Covid-19 : Comment les organismes de prévoyance sociale peuvent soutenir les économies africaines (Finactu)

M. Ett. | Le 19/4/2020 à 12:13

Finactu, groupe de conseil spécialisé dans le continent africain, propose dans une étude des pistes pour que les compagnies d'assurance et caisses de retraites puissent soutenir les ménages, les entreprises et les Etats africains pendant la crise économique liée au Covid-19.

L’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur les économies africaines est inévitable.

Dans un tel contexte, Finactu, groupe de conseil spécialisé dans le continent africain, propose dans une étude intitulée « Coronavirus et l’Afrique : quelles mesures pour atténuer l’impact de la crise sur les économies africaines ? », quelques mesures à adopter par les pays africains pour soutenir l’économie. 

Principalement, Finactu insiste sur le fait que les gouvernements africains doivent considérer que « les caisses de prévoyance sociale peuvent être, à très court terme comme à moyen et long termes, un formidable levier politique dans la lutte contre des crises sanitaires et économiques comme celle qui nous frappe aujourd’hui ».

« À plus long terme, le renforcement de nos investisseurs institutionnels africains (compagnies d’assurance, caisses des dépôts, etc.) sera un atout précieux pour affronter les prochaines crises », ajoute l’étude. L’équipe Finactu explique que les pensions de retraites servies par les caisses de sécurité sociale ne sont pas affectées par la crise économique liée au Covid-19 puisqu’elles ne sont pas la contrepartie d’un travail immédiat et sont donc déconnectées de l’activité économique. 

« Ces prestations sociales permettent une sauvegarde du pouvoir d’achat des assurés au niveau microéconomique mais aussi, par déversement, un soutien de la demande au niveau macroéconomique ».

Les caisses de sécurité sociale peuvent constituer un soutien fondamental de l’activité économique « en étant un des relais les plus sûrs de l’irrigation des circuits de consommation », peut-on lire sur le rapport. 

Plusieurs moyens s’offrent aux caisses de prévoyance sociale : 

> Une revalorisation des pensions minimales afin d’assurer un revenu minimal aux personnes ayant subi des carrières courtes (périodes de chômage ou d’inactivité liées à un handicap ou à des maternités).

« Le moment de crise que nous vivons rend opportune une revalorisation de ces pensions, d’autant plus que la propension à dépenser immédiatement le supplément de revenu ainsi alloué aux bénéficiaires – tous modestes – est grande : l’injection dans l’économie serait donc immédiate », pense l’équipe.

> Dans le prolongement de la solution précédente, et quand la situation de la caisse le permet, il faut passer à une revalorisation globale des pensions.

> Envisager une revalorisation temporaire des seules allocations familiales pendant la durée de la crise ;

> Le soutien aux ménages pourrait passer par un assouplissement des conditions d’accès aux allocations familiales.

Les caisses de prévoyance sociale peuvent également soutenir les entreprises 

L’étude de Finactu souligne que le soutien des caisses peut également cibler les entreprises, à travers : 

> Un moratoire sur les cotisations : sous la forme par exemple d’échéanciers de paiement distincts d’une entreprise à l’autre selon son secteur d’activité et la sévérité de la crise ; ainsi, un tel moratoire peut concerner des entreprises du secteur aérien, de l’événementiel ou de la restauration par exemple ;

> L’exemption pure et simple des cotisations dues, par entreprise et par secteur pendant la période de la crise.

Les caisses peuvent soutenir directement l’Etat 

Les caisses de sécurité sociale peuvent soutenir directement l’Etat en apportant une aide au financement.

« Les caisses de Sécurité sociale sont, pour la plupart, dotées d’importantes réserves, fruits des excédents accumulés d’une année sur l’autre destinées à payer d’ici quelques années les prestations dues aux futurs assurés. S’il est difficile de généraliser le portefeuille type de titres détenus par les caisses, il est courant que celles-ci disposent d’importants montants de dépôts à terme ou autre type de placements à échéance courte donc mobilisables rapidement », explique l’étude.

Et d’ajouter : « L’absence de liquidités jouant contre les États dans la lutte contre la crise, il pourrait être envisagé que les caisses consentent à accorder aux États des prêts à taux 0% afin que ceux-ci puissent mettre en place les différents projets coûteux [nécessaires pour faire face au Covid-19, ndlr]. Cette participation pourrait s’assimiler à un emprunt d’État fait par exemple sous la forme d’une Obligation assimilable du Trésor (OAT) ».

Au vu de tous ce qui précède, Finactu conclut que cette crise est « une occasion pour mesurer le rôle formidable des investisseurs institutionnels, au premier rang desquels les caisses de Sécurité sociale, dans le soutien à l’économie face aux conséquences négatives de la crise ».

SLe confinement, une solut

Bien qu’elle soit efficace, la solution du confinement est « la plus brutale, qui apparaît à bien des égards comme totalement disproportionnée », estime l’équipe de Finactu.

Cet avis est basé sur les arguments suivants : 

- Le confinement impose une sanction à tous alors qu’il suffirait de limiter la circulation des seuls malades. Le confinement apparaît comme une mesure peut-être disproportionnée en Afrique, qui ne s’explique que par l’absence de tests. Le confinement est fait pour les pays qui n’ont pas la capacité de généraliser les tests ;

- Le confinement met tout un pays à l’arrêt. La solution du confinement a des conséquences économiques dramatiques. 

Finactu trouve alors que le confinement est une « solution de pays riches ». Cette solution aurait un grand impact sur l’économie des pays africains dont les populations comptent plus de 50% ou 60% de travailleurs informels. S’ajoute à cela que les gouvernements n’ont pas la capacité financière pour atténuer les conséquences économiques et sociales de l’arrêt de l’activité, d’après l’étude. 

Quelques pays africains « ont intelligemment africanisé le concept de confinement », indique le rapport, en optant par exemple pour l’isolement de quelques villes ou en instaurant un couvre-feu nocturne. Ces mesures peuvent atténuer un peu l’impact du Covid-19 sur l’économie des pays africains tout en limitant la propagation du virus.

Mais les pays africains doivent savoir qu’ils « ne sont pas égaux », souligne le rapport en expliquant « que moins un pays a de lits de réanimation et plus le confinement devra y être long et la crise économique forte ». 

Finactu estime que le confinement total n’est ni réaliste ni pertinent en Afrique. Le cabinet apporte alors quelques solutions alternatives : 

> Le confinement ciblé et la limitation des mouvements : cette solution permettrait de ralentir la propagation de la contagion vers la périphérie puis, des nouveaux foyers en périphérie vers des lieux encore épargnés. 

> Le dépistage : Pour cela, il est nécessaire de prendre dès à présent les mesures financières qui permettront un acheminement massif de tests lorsque ceux-ci seronts possibles.

> La généralisation du port du masque et des gestes barrières : spécialement puisque cette mesure ne nécessite pas de moyens inaccessibles.

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