Agroalimentaire : malgré la résilience, des risques conjoncturels possibles en 2021
Recommandé par les analystes en début de crise pour son caractère résilient, le secteur agroalimentaire coté en bourse est-il en bonne posture pour bien performer en 2021 ? Selon les analystes, toutes les valeurs du secteurs ne sont pas logées à la même enseigne.
Connu pour sa résilience, le secteur agroalimentaire a globalement bien tenu en bourse face à la crise sanitaire. Quand le MASI lâche plus de 10% depuis le début de l’année, le secteur agroalimentaire n’affiche qu’un retrait de 4,2%.
Avec Cosumar et Lesieur-Cristal pesant 80% du compartiment agroalimentaire en bourse, la résilience de ce dernier peut être attribuée à l'activité basée sur les biens de première nécessité de ces opérateurs, peu sensible à la crise. Mais également au fait que les craintes pesant sur les entreprises du secteur se sont rapidement estompées. Un analyste de la place,nous explique : « Au tout début de la crise, il y a eu un excès d’incertitude vis-à-vis de l’impact sur les chaines d’approvisionnement et logistique. Il y avait des anticipations des arrêts d’usines et des fermetures de magasins ».
Mais elles ont su se redresser rapidement. Il poursuit : « mais il n’y a pas eu d’impact négatifs sur les chaines d’approvisionnement. De plus, on s’attendait à une flambée des matières premières des huiles brutes ou encore un effondrement des cours du sucre, ce qui n’a pas été le cas. Finalement, les pronostics ont été déjoués. Il y a eu des efforts de maintien des commerces ouverts, et pas de pénuries à déplorer. Il y a donc eu un retour en bourse du à l’enrayement des craintes des investisseurs ». Le redressement a notamment été amorcé grâce à des résultats trimestriels et semestriels globalement positifs pour les acteurs majeurs du secteur.
Mais avec plusieurs filières représentées dans le secteur, réagissant différemment à la crise, la résilience doit se vérifier au cas par cas. Si la reprise globale de la place casablancaise semble s’amorcer, certaines valeurs du secteur en bénéficieront plus que d’autres l’an prochain.
D'autres secteurs privilégiés en 2021
Si les valeurs principales du secteur que sont Cosumar et Lesieur ont été relativement peu atteintes par la crise notamment grâce à leurs activités exports, certaines autres, telles que la Société des Boissons du Maroc (SBM) ou encore Unimer en ont fortement souffert. Une autre analyste de la place nous explique : « Les valeurs résilientes souffrent moins d’une mauvaise conjoncture. C’est le cas pour le sucre, l’huile et les produits ménagers. Mais dans l’avenir cela ne veut pas dire que ces valeurs vont surperformer le marché. En effet, il y a des bases favorables sur d’autres industries qui elles ont souffert du confinement et de la fermeture des points de vente. Il s’agit notamment des matériaux de constructions, ciments, etc… ». Ces valeurs ayant fortement diminué en 2020 ne pourront que présenter un fort potentiel de croissance en 2021 si la reprise économique s'installe pour de bon.
Mais il y a des valeurs au sein même du secteur agroalimentaire qui pourraient en bénéficier. Pour SBM par exemple, la chute de 65% du RNPG au premier semestre 2020 résulte notamment de l’impact des mesures sanitaires, notamment la fermeture des bars et des hôtels. Une donne qui pourrait changer en 2021 et impacter positivement les résultats de la société ainsi que son cours de bourse. D’ailleurs sur un mois seulement, le cours de SBM s’est apprécié de 15,5% passant de 2 151 dirhams l’action au 23 octobre à 2 485 dirhams aujourd’hui.
Mais si la reprise boursière pourrait détourner certains investisseurs du secteur, notre analyste nuance : « Cosumar et Lesieur vont demeurer résilientes. Il y a dans le tour de table des acteurs robustes à l’échelle nationale et internationale. Il y a aussi de nombreux projets qui auront lieu en 2021 et qui sont porteurs de résultats. Que ce soit Durrah (usine en Arabie Saoudite) pour Cosumar et l’accélération des opportunités à l’export pour Lesieur avec la filière huile d’olive qui devient de plus en plus intéressante à l’internationale. Il faut aussi rappeler qu’il y a une politique de dividende qui est assez stable et généreuse et qui fait partie des plus importants rendements de la cote » explique l’analyste.
Potentiel de croissance limité et risques conjoncturels
Cependant, les risques ne sont pas écartés. Car si la résilience est de mise pour le secteur, le potentiel de croissance reste limité. « Pour l’agroalimentaire, comme le secteur a souffert de manière limitée de la conjoncture en 2020, il ne devrait pas y avoir de performances boursières significatives en 2021. Sauf acquisition ou autre opération de croissance externe, les grandes valeurs agroalimentaires devraient poursuivre un rythme de progression assez contenu. Toute croissance pourra difficilement venir du marché interne, il faudra aller en chercher à l’international » confie l’un des analystes.
Malgré la résistance face à la crise il faut rappeler que certains facteurs peuvent influer sur l’activité du secteur. « Il y a une composante qui demeure cependant importante pour Cosumar, qui est la campagne nationale sucrière. Le niveau de remplissage des barrages est assez alarmant en deçà des 37% actuellement. Ce n’est pas un niveau confortable pour une campagne sucrière importante pour les années à venir. Ce qui pourrait impacter ses résultats si la campagne nationale n’est pas à des niveaux normatifs à savoir 600 000 tonnes. Ceci est un point de vigilance, un scénario » détaille l’analyste.
Si cette menace ne s’applique pas à Lesieur-Cristal, le groupe reste cependant sous pression avec un marché fortement concurrentiel et une croissance locale molle. L’autre analyste rajoute, « pour Lesieur, elle est exposée aux prix des matières premières à l’international qui empruntent des tendances baissières. Cela fait ressortir des pressions baissières sur les prix au niveau local. Puis, il y a une compétition assez rude à l’échelle nationale dans le secteur. Pour Lesieur, la résilience demeurera mais elle est également plus exposée aux menaces sur l’avenir ».
« Ces grandes capitalisations demeurent résilientes. Maintenant rien n’empêche que des éléments conjoncturelles affectent les résultats de ces sociétés et, par ricochet, impactent la politique de distribution de ces valeurs ou leur cours en bourse » conclut notre source.
Pour rappel, dans son « Stock Guide » publié après la parution des résultats semestriels des sociétés cotées, CFG Bank annonçait les recommandations suivantes concernant le secteur agroalimentaire.
Valeurs |
Recommandation |
Cours cible |
Cours actuel |
Potentiel -/+ |
Mutandis |
Achat |
281 DH |
230 DH |
+22,2% |
SBM |
Achat |
2.527 DH |
2.160 DH |
+17% |
Cosumar |
Conserver |
210 DH |
200 DH |
+5% |
Lesieur |
Conserver |
158 DH |
153,50 DH |
3% |
Source : CFG Bank « Stock Guide »
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