Acier. Ismail Akalay demande un renforcement du bouclier de protection gouvernemental

Le Boursier | Le 22/4/2019 à 10:10

Elu fin mars à la tête de l’Association des sidérurgistes du Maroc (ASM), le nouveau patron de Sonasid vient de signer un communiqué de presse où il défend les mesures de sauvegarde appliquées aux importations d’acier. Il demande même leur revue à la hausse, qualifiant la démarche des anti-sauvegarde de « dangereuse ».

Ce communiqué, diffusé ce lundi 22 avril dans la presse, est une réponse directe à la lettre de la fédération des métallurgistes (FIMME), envoyée début février au Chef du gouvernement et à son ministre de l’Industrie.

Dans cette missive, les industriels de la métallurgie, qui utilisent l’acier comme matière première, avaient demandé la suppression des mesures de sauvegarde et autres droits anti dumping appliqués depuis quelques années sur les importations d’acier.

L’argument principal des métallurgistes : la non compétitivité des aciéristes locaux, notamment Maghreb Steel, qui fait renchérir le coût des intrants de la filière, et plombe ainsi son activité tout en pénalisant le consommateur final. 

Dans son communiqué de presse, l’ASM, qui regroupe les producteurs marocains d’acier plat et long (Maghreb Steel, Sonsaid, Univers Acier, Riva Industries, MIS…) avance les contre arguments qui militent pour le maintien de ce bouclier de protection gouvernemental et demande même son renforcement. 

Le communiqué est signé par le nouveau président de l'association, Ismail Akalay, qui a été élu à ce poste fin mars après sa nomination en tant que DG de Sonasid. 

Comme toujours, le plaidoyer des aciéristes se basent sur trois piliers : l’alignement sur les pratiques mondiales, la protection de l’industrie nationale de l’acier et le maintien des emplois. 

Voici les arguments avancés par l’ASM dans son communiqué : 

-« Une industrie sidérurgiste forte et performante a toujours été à l’origine de l’émergence industrielle des pays. Les grands pays industrialisés mettent en place différents leviers pour préserver les unités industrielles existantes, qui se battent pour survivre et se développer dans un environnement international fortement concurrentiel ». 

-« Aujourd’hui et plus que jamais, l’industrie sidérurgiste mondiale, subit une forte pression à la suite de la décision des Etats Unis d’appliquer un droit de douane de 25% sur les importations d’acier et qui a suscité l’instauration de mesures similaires par l’Union européenne et la Turquie. Par conséquent, les équilibres des marchés de l’acier ont changé et une pression encore plus forte est exercée sur les marchés peu protégés comme le marché marocain ».

-« Le secteur sidérurgique est le secteur qui bénéficie du plus grand nombre d’instruments de défense commerciale au monde (plus de 500 mesures en 2018). Même l’UE et les USA qui disposent de complexes industriels centenaires, ont mis en place en 2018 des mesures de sauvegarde et d’autres barrières contre les importations d’acier. La fermeture de ces deux marchés, gros consommateurs d’acier, fait du marché marocain un marché de choix pour les opérateurs internationaux, mettant ainsi une très forte pression sur les prix et multipliant les tentatives de concurrence déloyale ».

-« Le niveau des exportations mondiales d’acier, engendré par les surcapacités de production, déstabilise la pérennité de la filière au Maroc et met en péril la valeur ajoutée nationale créée, les emplois et la balance commerciale du pays ». 

A la suite de cette argumentaire, l’ASM estime qu’il est fondamental que le secteur puisse opérer dans un climat d’affaires « sain, stable, équilibré et sans concurrence déloyale ». Et ce pour que le secteur puisse « prospérer et hisser vers le haut son écosystème, engendrer davantage d’emplois, développer son savoir faire et créer plus de valeur ajoutée».

« C’est pourquoi, l’ASM, regroupant tous les producteurs marocains d’acier (long et plat), affirme sa position quant à la nécessité absolue de maintenir les mesures de sauvegarde instaurées et futures, et mettre en place une taxation supplémentaire afin d’aligner le niveau de protection à celui pratiqué dans la région et le reste du monde et préserver ainsi, ses investissements, son savoir faire et ses emplois », peut on lire sur le communiqué. 

L’ASM qualifie de « dangereuse » la démarche des métallurgistes

« Alors que la majorité des pays du monde protègent leur industrie des répercussions des mesures protectionnistes des USA, au Maroc, certaines filières s’opposent aux mesures de sauvegardes instaurées et demandent même l’annulation des mesures existantes. Nous tenons à rappeler, que cette démarche est dangereuse et mettra en péril les avancées et le développement du tissu industriel marocain, ainsi que l’atout majeur dont le Maroc dispose, qui est son autonomie et les emplois qu’elle génère », tonne l’ASM dans son communiqué.

Et d’ajouter : « Défendant l’intérêt général du pays (les aciéristes ont toujours considéré que la démarche des métallurgistes relevait de purs intérêts personnels, ndlr), de l’emploi et de la souveraineté nationale, l’ASM considère que ces mesures de sauvegarde adoptées et soutenues par les pouvoirs publics, présentes et à venir, sont légitimes, servent les intérêts de l’ensemble de la filière de l’acier et contribuent pleinement au développement des écosystèmes industriels au Maroc ». 

Pour rappel, le gouvernement a instauré depuis 2014 deux types de mesures de protection sur l’acier, qui concernent essentiellement Maghreb Steel. Des mesures qui arrivent à échéance en septembre 2019 pour certaines, et jusqu'en 2021 pour d'autres.

- Des droits anti dumping sur les produits laminés à chaud :

Ils vont de 11 à 22% et ciblent exclusivement les importations en provenance d’Europe et de Turquie.

Ces droits arrivent à échéance en septembre 2019. Maghreb Steel souhaite non seulement les proroger, mais les transformer en mesure de sauvegarde qui cible toutes les origines d’importation.

C’est cette nouvelle demande qui a mobilisé les membres de la FIMME. Le laminé à chaud étant le produit le plus consommé par les mettalurgistes. 

- Une mesure de sauvegarde sur les produits laminés à froid et tôles plaquées ou revêtues.

Elle cible toutes les importations, avec l’application d’un droit ad valorem variable d’année en année (16% en 2019; 15,5% en 2020 et 15% en 2020). Des droits qui ne s’appliquent qu’au-delà d’un quota d’importation de 36 000 tonnes.

Cette protection devait expirer fin 2019, mais a été prolongée en décembre dernier par le gouvernement jusqu’en 2021. 

 

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