FMI : incapables de télétravailler, près de 100 millions de personnes risquent de perdre leur emploi dans 35 pays
Selon une étude sur le télétravail, imposé par la pandémie du Covid-19, le Fonds Monétaire International (FMI) souligne que les employés situés au bas de l’échelle des rémunérations sont les moins en capacité de télétravailler.
“La pandémie de COVID-19 dévaste les marchés du travail dans le monde entier. Des dizaines de millions de personnes ont perdu leur travail, des millions d’autres sont carrément sorties de la population active et de nombreuses professions font face à un avenir incertain", explique les experts du FMI dans cette analyse.
Selon les estimations du Fonds, près de 100 millions de travailleurs dans 35 pays avancés et émergents (sur 189 membres du FMI) pourraient être concernés par ce problème, car ils sont dans l’incapacité de télétravailler. Ils représentent en moyenne 15% de la population active, mais des différences importantes sont observées en fonction des pays et des travailleurs.
Mais certains travailleurs sont encore plus vulnérables que d’autres :
- Les jeunes travailleurs et les personnes qui n’ont pas fait d’études supérieures sont nettement moins susceptibles de télétravailler : Ce risque accru correspond aux caractéristiques d’âge des travailleurs dans les secteurs les plus durement touchés par les fermetures de sites et les mesures de distanciation sociale. Chose qui pourrait amplifier les inégalités intergénérationnelles.
- Les femmes pourraient être particulièrement concernées, ce qui remettrait en cause certaines des avancées obtenues durant les dernières décennies en matière d’égalité des sexes : les femmes se concentrent de manière disproportionnée dans les secteurs les plus durement touchés comme les services de restauration et l’hébergement. De plus, les femmes assument une part plus importante de la prise en charge des enfants et des tâches domestiques quand la fourniture de ces services n’est plus assurée sur le marché.
- Les travailleurs à temps partiel et les salariés des PME ont plus de risques de perdre leur emploi. Les postes à temps partiel sont souvent les premiers supprimés quand la conjoncture économique se dégrade et les derniers à être pourvus quand elle s’améliore. Dans les pays en développement, en particulier, les travailleurs à temps partiel et ceux du secteur informel ont un risque beaucoup plus élevé de basculer dans la pauvreté.
Dans l’ensemble, les personnes qui travaillent dans le secteur alimentaire et celui de l’hébergement, ainsi que dans le commerce de gros et de détail, sont les plus touchées, car leurs emplois sont ceux qui se prêtent le moins au télétravail. Dans ce sens et dans l’échantillon étudié par le FMI, plus de 20 millions de personnes travaillent dans ces secteurs et figurent donc parmi celles qui ont le plus de risques de perdre leur emploi.
“Les effets de la crise sur les travailleurs à faible revenu et précaires pourraient être particulièrement sévères et amplifier des inégalités de longue date. Notre conclusion est que les travailleurs situés au bas de l’échelle des rémunérations sont les moins en capacité de télétravailler.”, ajoute la même source.
Par ailleurs, l’institution financière a constaté des disparités considérables entre les pays même pour des professions identiques : Par exemple, il est beaucoup plus simple de télétravailler en Norvège et à Singapour qu’en Turquie, au Chili, au Mexique, en Équateur et au Pérou, simplement parce que, dans les pays émergents et les pays en développement, plus de la moitié des ménages n’ont même pas d’ordinateur chez eux.
Au final, la pandémie pourrait changer la physionomie du travail dans de nombreux secteurs. Les consommateurs pourraient privilégier le commerce en ligne au détriment de la vente au détail et pourraient commander plus de repas à emporter, amputant ainsi le marché du travail des personnels de la restauration.
Pour réduire les inégalités et offrir de meilleures perspectives à tous, le FMI souligne que l’État doit renforcer l’enseignement et la formation afin de mieux préparer la main-d’œuvre aux emplois de demain. La formation permanente implique en outre d’améliorer l’accès à l’enseignement et à la formation professionnelle pour aider les travailleurs privés de leur emploi par des chocs économiques comme celui de la pandémie.
La crise a clairement montré que l’aptitude à travailler en ligne était un déterminant crucial de la capacité à conserver son emploi. Ainsi, des investissements dans l’infrastructure numérique et le comblement du fossé numérique permettront aux catégories défavorisées de participer à la future économie.
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