Les mouvements réalisés par Mohamed El Alami sur le capital d’Aluminium du Maroc intriguent. 

Le frère de l’actuel PDG de la société était en conflit, on s’en rappelle, avec Abdelouahed El Alami (Douah) en 2017. Une lutte de pouvoir qui avait pour objectif le contrôle de la société, Mohamed El Alami estimant que la stratégie de diversification dans l’immobilier et le tourisme initiée par Douah et ses équipes avait plombé les finances groupe. 

A l’approche de l’assemblée générale des actionnaires de l’année 2019, qui se tiendra dans quelque semaines  (aucune date n’est fixée pour l’instant), Mohamed El Alami, qui agit via son véhicule Holding SARL, renforce sa position dans le tour de table d'Aluminium du Maroc en récupérant les parts de l’industriel espagnol Alucoil.

D’une part initiale de 28,59%, il monte ainsi le 2 avril à plus de 34%, détenant de facto la minorité de blocage. Une position qui lui confère un réel pouvoir au sein des instances de gouvernance de la société tangéroise. 

A l’AMMC, il déclare alors son intention de poursuivre ses achats sur le titre. Ce qui est interprété dans les couloirs du marché comme un "raid" boursier, une "tentative de putsch" contre Douah... 

Nous avons, depuis, tenté de joindre les deux frères ainsi que des membres de la famille El Alami pour comprendre le sens de ses achats, mais personne ne voulait s’exprimer sur le sujet.

Deux semaines plus tard, retournement de situation : Mohamed El Alami qui devait en principe continuer son "ramassage boursier" cède un bloc de 7.000 actions sur le marché. Il descend à 32,88%, lâchant ainsi la précieuse minorité de blocage. 

Pression des actionnaires, de la famille, ou simple volonté de faire taire les rumeurs sur sa présumée tentative de putsch ? Plusieurs versions circulent, mais tant que les principaux concernés ne se sont pas exprimés, nous ne pouvons nous avancer sur une réponse.

Une chose reste néanmoins sûre : cet aller retour, rapide et inattendu, s’est soldé avec une plus value assez conséquente pour Mohamed El Alami. 

Le 2 avril, il avait acheté via sa holding les parts de l’espagnol Alucoil à 1.600 dirhams l’action, selon l’AMMC. Il en cède le 16 avril un paquet de 7.000 titres à 2.000 dirhams l’unité, soit une plus value de 400 dirhams par titre, pour un total de 2,8 millions de dirhams. Cela représente un gain de 25% en 15 jours !

Une belle opération boursière dont les desseins stratégiques restent encore floues.