Fintech. Pour Casa Finance City, le Maroc a encore du chemin à faire
Casablanca Finance City Authority et PwC viennent de livrer un rapport sur l'évolution des Fintech en Afrique. Selon cette étude, le Maroc semble bien préparé pour accompagner le développement de cette jeune industrie. Mais son écosystème évolue toutefois lentement, pointe le rapport.
Casablanca Finance City Authority vient de livrer, en partenariat avec PwC, un rapport sur l'essor des sociétés de Fintech en Afrique.
Le rapport, dont Le Boursier détient copie, analyse l’évolution de cette nouvelle industrie dans le continent, pointe les obstacles qui l'empêche de propsérer et recommande des solutions pour en faire le fer de lance de l'inclusion financière des populations africaines.
Pour le cas marocain, le rapport salue les efforts fournis par les institutions financières marocaines pour le développement de cet écosystème.
« Les institutions financières marocaines sont de plus en plus intéressées par les sociétés de Fintech, comme en témoignent plusieurs événements et initiatives tels que le « Fintech challenge » de la BCP, le « Smart Up Hackathon » d’AWB et le partenariat entre la Société Générale et CEED pour « l'Open Tech Challenge » », peut-on lire sur le rapport.
Le rapport rappelle qu’en 2018, la technologie d'interopérabilité requise entre les banques et les établissements de paiement a été lancée au Maroc.
Il souligne ainsi que tous les éléments constitutifs pour le développement d’un véritable écosystème de la Fintech semblent être disponibles. Toutefois, « le rythme de mise en œuvre des initiatives annoncées reste lent ».
En face, des efforts notables sont également déployés pour faire adopter une loi facilitant l’activité des plateformes de financement participatif au Maroc (crowdfunding).
Emmanuel Exposito, fondateur de Afineety, une plateforme de financement participatif, a déclaré que «le Maroc est le seul pays d'Afrique à avoir déposé un projet de loi visant la structuration juridique du financement participatif. Dans le monde entier, seuls 15 pays environ ont travaillé sur un projet de loi pour le financement participatif », souligne-t-il.
L’accès au capital au Maroc demeure toutefois un problème majeur pour les startups.
Le nombre de sociétés de capital-investissement qui financent la création des startups au Maroc est limité, relève le rapport.
Cependant, dans certains cas, certaines sociétés de capital-investissement, qui concentrent généralement leurs activités sur de gros acteurs, interviennent et investissent dans des petites start-up marocaines (exemple d'AfricInvest qui a investi dans Buzzkito alors qu’il intervient généralement sur des tickets plus gros).
En termes de financement des startups, certaines banques marocaines manifestent un intérêt pour l’achat de sociétés Fintech et/ou une collaboration avec elles. A titre d’exemple, le rapport cite l’acquisition de la BCP de la startup sénégalaise Wizall.
Parmi les obstacles auxquels l’industrie de la Fintech fait face au Maroc, le rapport souligne que la plupart des incubateurs et des accélérateurs au Maroc ne sont pas spécifiquement axés sur les sociétés de Fintech, ils sont plutôt généralistes.
Certaines pépinières sociales ont également été très actives dans l'écosystème des start-ups au Maroc, telles qu'Enactus, Espace Bidaya, DareInc et MCISE (Moroccan Center for Innovation and Social Entrepreneurship), mais encore une fois, peu de sociétés Fintech (axées sur l'inclusion financière) font partie de leurs portefeuilles.
La Fintech gagne du terrain sur le continent africain
Le nombre des sociétés de Fintech a considérablement augmenté en Afrique, atteignant plus de 300 à la fin de 2017, selon le rapport.
La majorité des sociétés Fintech en Afrique mettent l’accent sur les solutions technologiques pour le secteur monétique, et cible principalement les populations non bancarisées.
Les solutions de transfert de fonds et de paiement des opérateurs téléphoniques mobiles ont permis de faire sortir plusieurs personnes de la pauvreté en créant une véritable inclusion financière sur le continent.
A titre d’exemple, la récente réglementation au Kenya sur l'interopérabilité entre les opérateurs de téléphonie mobile a fait passer le taux d'inclusion financière de 29% à 80%.
De plus, les taux de la pénétration bancaire qui sont relativement bas en Afrique représentent une opportunité pour les sociétés de la Fintech.
‘’En Afrique, une grande partie de la population reste non bancarisée malgré une certaine évolution dans certains pays’’, souligne le rapport.
L'Afrique du Sud, le Kenya, le Ghana et le Nigéria ont enregistré les taux de pénétration bancaire les plus élevés avec 67%, 56%, 42% et 39% respectivement.
Toutefois, ces niveaux sont incomparables avec les niveaux atteints par des pays tels que l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis en 2017 (de 93% à 99%).
Certains pays ont enregistré une forte évolution de la part de la population accumulée entre 2014 et 2017. C'est le cas par exemple du Sénégal avec +18,6% de TCAC (taux de croissance annuel composé), mais nombre de ces pays ne sont toujours pas en mesure d'atteindre des niveaux globaux élevés de la pénétration bancaire. Le taux de pénétration bancaire global au Sénégal n'a atteint que 20% en 2017.
Plusieurs raisons expliquent cette faible pénétration bancaire en Afrique.
Premièrement, certaines personnes jugent les institutions financières trop éloignées. D'autres trouvent leurs services trop chers.
En conséquence, les banques sont incapables de capturer une grande partie de la population. Il est clair qu’il est nécessaire de trouver des solutions moins chères et plus adaptées, notamment des solutions qui résoudraient les obstacles logistiques ou géographiques. Les solutions de paiement mobile se multiplient avec un grand succès dans les pays africains à mesure qu'ils abordent ce problème.
Alors que de plus en plus d'abonnés à la téléphonie mobile en Afrique utilisent Internet et que les prix de vente moyens des smartphones diminuent (baisse d'environ 56% du prix de vente moyen en Afrique 2012-2017, passant de 227 à 101 USD), le taux de pénétration des smartphones devient un facteur important à considérer.
La pénétration des smartphones ouvre directement la voie à un développement encore plus important des sociétés de Fintech. En 2018, 37,9% de la population marocaine utilisait des smartphones contre 35,5% en Afrique du Sud, 29,1% en Algérie, 28% en Égypte, 24% au Ghana et 20,9% au Kenya.