Pour le PCNS, la crise économique rend urgentes des politiques publiques plus efficaces

| Le 20/11/2020 à 15:45

Le Fonds Monétaire International (FMI) a tenu une conférence sur les impacts économiques de la crise économique sur la région MENA. Présent à l’occasion, le président du Policy Center for the New South, Karim El Aynaoui, a mis en exergue les carences dans l'efficacité des politiques publiques et la lenteur des réformes menées.

Organisée le 19 novembre, la conférence du FMI rassemblait quatre invités pour discuter de la gestion des impacts économiques de la crise sur la région MENA. Parmi les invités, Karim El Aynaoui, président du Policy Center for the New South (PCNS) était convié pour évoquer le cas du Maroc.

Le président du PCNS en a profité pour rappeler les effets du coronavirus sur l’économie marocaine. « Pour donner un ordre d’idée, nous avons perdu 3 points de PIB par mois de confinement. Il faut aussi signaler que selon une étude, 60% des entreprises ont suspendu leurs activités sur la période. Le choc a été d’autant plus rude dans le domaine touristique où l’activité s’est arrêtée et les coûts fixes ont perduré. De même pour le secteur informel ».

Une crise économique qui a cependant vu naître une forte solidarité nationale selon Karim El Aynaoui. Car dans sa manière d’atténuer le choc de la crise, le Maroc a su mettre les mécanismes en place. « Le fonds de solidarité mis en place pour épauler l’économie a réussi à récolter l’équivalent de 3% du PIB, ce qui est conséquent. Historiquement, nous n’avons jamais vu le pays se mobiliser de la sorte pour apporter sa solidarité, que ce soit les particuliers ou les entreprises. Cela a permis de distribuer des aides financières aux personnes dans le besoin mais ce n’est évidemment pas une situation durable dans le temps » rappelle-t-il.

La crise, révélatrice d’absence de bonnes politiques publiques 

Car si la crise sanitaire a mis en exergue les difficultés économiques des entreprises et des ménages, elle a également été l’occasion de tirer plusieurs conclusions sur les carences dans l’efficacité des politiques publiques. « Il y a eu des instruments développés, des expérimentations menées pour garantir une bouffée d’oxygène à ceux qui en avait besoin, pour retarder les effets de la pandémie. Cependant, c’est toujours très difficile dans certains secteurs, surtout ceux qui n’ont pas encore redémarré comme le tourisme par exemple » souligne Karim El Aynaoui.

Pour lui, de meilleurs outils pour mener les politiques publiques aurait pu limiter les répercussions de la crise. « Il y a des leçons en terme de politique que nous pouvons tirer. En tant que pays, nous voyons qu’il est très important d’avoir la capacité de diriger les interventions avec la granularité la plus fine possible. Nous avons découvert que nous n’avions pas de registre national de la population pour diriger les aides sociales de façon juste et efficace aux personnes concernées. C’est un projet qui était pourtant dans le pipe depuis plus de 25 ans, mais qui n’a jamais été finalisé » explique le président du PCNS.

Il poursuit, « la crise a mis en exergue le besoin de trouver un moyen efficace de fournir ces filets de sécurité à ceux qui en ont besoin ». Pour le président du PCNS, la Covid-19 est l’opportunité de penser au tissu social national et de désormais focaliser les efforts sur la manière et les moyens d’actionner les leviers de solidarité. « Au-delà des considérations de politiques économiques, qu’en est-il du tissu social ? Qu’est-ce qui nous fait avancer ? Comment redistribuer les richesses et les taxer ? » pointe Karim El Aynaoui. Pour le président du PCNS, ce qui est important c’est l’aptitude à produire et appliquer des politiques publiques efficaces avec les bons outils. Dans ce sens, il est à rappeler que lors du dernier discours du Trône, le Souverain a mis l’accent sur l’aspect primordial de la généralisation de la couverture sociale, y compris l’Assurance maladie obligatoire (AMO) à tous les citoyens dans les 5 prochaines années.

Des réformes qui tardent, notamment sur le financement

Et si au cours des dernières décennies, le Maroc s’est fortement intégré à l’économie globale, la crise a mis en exergue des lacunes dans la fréquence des réformes menées. « Au Maroc, en général, je pense que nous avons fait du bon travail en terme de politique macroéconomique. Mais la crise a révélé que nous ne réformons pas assez vite. Nous n’avons pas un système de création efficace en terme de politiques publiques ni une capacité à l’appliquer en temps réel » explique le président du PCNS.

Et si les pouvoirs en place ont pu initier des mécanismes d’aide aux entreprises frappées par la crise, comme le report des échéances bancaires ou encore les prêts Damane, le manque de rapidité dans les réformes demeure. Un changement qui tarde à s’installer à cause de difficultés structurelles. « Il y a des intérêts très ancrés, des lobbies forts et un manque de compétitivité dans la région particulièrement concernant les petites et moyennes entreprises. Nous avons un système bancaire très concentré qui n’est pas apte à répondre aux besoins des petites entreprises qui ont des chiffres d’affaires compris entre 50 000 ou 100 000 dollars par an. Ces petites structures ont de grandes difficultés à accéder aux capitaux malgré un secteur bancaire bien développé » conclut le président du PCNS.

 

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