Sukuk souverains: aucune émission n'est envisagée, contrairement aux précédentes annonces

Sara El Hanafi | Le 5/9/2019 à 14:53

Contactées par LeBoursier, diverses sources nous indiquent qu'aucune émission souveraine de Sukuk ne se prépare pour le moment, après diverses annonces faites par les autorités dans ce sens depuis plus d'une année. Le manque de liquidités constaté chez les banques participatives a été dissuasif.

Cela fera bientôt une année que le Trésor a effectué sa première levée de fonds via un Sukuk, une levée qui a porté sur un montant d'un milliard de dirhams. Cette première émission de Sukuk souverains a été souscrite 3,6 fois, en grande partie par des banques conventionnelles, suivies par les banques participatives.

A priori, l'émission souveraine de Sukuk de l'année dernière allait ouvrir le bal à davantage d'émissions du genre. Des chiffres comme 10 milliards de dirhams de Sukuk souverains émis sur les prochaines années , ou quatre émissions de Sukuk de plusieurs types attendues en l'espace de quelques mois, avaient insufflé une sorte d'enthousiasme quant au développement de la finance participative marocaine en général et des Sukuk en particulier, et ce dans un laps de temps assez réduit. Davantage d'émissions souveraines étaient attendues.

Cela étant, une source sûre contactée par LeBoursier nous indique qu'aucune émission souveraine de Sukuk ne se prépare pour le moment, même une année après la première émission. En cause: le manque de liquidités constaté auprès des banques participatives.

"Les Sukuk étatiques remplissent le rôle d'outil de placement pour les banques participatives qui ont des excédents, vu qu'elles n'ont pas la possibilité de placer ceux-ci dans les Bons du Trésor", explique notre source. Or, avec un encours de financements distribués s'élevant à 7,2 milliards de dirhams à fin juillet 2019, contre des dépôts totalisant quelque 2,8 milliards de dirhams sur la même période, les banques participatives se retrouvent dans une situation de manque de liquidités.

"Tant que les banques participatives n'ont pas de cash à placer, elles n'ont pas besoin de Sukuk souverains", ajoute notre source.

D'autres interlocuteurs indiquent que si le Trésor semblait enthousiaste au départ vis-à-vis des Sukuk, c'est qu'il s'attendait à des niveaux de liquidités importants chez les banques participatives: "Les objectifs avancés en termes d'émission de Sukuk souverains étaient basés sur des scénarios optimistes, où les banques participatives seraient assez liquides pour investir dans les Sukuk souverains", indique l'un de nos interlocuteurs.

Tenant compte de ces facteurs, l'Etat alimentera donc le marché en Sukuk en fonction des besoins des opérateurs. Au-delà des banques participatives en mauvaise posture en termes de liquidités actuellement, c'est l'avènement des assureurs Takaful, qui auront besoin d'instruments financiers sharia compliant pour placer leurs excédents, qui relancera probablement la machine d'émission souveraine de Sukuk.

Les Sukuk bancaires pas pour bientôt

Cela étant, il faut dire que pour les banques participatives, les Sukuk souverains remplissent un rôle bien plus important que celui de simple instrument de placement sharia compliant. Ils remplissent également le rôle de référence technique pour d'éventuelles émissions de Sukuk de la part des banques participatives elles-mêmes; les Sukuk bancaires étant un moyen indispensable pour leur refinancement.

Néanmoins, diverses sources professionnelles indiquent que les émissions de Sukuk bancaires, sous le modèle Ijara qui a déjà été lancé par l'Etat, ne se feront pas pour bientôt.

Et pour cause : les actifs titrisables sont toujours en cours de "construction" dans le bilan des jeunes banques participatives marocaines. Pour pouvoir émettre des Sukuk Ijara à l'instar de l'émission étatique, il faut disposer d'actifs tangibles conséquents qui peuvent être titrisés.

"C'est le cas pour toutes les banques participatives, qui ne sont pas encore assez matures pour émettre des Sukuk", indique notre interlocuteur.

En l'attente de Sukuk, les banques participatives se refinancent grâce à la Wakala Bil Istithmar, un contrat tamponné par le CSO qui leur permet de se refinancer auprès de leurs maisons mères, à savoir les banques conventionnelles.

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