseil trimestriel de politique monétaire, tenu le mardi 22 septembre, que le taux de change effectif réel, après une appréciation de 1,1% en 2019, devrait se déprécier de 0,8% en 2020 et de 2% en 2021, résultat d’une dépréciation en termes nominaux ainsi que d’un niveau d’inflation domestique inférieur à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 16/5/2024 à 15:53

    Oncorad : “D’ici début 2026, nous souhaitons tripler la valeur du groupe” (Redouane Semlali)

    Il y a un an, le groupe Oncorad annonçait une levée de fonds de 458 MDH auprès de CDG Invest Growth et STOA. Depuis, quels sont les changements structurels et les développements qui ont été menés ? Création de holdings, acquisition de foncier... Redouane Semlali, PDG et cofondateur du groupe, nous en dit plus.
  • | Le 15/5/2024 à 16:57

    BKGR anticipe une hausse de 13,4% de la capacité bénéficiaire de la cote cette année à 33,2 MMDH

    L’industrie devrait voir sa capacité bénéficiaire progresser de 15,6% à 17,7 MMDH. Les financières devraient enregistrer une croissance de 10,7% à 13,8 MMDH. La capacité bénéficiaire des assurances devrait s’apprécier en 2024 de 14% à 1,7 MMDH. La masse des dividendes en 2024 est également attendue en hausse de 6,3% à 21 MMDH.
  • | Le 15/5/2024 à 16:53

    Auto Hall : hausse de 9,3% du chiffre d’affaires consolidé à fin mars

    Le groupe a affiché à fin mars une hausse de 4,4% de son volume de vente à 4.465 unités, alors que le marché affichait une baisse de 3,1%.
  • | Le 15/5/2024 à 13:51

    Retraites : la CDG dresse le bilan de la CNRA et du RCAC au titre de l'année 2023

    En 2023, la CNRA et le RCAC ont réalisé un résultat net respectif de 135 MDH et 1,1 MMDH.
  • | Le 15/5/2024 à 9:50

    Alliances intègre l’indice MSCI Frontier Market

    Le groupe aura davantage de visibilité aux yeux des acteurs internationaux après cette entrée dans l’indice.
  • | Le 14/5/2024 à 11:15

    TAQA Morocco : hausse de 16,8% du RNPG à fin mars

    Le groupe a affiché à fin mars un taux de disponibilité en baisse à 93,5% contre 97,9% l’année précédente suite à une révision de 11 jours au niveau de l’unité 3. Les revenus reculent de 27,6% sur la période, suite à la baisse des prix du charbon. Le périmètre de consolidation de TAQA Morocco au 31 mars 2024 a connu l’intégration de la filiale TMGE (TAQA Morocco Green Energy).