Pour le HCP, la crise sera probablement un accélérateur des réformes au Maroc

C’est assez surprenant, mais c’est ce qui ressort des scénarios dressés par le HCP dans son examen de la mise en œuvre par le Maroc des objectifs de développement durable. La récession freinera l’élan pris par le royaume, mais dès la reprise de l’économie mondiale, le pays va accélérer sa croissance et améliorer ainsi tous ses indicateurs sociaux par rapport au scénario tendanciel basé sur les évolutions des dernières années.

Pour le HCP, la crise sera probablement un accélérateur des réformes au Maroc

Le 26 septembre 2020 à 12h32

Modifié 10 avril 2021 à 22h54

C’est assez surprenant, mais c’est ce qui ressort des scénarios dressés par le HCP dans son examen de la mise en œuvre par le Maroc des objectifs de développement durable. La récession freinera l’élan pris par le royaume, mais dès la reprise de l’économie mondiale, le pays va accélérer sa croissance et améliorer ainsi tous ses indicateurs sociaux par rapport au scénario tendanciel basé sur les évolutions des dernières années.

Le Maroc, comme plusieurs nations dans le monde, s'est engagé en 2015 sur tout un programme de développement durable à l’horizon 2030. Avec des objectifs et des indicateurs précis à atteindre qui touchent à plusieurs domaines : lutte contre la pauvreté, réduction des inégalités sociales, amélioration des systèmes de santé, baisse de la mortalité infantile et maternelle, généralisation de la scolarisation primaire, parité, employabilité des jeunes, transition énergétique, amélioration du climat des affaires…
Un rapport du HCP, le deuxième du genre, est venu faire le point sur ces différents objectifs en 2020, avec une projection à l’horizon 2030.
Il en ressort deux constats majeurs : le Maroc a déjà atteint un ensemble d’objectifs avant même le terme de ce programme. Mais il lui reste encore beaucoup à faire d’ici à 2030 pour atteindre ces objectifs de développement durable (ODD).

Le Maroc est déjà en avance sur certains objectifs

Au bilan des réalisations, l’examen de l’état d’avancement permet de distinguer trois faits saillants, selon le HCP :
1-Des cibles sont déjà atteintes 10 ans avant leurs échéances. Exemple de l’éradication de la faim, la réduction de la mortalité maternelle et infantile, la généralisation de la scolarisation primaire, la réalisation de la parité filles-garçons dans tous les cycles scolaires et la généralisation de l’accès à l’eau et à l’électricité.
La faim a été selon le HCP éradiquée déjà en 2014 et la pauvreté a été réduite, en 2018, à 2,9%.
La nutrition des enfants de moins de 5 ans a été améliorée puisqu’en 2018, l’émaciation a été réduite à 2,6%.
En 2019, l’accès aux services sociaux de base a été généralisé en milieu urbain et quasi-généralisé en milieu rural où il a atteint 97,4 % pour l’eau, 99,6% pour l’électricité et 91% pour l’assainissement.
Les conditions d’habitation ont été, également, améliorées puisque la proportion de l’habitat insalubre urbain a baissé de 8,4% en 2004 à 3,6% en 2018.
Dans le domaine de la santé, le Maroc a, en 2018, déjà ou presque réalisé les cibles relatives à la mortalité maternelle et infantile. Le taux de mortalité maternelle est  ainsi de 72,6 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2018, celui de la mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 22,16 pour 1.000 naissances vivantes et celui de la mortalité néonatale est de 13,56 décès pour 1.000 naissances vivantes.
D’autres exemples notamment dans les efforts de la généralisation de la scolarité des enfants sont cités dans le rapport et qui montrent qu’un effort quantitatif a été fait par le Maroc pour converger vers les ODD fixés pour 2030.

2-Des cibles seront atteintes avant 2030. C’est notamment le cas de la lutte contre la pauvreté, l’amélioration de la nutrition des enfants de moins de 5 ans et la généralisation de la scolarisation dans tous les cycles scolaires.

3- Des cibles qui présentent des défis majeurs dont « le Maroc est conscient et œuvre pour les relever à l’horizon 2030 », note le HCP.
Il s’agit, en particulier, de la réduction des inégalités sociales, territoriales et de genre, la promotion de la croissance économique et de l’emploi décent, notamment pour les jeunes et les femmes, la préservation de la biodiversité marine et terrestre et la lutte contre les effets du changement climatique.

