Comment les DRH préparent le retour des employés après le déconfinement

A quelques jours du déconfinement, les DRH sont mobilisés pour mettre en place les mesures de protection des salariés sur leur lieu de travail, qui reviennent légalement à la charge des employeurs.

Comment les DRH préparent le retour des employés après le déconfinement

Le 28 mai 2020 à 19h47

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

A quelques jours du déconfinement, les DRH sont mobilisés pour mettre en place les mesures de protection des salariés sur leur lieu de travail, qui reviennent légalement à la charge des employeurs.

''La santé des collaborateurs a un coût mais elle n’a pas de prix. Il faut que cet adage soit ancré dans l’esprit de tous.'' A quelques jours du déconfinement, prévu le 10 juin, Zakaria Rbii, président de l’Association nationale des gestionnaires et formateurs des ressources humaines (AGEF), a réuni ses troupes ce jeudi matin. Objectif : sensibiliser les directeurs des ressources humaines sur les mesures sanitaires à prendre pour assurer la protection des salariés sur leur lieu de travail.

Il appelle avant tout à ''maintenir la vigilance sur les mesures prises pendant le confinement et à les reconduire après le déconfinement, en privilégiant la poursuite du télétravail dans un premier temps''. L’AGEF préconise un ''retour progressif'' des salariés au sein de l’entreprise, ''à hauteur de 30 à 50% au cours des trois prochains mois, c’est-à-dire jusqu’à fin août''. Dans les entreprises où les locaux ne sont pas suffisamment grands pour respecter la distanciation sociale, le travail en présentiel ''ne peut être envisagé qu’avec un nombre de personnes qui ne dépasse pas les capacités à respecter la distanciation dans les espaces communs'', recommande le président de l’AGEF.

D’autant que la saison estivale qui s’annonce est propice à la progressivité du retour au présentiel, estime Zakaria Rbii. ''C’est la meilleure période pour que les salariés prennent des congés'', dont beaucoup risquent d’être lessivés après plus de deux mois de confinement. ''Quant à nous, chargés des ressources humaines, les mois d’été qui se profilent vont nous permettre d’avoir plus de visibilité : dans le cas où la situation s’améliorerait à partir de septembre, on va pouvoir flexibiliser davantage et tabler sur une présence des salariés à hauteur de 70 à 90%.

Une chose est sûre : tous les postes ne reprendront pas en présentiel. On estime entre 10% à 20% le taux de postes qui se maintiendront en télétravail jusqu’à la fin de l’année ; pas de manière permanente mais rotative. Par exemple, deux collègues qui ont le même poste peuvent faire des roulements de manière à ce qu’ils ne soient pas présents tous les deux la même semaine. L’objectif est d’alléger le présentiel et de le rétablir progressivement jusqu’à y voir plus clair sur le plan épidémique, mais aussi de maintenir le lien relationnel entre l’entreprise et les salariés. L’alternance entre télétravail et présentiel est souhaitée pour le bien-être des employés'', soutient Zakaria Rbii.

Dans la perspective d’un retour au travail collectif, l’AGEF appelle les entreprises à organiser, avant le déconfinement, des sessions de formation au profit des employés. ''Il s’agit de leur expliquer toutes les mesures qui ont été prises : d’abord pour les rassurer ; ensuite pour les responsabiliser sur la distanciation sociale et le port du masque.''

Les employeurs légalement tenus de fournir les EPI

Justement, le masque, qui fait désormais parti des équipements de protection individuelle (EPI), devra être fourni par l’entreprise elle-même. Le protocole pour la gestion du risque de contamination au Covid-19 dans les lieux de travail, établi par les ministères de l’Industrie et du Travail, indique que ''l’employeur est tenu d’élaborer un plan de prévention précisant les mesures préventives à prendre, en tenant compte des risques professionnels liés à l’activité de son entreprise et des mesures de précaution contre la transmission de l’infection dans les lieux de travail''.

''Ce ne sont pas aux collaborateurs d’acheter les masques mais à l’employeur'', souligne Zakaria Rbii. L’AGEF demande par ailleurs aux entreprises de mettre à disposition des salariés un kit de protection contenant des masques, une solution de gel hydroalcoolique ''et pour certains postes, des gants jetables, notamment les professions amenées à manipuler des documents, des parapheurs ou tout autre outil interchangeable entre personnes''. Toutes les entreprises sont concernées, insiste le président de l’AGEF, qu’il s’agisse de PME ou de sociétés beaucoup plus grandes : ''Aucune considération financière liée au coût de la protection des salariés ne doit devancer la décision de protection en elle-même.

Preuve que les PME aussi bien que les grandes entreprises sont responsables légalement en termes de protection des salariés, l’article 24 du Code du travail oblige l’employeur à assurer la sécurité de ses employés. ''De manière générale, l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires afin de préserver la sécurité, la santé et la dignité des salariés dans l’accomplissement des tâches qu’ils exécutent sous sa direction et de veiller au maintien des règles de bonne conduite, de bonnes mœurs et de bonne moralité dans son entreprise. Il est également tenu de communiquer aux salariés par écrit lors de l’embauchage, les dispositions relatives aux domaines ci-après ainsi que chaque modification qui leur est apportée : (…) les dispositions légales et les mesures concernant la préservation de la santé et de la sécurité, et la prévention des risques liés aux machines'', énonce cet article.

A défaut d’un dépistage massif, l’application des mesures barrières

Par exemple, sur la question des transports, le protocole des ministères de l’Industrie et du Travail recommande l’attribution, dans la mesure du possible, d’un véhicule à un chauffeur : ''Si le véhicule est multi-utilisateurs, il faut le désinfecter à chaque changement de chauffeur (clés, poignées, volant, levier de vitesse, tableau de bord, etc.). Une séparation physique doit être mise en place entre le chauffeur et les passagers, dont le nombre doit être limité pour respecter une distance d'au moins un mètre entre deux personnes. La capacité des véhicules de transport doit ainsi être réduite de 50%.''

Impossible toutefois de ne pas prendre en considération le fait qu’une PME a forcément moins de moyens financiers qu’une grosse entreprise. Comment faire dans un cas comme celui du transport ? ''A défaut de pouvoir multiplier le nombre de véhicules, ce qui engendrerait effectivement un dédoublement des frais de transport du personnel, il est possible de multiplier les rotations d’arrivées et de départ ; de les étaler. Par exemple, un véhicule peut conduire une première moitié des salariés à 8 heures, repartir et conduire la deuxième moitié à 9 heures'', suggère Zakaria Rbii.

Le protocole établi par les deux ministères prévoit en effet la possibilité de décaler les horaires de travail ''pour faciliter les trajets domicile-travail et éviter les heures de pointe dans les transports en commun''. Une plage horaire doit être dédiée au nettoyage et à la désinfection des locaux, ajoute le protocole. ''Il va falloir équiper les femmes de ménage : encore une fois, les employeurs sont légalement tenus de leur donner tous les équipements de protection nécessaires, en l’occurrence les masques, les gants et les solutions de gel hydroalcoolique'', insiste le président de l’AGEF.

Enfin, un dernier point est celui du dépistage, impossible à mettre en place à l’échelle de toute la population professionnellement active. Zakaria Rbii recommande cependant de dépister massivement avant une reprise en présentiel dans les secteurs particulièrement exposés comme celui des services, de la banque, les usines de textile et de l’automobile ainsi que les grandes surfaces. ''En l’absence d’un dépistage massif de l’ensemble des collaborateurs, le meilleur moyen de se protéger et de protéger les autres reste l’application des mesures barrières.''

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