Agriculture : la campagne céréalière est-elle compromise ?
La campagne céréalière au Maroc est l’un des principaux déterminants de la croissance. Pour 2019, le gouvernement a bâti sa prévision de croissance de 3,2% sur la base d’une récolte de 70 millions de quintaux. Cette prévision tient-elle toujours la route avec le retard des précipations et la vague de froid qui touche le pays ? Eléments de réponses.
La récolte céréalière reste à ce jour un des principaux déterminants de la croissance du PIB. En 2015-2016, il a suffi que les précipitations baissent de 43% pour que la récolte chute à 33,5 millions de quintaux. Conséquence directe : la croissance du PIB pour 2016 a été réduite à 1,2%, contre 4,5% un an auparavant.
Avec le retard des pluies constaté en ce mois de janvier et la vague de froid qui touche toutes les régions du royaume, un remake de la saison 2015-2016 reste possible. Sauf si la pluviométrie est au rendez-vous dans les prochaines semaines, comme nous l’indique l’ingénieur agronome Abdelmoumen Guennouni.
Rien n’est encore perdu
‘’Il est un peu prématuré de parler d’une bonne ou mauvaise campagne agricole. Il faudra attendre les prochaines précipitations pour se prononcer sur l’état de la récolte. Si les précipitations reprennent, cela va bénéficier à l’ensemble des céréales et des légumineuses. Ils ont encore largement le temps pour se développer’’, explique notre expert.
La campagne dépendra donc des précipitations à venir mais aussi des travaux menés par les agriculteurs pour le traitement des terrains.
‘’Cette période coïncide avec la période de désherbage, il faut qu’il y ait un traitement des terrains par des produits contre les mauvaises herbes. Ensuite, il faut apporter des engrais, appelés engrais de couverture, qui sont à base d’azote’’, signale notre interlocuteur
Notre source pense même que la campagne céréalière a connu un bon démarrage, avec les précipitations de novembre.
Selon les données des directions régionales de l'Agriculture, l’actuelle saison agricole se déroule en effet dans de "bonnes conditions", grâce notamment aux"conditions climatiques favorables du début de la campagne".
Sur la région Casa-Settat par exemple, la pluviométrie moyenne cumulée à mi-janvier est de 194 mm, soit 42% de plus comparé à la même période 2017-2018 (136 mm).
‘’Ces précipitations ont permis à une partie des agriculteurs de procéder au semis. Ils ont semé à ce moment-là les terrains qui étaient déjà préparés’’, précise notre expert.
Par contre, les autres agriculteurs, qui n’étaient pas prêts, ont dû attendre la pluie. Ils ont donc commencé à travailler le sol après les précipitations.
‘’La première catégorie a eu une germination [le processus de développement de la plante contenue dans sa graine, ndlr] homogène et régulière précoce, contrairement à la deuxième catégorie qui a eu une germination hétérogène’’, explique-t-il en soulignant que ‘’le retard des pluies a compliqué un peu la situation’’.
Vague de froid : pas d’effet sur les céréales
Qu’en est il alors de la gelée causée par l’inhabituelle vague de froid qui traverse le pays ? Aura-t- des effets sur la récolte ?
« Non », répond Abdelmoumen Guennouni. ‘’La vague de froid n’a pas causé de problème particulier aux céréales qui résistent assez bien à ces niveaux de température’’.
Pas de quoi s’inquiéter en résumé. Malgré les retards de pluie, la campagne agricole n’est pas compromise.
La légère reprise des précipitations ces derniers jours ravive un peu les espoirs. Mais, il faudra attendre encore quelques semaines avant d’évaluer la campagne agricole 2018-2019. Au cas où la pluie ne serait pas de retour, cela va compromettre les prévisions de la loi de finances 2019. Celles de la récolte céréalière, mais aussi et surtout celle de la croissance.