Quand une pandémie accélère les réformes

Pour se projeter d’ici 2030 et savoir si le Maroc pourra tenir ses engagements, le HCP a fait des projections en se basant sur trois scénarios.
Le premier dit « tendanciel » se base sur les évolutions réalisées jusque-là et fait en partant de cette base des projections sur les dix prochaines années, sans prendre en compte les effets induits par la pandémie du Covid.
Le second, lui, prend en compte cette réalité du Covid et ses impacts sur l’évolution de l’économie nationale. Il est qualifié par le HCP de scénario « probable ».
Un troisième scénario « souhaitable » a été également dressé où le HCP rappelle que si des réformes majeures sont engagées, le Maroc pourra parfaitement atteindre les différents ODD fixés par les Nations Unies.
Mais la grande surprise qui sort de ces projections, c’est que le HCP, tout en notant que « la pandémie du COVID 19 est venue perturber les efforts de développement engagés par le pays suite à ses effets négatifs directs sur l’ensemble de l’économie», il affirme dans son scénario « probable » que les indicateurs des ODD connaîtront une nette amélioration par rapport au scénario tendanciel, où le Maroc allait évoluer au même rythme que les dix dernières années.
Le raisonnement avancé par le HCP est le suivant : la crise du Covid entraînerait certes des effets négatifs sur l’économie du pays sur les deux prochaines années : récession, baisse des échanges commerciaux, montée des incertitudes…. Mais une fois ces perturbations passées, un certain regain de vigueur de l’économie mondiale serait de retour, tirée principalement par le bon comportement des économies émergentes et en développement, impactant en conséquence positivement la demande adressée au Maroc.
L’économie marocaine ferait alors « preuve d’une résilience puisqu’un dynamisme des exportations nationales serait de retour, impulsé par la performance des secteurs forgeant l’ossature des métiers mondiaux du Maroc ainsi que par la performance qui serait observée du côté des flux d’Investissements directs étrangers (IDE) reçus par le Maroc ».
Le rythme de croissance du PIB va ainsi passer à 4% par an, contre un rythme de 3% dans le scénario tendanciel où la Covid n’aurait jamais existé. Un gap de croissance qui serait tirée par le nouveau positionnement du Maroc sur les chaînes de valeur, sa spécialisation dans les métiers de l’industrie, ainsi que des réformes et des efforts qui seront déployées sur le plan de la modernisation du système productif et du renforcement de sa compétitivité.
« Dans ce contexte, les indicateurs ODD connaitraient des améliorations par rapport au scénario tendanciel », affirme ainsi le rapport du HCP.

Dans le domaine de l’éducation par exemple, la baisse de la part des adolescents non scolarisés serait de 23,8% au lieu de 16,7% dans le scénario tendanciel. Il y aurait également des baisses plus fortes des taux de mortalité infantile et néonatale, de l’ordre de 21,8% et 18,3% au lieu de 15,3% et 12,7% respectivement dans le scénario tendanciel. La mortalité maternelle baisserait, quant à elle, de 28,3% au lieu de 20,1%.

La pandémie serait selon le raisonnement du HCP un accélérateur des réformes et permettrait au pays de rattraper son retard sur plusieurs domaines, en profitant de ce moment de crise pour revoir ses cartes.

Le méga plan royal de généralisation de la couverture sociale à tous les Marocains ne serait en effet peut être pas lancé s’il n’y avait pas eu la Covid. Idem dans l’industrie où l’on compte désormais sur le changement dans les chaînes mondiales d'approvisionnement et les mouvements de relocalisation pour attirer plus d’IDE vers le Maroc...

Le Maroc peut faire encore mieux

Mais le pays peut aller encore plus loin selon le HCP si « certaines conditions seraient réalisées ». C’est le fameux scénario « souhaitable ».
Ces conditions sont les suivantes :
-l’amélioration substantielle du rendement des investissements déployés
-une mise en valeur conséquente des opportunités offertes par les accords de libre-échange en matière d’élargissement des débouchés extérieurs.

-le renforcement de l’intégration industrielle au niveau de certains secteurs porteurs et le relèvement de leur compétitivité qui s’avèrent nécessaires pour atténuer les pressions concurrentielles suscitées par les importations sur le tissu productif national.
-La mobilisation de l’investissement public serait davantage soutenue en faveur des infrastructures économiques, notamment les routes, les autoroutes, les ports, les aéroports et les barrages.

Dans ce scénario, l’économie nationale gagnerait presque 2 points de croissance par rapport au scénario tendanciel.
Le secteur manufacturier serait un secteur moteur dans cette dynamique et son évolution serait de 6,4% en moyenne annuelle au cours des dix prochaines années. De même, les secteurs des services marchands ainsi que celui de l’agriculture connaîtraient des améliorations notables avec une croissance de 4,9% et 3,8% respectivement.
L’évolution des ODD serait ainsi notable par rapport au scénario tendanciel. Dans le domaine de l’éducation, la baisse de la part des adolescents non scolarisés serait de 30% au lieu de 16,7% dans le scénario tendanciel. Dans le domaine de la santé, le taux de mortalité maternelle baisserait à 47 décès pour 100 000 naissances vivantes au lieu de 58 dans le scénario tendanciel, soit une baisse de 35,2%.

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